Koma, scred réalité

On a commencé à apprendre le métier. Et on a créé le rap indépendant qu’auraient dû créer les IAM, NTM, ASSASSIN. Ils avaient ouvert des portes qu’ils avaient, quelque part, refermés derrière eux.

A la première mise en ligne de Down With This version numérique, Koma est le genre d’artiste qu’on a envie de faire tout de suite. Puis on se dit qu’on a le temps… mais au bout de quelques mois, l’évidence nous rattrape. Rappeur incontournable, il est le genre d’artiste qui rend attractif notre courant culturel. La justesse de ses paroles traduit avec exactitude l’atmosphère de certaines réalités auxquels s’attaquent les grands auteurs : un quartier populaire, une famille, l’immigration, la classe ouvrière, l’abandon d’une certaine jeunesse, la politique, les rapports humains… La profondeur de ses œuvres le place parmi les artistes majeurs de la chanson française tel Ferré ou Brassens offrant ainsi la comparaison avec la poésie, la vraie, celle qui fait voyager, qui a une valeur qualitative et qui nous touche. Koma est productif et enregistre des titres depuis maintenant 20 ans. Étrangement, il n’a qu’un album à son actif, « Le Réveil« , opus certifié classique dans toutes les discographies de ceux qui s’intéressent à cette musique. Nous l’avions déjà interviewé il y a 17 ans aux côtés de Fabe, son équipier de l’époque, et l’intérêt de sa présence dans cette culture nous semblait déjà évident. La France se réveillera t-elle encore un peu tard pour admettre son talent et en faire sa promotion auprès du grand public ? Parole à un maître de cérémonie hors pair.

Down With This : Barbès, ton origine emblématique, ça remonte à loin ?
Koma : J’y suis arrivé à l’âge d’un mois. Je suis né à Chambéry. C’est pour ça que j’aime bien la Juve et Evian-Thonon (rires). Mes parents sont originaires de Mostaganem, une belle ville côtière vers Oran, en Algérie. C’était les années 1970, ils arrivaient pour le boulot, les usines. Comme beaucoup, ils ont tenté leur chance en laissant des frères et des sœurs là-bas en se disant qu’ils leur enverraient des thunes. Ils se mariaient, faisaient des gosses et le rêve de retourner en Algérie commençait à s’éloigner… Petit à petit, tu t’aperçois que tes parents sont en train de vieillir et qu’ils vont mourir ici. Il y en a qui y retournent mais quand ils arrivent là-bas, ce n’est plus aussi simple. Beaucoup ne veulent plus y retourner pour y vivre car ils ont leur vie ici. Comme ma mère, elle a ses copines, ses trucs, ses habitudes en France. Moi, je n’y suis retourné qu’au mois de mai 2012, ça faisait 10 ans que je n’y étais pas allé.

Ahmed (futur Koma) 1979 © Archive Koma – Droits réservés

DWT : La Goutte d’Or te voit donc grandir et poser ton blaze sur ses murs…
Koma : J’habitais à une rue de chez Gilles – BOXER (RIP). Pour jouer au foot, on avait dessiné sur un mur les cages à la peinture et BOXER y avait fait son fameux «Z», un géant en chrome. Toute mon enfance, j’ai eu ce «Z» devant moi. On le croisait avec son chien et il nous autorisait à le promener. Sa mère était fleuriste à côté de chez nous. Donc on a baigné dans ce truc-là et j’ai commencé à faire mes premières armes dans le graffiti. Il me disait « va chercher ton sac » et on se retrouvait dans des terrains. Je n’ai pas trop taggé avec lui. J’ai juste fais deux ou trois chantiers, un local et tout le square Léon en même temps que les architectes qui le refaisaient. On a même été payé. Nos graffs avaient été mélangé à leur travail. Il y avait toute une petite équipe : BOXER, moi, JEASK, BUTCH par la suite et DENPI… RAIDEN aussi qui était à la base venu acheter des chiens à BOXER. C’est en fréquentant Gilles qu’ils se sont mis à la boxe, dans son club, le Pitbull Posse. Redouane est venu s’entraîner là aussi. Il est mort plus tard lors de son championnat du monde à Las Vegas. Il y a même eu une enquête faite pour la télé par Karl Zéro sur le trafic dans la boxe. A cette époque, tout ce milieu, c’était le graff, le sport et la musique mélangés.

Pour jouer au foot, on avait dessiné sur un mur les cages à la peinture et BOXER y avait fait dedans son fameux «Z», un géant en chrome. Toute mon enfance, j’ai eu ce «Z» devant moi. On le croisait avec son chien et il nous autorisait à le promener.

DWT : Koma est un nom paradoxal pour quelqu’un qui voulait s’affirmer… Pourquoi ce choix ?
Koma : J’avais regardé la liste des noms des mecs du graffiti à la fin du livre Spraycan Art. Certains étaient déjà pris, d’autres pas. Moi, j’aimais « Les Guerriers De La Nuit« . J’ai vu que celui que je voulais prendre, Swan (le personnage joué par Michael Beck) était déjà pris donc il fallait que j’en cherche un autre. Comme on était obligé de péta les bombes, il fallait les économiser. Il me fallait donc un nom court mais avec un équilibre : deux consonnes et deux voyelles. Deux lettres froides et deux autres chaudes. Je cherchais un truc que j’aimais visuellement, facile à enchainer et à écrire. K et M me plaisaient. Kimo, Kamo, Kima… Comme c’était des lettres pointues, il me fallait de la chaleur. J’avais opté pour le O et le A. Et c’était parti, je suis allé direct dans la rue pour le poser. Tu as eu plusieurs époques dans le tag pour trouver des noms. Il y a eu la mode des «SW», Swatch, Switch, etc… L’année d’après, c’était les «K», Kriminel, Kool Shen… Tout le monde mettait un «K» à la place du «C». Après, j’ai regardé ce que KOMA voulait dire… Et puis comme j’avais des problèmes pour aller à l’école dès le matin ou rester éveillé en cours, ça collait bien (rires).

DWT : Tu t’es donc rapidement retrouvé dans les années bouillonnantes du tag…
Koma : Ca nous a fait bouger. J’ai taggé avec HOOVER, WOLF, SKROZY, KEAD, TECHNIKO (AMA) dans nos promenades. On avait fondé un crew en 1990, les TAM, avec des mecs de partout : OENO, ADEPT des 357MP de Bobigny, SAY.B,… On se retrouvait avec trois mecs de chaque coin tout les samedis a Vincennes. Des mecs comme OENO (DJ JR Ewing), on se connait depuis plus de quinze ans. On graffait ensemble, on faisait des métros. On se retrouvait aussi à Stalingrad avec AREM, MAM, KOE, SAB, NADIA… il y avait des meufs aussi avant. On faisait un petit tour à Ticaret et au terrain vague. On regardait des mecs qui graffaient comme EROS et ARO, que j’ai connu après, dans le rap, à l’hôpital éphémère…

A gauche : Koma (1991) – A droite : Kead, Skrozy et Koma (1990)
© Archives Koma – Droits réservés

DWT : …qui était un point de rassemblement déterminant pour vous à partir de 1992-1993 ?
Koma : C’était une deuxième époque. Ce lieu a été notre génération. On y a connu les 2Bal 2Neg, Fat, Dj Maître, La Cliqua, Rocca, Chimiste, Dj Mehdi avec Différent Teep… Notre génération se retrouvait là-bas, on se voyait tout le temps, on faisait des maquettes. On était tous les jours ensemble pendant trois ou quatre ans. On a tous sorti nos disques de là-bas.

DWT : C’est à cette période que tu te diriges vers le micro…
Koma : Je m’étais intéressé au rap plus tôt, à l’époque de radio nova, avec mon petit poste sous la couverture. C’est là que j’ai vraiment commencé à en écouter, avec les émissions de Deenasty où les mecs défilaient : Assassin, NTM, Les Little, Rico, Saxo, toute la clique des rappeurs de l’époque… Un freestyle d’Assassin et NTM où ils avaient lâché des couplets de ouf qui allait devenir les textes de leurs premiers albums m’avait d’ailleurs pas mal marqué. Alors tu apprends petit à petit. Tu reçois les infos par vagues, tu découvres les mecs qui existent, le 501 Posse, après tu entends qu’il y a des trucs à Marseille, c’est qui, c’est quoi ? La K7 «Concept» d’IAM, le Soul Swing… On regardait et on faisait tourner. C’était trop chère cette rareté. C’était ça le hip hop, avoir un truc que l’autre n’a pas. Ce n’est pas comme aujourd’hui où ils ont tous la même casquette, le même style. Chacun avait son truc, avec son propre style. Moi j’étais sur Assassin, je trouvais que c’était le seul groupe «social-politique» tout le temps mais avec toujours cette vibe «graffiti rap hip hop» mélangé avec ce fond de revendications, un peu mondialiste, ce certain regard sur la société. Et comme moi, c’était le 18ème et le graffiti. Mais en dehors de ça, le rap restait du flow, de la jonglerie verbale. C’était marrant, c’était bien cette poésie rythmique mais on était pas encore dans le cœur du sujet social. Il y avait « Le Monde De Demain » de NTM en 1990 qui avait survolé un peu mais l’ensemble du hip hop français se cherchait. On était sur du jeu de mot, du sample jazz. On sortait de Jungle Brothers, de De La Soul, de Public Enemy et l’afro centrisme avec toute cette vague de mecs en France qui se cherchaient avec des coupes de cheveux de dingue. Il y avait beaucoup cette espèce de décalquage de ce qui se passait aux États Unis.

DWT : Tu nous avais d’ailleurs expliqué lors d’une première interview en 1996 que ce côté décalcomanie n’était justement pas trop ton verre de thé (voir interview de Koma 1996 dans la rubrique archives)…
Koma : On ne s’habillait pas comme eux, ni comme les allemands ou les espagnols. Les américains aimaient les trucs larges alors que nous, c’était les 501, jeans serrés… J’étais en Stan Smith, avec un Fly Jacket ou une doudoune Chevignon, un biper… Je tenais à mon style français.

DWT : C’est d’ailleurs avec un morceau-fiction d’IAM, «L’aimant», traitant de problématiques avec cette «identité française» que tu accrocheras réellement au rap…
Koma : Avec ce morceau, je trouvais qu’on avait passé un cap dans le rap. Ca nous ressemblait vraiment. Mais le tout premier texte que j’ai rappé, c’était un couplet d’Assassin devant des copains où là, une meuf que je connaissais et qui m’avait laissé faire tout le couplet, me dis à la fin devant tout le monde : «Hey, mais c’est pas de toi, c’est Assassin, je l’ai entendu sur radio Nova !». Je croyais qu’il n’y avait que moi qui écoutais et connaissais cette radio. (rires) Première et dernière fois ! Et de là, j’ai commencé à écrire des trucs. Mon premier thème, c’était sur l’Amérique… Je voulais déjà affirmer mon identité ! (il se souvient et se met à rapper) «Super production qui te rentre dans la tête net, comme un 9mm, peut être, même si ça te rend bête. Hypnosé par toutes leurs série télé qui racontent la même chose. Pour toi et toute la compagnie, mes héros ne sont plus les mêmes…» Et je ne sais plus quoi. J’étais déjà dans une critique de la télé parce que moi, je suis un enfant de la télévision. C’était ma baby Sitter. (rires)

On a commencé à apprendre le métier. Et on a créé le rap indépendant qu’auraient dû créer les IAM, NTM, ASSASSIN. Ils avaient ouvert des portes qu’ils avaient, quelque part, refermés derrière eux.

DWT : Tu évoquais tout à l’heure L’hopital éphémère. Tu y découvres que les MC’s sont beaucoup dans le système de l’autoproduction. C’est ce qui permettra à toute une nouvelle scène d’émerger. Tu te projettes alors dans la même démarche ?
Koma : Je me disais qu’il fallait que je sorte mon premier maxi et je me renseignais sur cette méthode d’autoproduction. Le disque «Conçu Pour Durer» de La Cliqua a ouvert le bal : premier disque de rap indépendant, après le premier maxi de Daddy Lord C et La cliqua «Les Jaloux». J’apprends que ça se fait avec un distributeur, le label Night & Day de Patrick Colléony. On l’a tous appelé et ils nous a tous distribués. On a commencé à apprendre le métier. Et on a créé le rap indépendant qu’auraient dû créer les IAM, NTM, ASSASSIN. Ils avaient ouvert des portes qu’ils avaient, quelque part, refermés derrière eux. Ils n’avait pas monté de label à ce moment là. Je rêvais d’être produit par Assassin prod mais ils ne produisaient qu’eux. Ils ne sont jamais descendus de leur perchoir pour voir ce qu’il se passait en bas, à Barbès. Squat, c’est un mec que j’aime bien, que j’ai aimé artistiquement. Aujourd’hui je suis en contact avec lui de temps en temps. Assassin c’est mythique pour moi mais à un moment donné, quand tu as lancé un mouvement et que tu es à la pointe du truc, que tu as de nouveaux gars, surtout de ton quartier, il faut s’y intéresser. Moi je reste attentif aux nouveaux groupes du 18ème qui rappent, Barbès Clan, Georgio, Hugo TSR… Toujours attentif à ce qui se fait, et deux fois plus à ce qui se passe dans mon quartier ! C’est important. Pas comme ce que les gars d’avant on fait avec nous : pas calculé, pas un freestyle, pas de mise en avant. Eux, ils étaient dans leur délire, affiliés au 93 NTM machin. Je ne parle pas du 18ème d’en haut, je parle de celui d’en bas, le Mexique. Pas la Californie des Abbesses. Le vrai mouvement qu’il y avait là-bas c’était les graffiteurs, les Fist, les Yougo après ça il n’y a pas vraiment eu d’autre truc à part Assassin dans le 18. Il n’y a rien eu autour d’eux, aucuns  jeunes, sans même chercher à savoir ceux qui s’y trouvaient. Si tu demandes maintenant le groupe mythique du 18ème, les gens te diront la Scred. Demain on te dira peut être quelqu’un d’autre mais aujourd’hui c’est La Scred parce qu’on a suivi une lignée, « La Formule Secrète » ça a donné un diapason. Une note a suivre, un état d’esprit que nous, on fait perdurer.

DWT : Fabe occupera une grande place à tes côtés de rappeur. Quelle est l’origine de ce «duo» ? (voir la carte blanche au photographe Alain Garnier)
Koma : Je suis dans le graffiti à fond la caisse. Un jour, Boxer me dit : «voilà je fais un atelier rue Léon, je vais ouvrir un petit local. On va pouvoir faire des choses là-bas». Je commence à y aller tout le temps. Je squatte avec Boxer et deux, trois gars et un mec vient nous demander : «je peux venir avec vous ? Vas y t’es qui toi ? Je m’appelle Butch, je suis dans le graff ! Ah ouais, je connais, c’est répertorié à l’ATP, c’est bon, bienvenue !» Il vient toutes les semaines et je deviens pote avec lui. Il m’apprend qu’il va déménager rue Myrha avec sa mère donc là, on commence à se fréquenter encore plus. Il me dit qu’il a un pote qui rappe aussi, Fabe, qui habite a Gentilly. Fabe passait le voir de temps en temps. Moi, je tague, je graffe et je commence aussi à rapper. Je faisais mes cassettes, des maquettes avec DJ Kead et Techniko. On commençait à se lancer. C’est Butch qui a fait la transition entre moi et Fabe. Mais j’avais déjà rencontré Fabe dans une soirée avec les SLEO et les Sages Po’ un jour de l’an. On s’était incrusté dans une soirée avec mon Dj. J’avais rappé deux, trois couplets. On ne se connaissait même pas « Salut, tu t’appelles comment ? Je m’appelle Fabe, c’est mes potes, SLEO, qui m’ont incrusté et toi ? Koma, j’habite le quartier ». C’était au Lavoir Moderne vers 1991. Les Sages Po avaient rappé «La rue, la Rue», les SLEO «Histoires d’argent» avec Fabe en guest. C’était pas encore sorti. (édité par la suite sur «Cool Sessions 1» par Jimmy Jay).

DWT : L’emménagement de Fabe dans le 18ème jouera également un rôle déterminant pour la suite…
Koma : Un jour comme d’habitude, j’étais à vendre mon shit dans ma rue Léon. Et Fabe passe : «ouais salut, tu te rappelles de moi, on s’est vu chez Butch ? J’ai eu mon appart, je vis là maintenant. Faudra que tu passe un de ces quatres». Il prenait son métro à Château Rouge ou Barbès et il redescendait comme ça. Moi j’étais avec ma petite clique au café, ma jeunesse quoi. Je faisais mon pognon, avec un peu de livraison de pizza, des trucs comme ça.

Un jour comme d’habitude, j’étais à vendre mon shit dans ma rue Léon. Et Fabe passe : «ouais salut, tu te rappelles de moi, on s’est vu chez Butch ? »

Il savait que je rappais et je savais que lui aussi. Je suis passé chez lui avec mes maquettes pour lui faire écouter et j’avais écouté les siennes. Il était beaucoup plus avancé que moi. Mais on s’est retrouvés dans le rap et de là, il m’a proposé de venir avec lui dans des radios, il m’a présenté ses copains, les SLEO. Il y avait une sorte de compétition entre eux quand même. Fabe avait sorti en premier son maxi. SLEO l’avait pris sous son aile. Unik Records cherchait à signer des indés. Texaco avait envoyé leur maquette et avait glissé aussi celle de Fabe. Finalement, Unik Records avaient pris la décision de ne plus signer les SLEO mais de proposer un contrat à Fabe. C’est ainsi qu’ils sortent son premier maxi et son premier album. Fabe était productif, il écrivait vite. Donc là, déjà, tu sens que le mec commence à vouloir prendre son envol et sortir de l’ombre des SLEO. S’étant installé dans le 18ème, il voit moins les SLEO qui étaient sur Gentilly avec la Longue Posse. On commence à se voir souvent avec Butch, donc on commence à créer notre petit truc. On a cette passion commune qui nous lie. Dans le quartier, il ne connaissait personne à la base. Je lui ai fait rencontrer des mecs comme Morad, Mehdi L’Affranchi. DJ Kead venait aussi de s’installer à Barbés avec son matos, juste dans la rue à Morad. On commence donc à créer un cercle comme ça. Morad était moins régulier. Moi, je venais du mouvement hip hop, je faisais du graffiti. Eux n’avait pas cette culture, ils n’avaient pas le même lien avec ça.

DWT : Comment vivez-vous la sortie de son premier maxi ?
Koma : J’étais content. Il n’y avait pas beaucoup de maxis sortis a l’époque. Moi, je n’étais pas prêt du tout.

DWT : Ce n’est pas un peu paradoxal d’habiter vers rue Léon, rue Myrha, square Léon et d’arriver avec « Je n’aime pas la pluie » ?
Koma : Il faut faire la différence. Il y a ce que tu es, ce que tu as pu faire, ce que tu peux faire et le message que tu as envie de délivrer. On n’est pas des anges, on a tous fait des erreurs. Il faut écouter le premier album de Fabe, «Befa surprend ses frères», pour comprendre qu’il n’était dans ce rap à formule. Son premier album n’a rien de social. Il ne parle pas de président, ni de la France. Il ne parle pas d’immigration, ni de tout ces sujets là. Tout ça arrive après qu’il nous ai fréquenté. Je sors « Tout est calculé« , j’ai un discours «le beur qu’on ne met pas sur tes tartines» etc… Fabe écoutait du rap cool, jazzy, A Tribe Called Quest, De La Soul, Common Sense. Il aimait Roy Ayers, c’était une autre école. Ma mère ne sait ni lire, ni écrire donc je me suis retrouvé à manipuler les mots dans un autre contexte… Et surtout, j’avais ce côté revendicatif et politique que j’avais pris justement chez Assassin et NTM où il fallait parler d’une réalité.

DWT : Au fil de ces relations, c’est ainsi que «Le complot des bas-fonds», collectif composé par Fabe, SLEO, Lady Laistee et toi voit le jour ?
Koma : Il faut comprendre que tout ça, c’est des amis d’amis, que Ko des SLEO sortait avec Lady Laistee donc elle faisait souvent les plateaux avec nous, il y avait à cette époque les « Histoires d’Elles » aussi et le cousin a Bozy, Sérigne, Bobo des Bo Prophète.. De la ça te ramène Patrick de L.S.O. SLEO avait cette envie de crew. Moi je n’avais rien décidé, j’ai été intégré là dedans. Il n’y avait pas de stratégie, ça s’est fait naturellement. On se voyait en studio. Fabe nous avait invité sur un morceau « Passe moi le Mic« . On s’est dit «on le signe sous quel nom ? On met le nom de tout le monde ? Non, on vient de trouver un nom, Le Complot des Bas Fonds». Et c’était parti. C’était des gens qui marchaient un peu ensemble à l’époque.

DWT : Ce «Complot» s’est vite dissous pourtant…
Koma : Oui parce que c’est important d’habiter un même quartier. Moi je suis un mec du nord. Eux, c’était Paris sud, de l’autre côté de la Seine. Je n’allais pas les voir à part de temps en temps sur Gentilly mais rien que le trajet me saoulait grave. Il faut bien différencier un ami que tu vois tous les jours, avec qui tu manges des patates ou avec qui tu vas au jour de l’an et des gars que tu vois de temps en temps. On se voyait s’il y avait un rendez-vous général et ça s’arrêtait à ça. Tous les crews casting comme La Brigade, La Cliqua, avec un mec de là et puis un autre de là-bas, ça ne dure pas. Et il y a aussi le fait que SLEO arrive sur son deuxième album en commençant à mettre des tenues militaires. Donc il y a toute cette influence Boot Camp Clik, Smith & Wesson. Et moi, à un moment donné, je ne peux pas marcher dans la rue avec des mecs qui ont un treillis militaire et un chapeau que tu mets dans le désert. Surtout que je suis toujours resté dans mes vrais trucs, des trucs de grands frères, Nastase, Stan Smith et tout.

DWT : Il est vrai que les thématiques que vous alliez aborder avec Fabe étaient un peu moins légères…
Koma : Avant, c’était : « les renois faites du rap et les rebeus, c’était la funk ». Il y a eu longtemps cette vision. Si tu faisais du rap, c’est que tu te prenais pour un renoi. T’étais un Zoulou. J’aimais cette culture, ce mélange des deux mais je voulais rester un gars de quartier. Bien que c’est Ko des SLEO qui m’a appris à tenir un micro sur scène, à un moment, j’ai demandé à Fabe de dire à ses copains d’arrêter. Lui aussi était d’accord, il était sobre dans son style. On grandissait, on ne voulait pas être des caricatures. On disait des choses dans nos rap et les mecs qui marchaient avec nous faisaient le contraire ou les pantins dans leurs flows avec le peu de contenu qu’il y avait dans leur rap. Ca faisait beaucoup. J’étais déjà dans « Tout est calculé », « Une époque de fou », « La vie de quartier ». Fabe commençait à se retrouver là-dedans. Il fait l’album « Le fond la forme » et là, on rentre dans des sujets sérieux. Il parle de la France, de ses origines, de ses influences. On rentre dans le Fabe social et politisé. Le quartier, l’observation… Il commence à avoir une conscience politique avec des phases du genre : « Je ne suis pas le noir que tu mettras dans ta pub Banania ». On sentait qu’on devenait revendicatif.

On grandissait, on ne voulait pas être des caricatures. On disait des choses dans nos rap et les mecs qui marchaient avec nous faisaient le contraire.

DWT : Sans le savoir, la fin du Complot des Bas-fonds allait ouvrir la voie, cette fois, à un collectif bien plus consistant et emblématique…
Koma : Avec la Scred, qu’on le veuille ou non, on est amené à vivre ensemble. Contrairement à beaucoup de groupe, on est tous du même quartier. Haroun, Mokless, Morad, on a tous été dans le même collège, Georges Clemenceau, à Barbès. Je connais leur grands frères, leurs soeurs comme celle d’Haroun avec qui j’ai passé le BAFA. On est des familles qui se connaissent. Je me souviens en 1992, de Mokless et Driss qui avait fait une sorte de spectacle de fin d’année au collège avec un t-shirt DMBG (Driss Mokless Beaux Gosses) fait par Boxer à l’aérographe (rires). Tout ça, c’est le quartier. Au tout début, Scred vient de mon signal dans le tag pour ne pas se faire repérer : «scredi, scredi». Je l’avais raccourci par «scred» et rajouté «production» pour ne pas envoyer aux radios mon maxi avec juste écrit Koma dessus. Stofkry avait mis aussi un peu de thune. C’était à l’époque où je voyais «Arsenal Production présente». En 1998, Cut Killer nous propose de participer à sa compilation « Opération Freestyle » dont le but était que des rappeurs confirmés ramènent des rappeurs qui le sont moins et issus de leur coin. Morad était bancal, pas toujours motivé, il avait encore un pied dans la rue alors on a présenté Mokless et Haroun à qui j’avais déjà pris une prod. Il avait préparé un 16 mesures qui déchirait. Je reprends alors «Scred» du nom de notre prod et «connexion» parce que nous étions quatre rappeurs solo à se connecter sur un même morceau. On achète un fax, qu’on met chez Fabe au cas où ça téléphone pour des mixtapes, on ne sait jamais. De là, on commence à nous appeler pour nous booker sur des dates. La Scred Connexion était lancée. Au début, c’est un surtout un groupe de la Goutte d’Or. On est devenu un groupe du 18ème, puis de Paris. Maintenant, la Scred est un vrai groupe français même européen. Il y a les Suisses et les belges qui sont avec nous. Les maghrébins, Maroc, Algérie, Tunisie sont aussi avec nous. Les Doms, Pointe À Pitre, La Réunion et aussi les pays africains. On a été à Dakar, Sénégal, Abidjan, Cote d’Ivoire. On est devenus international. La Scred, c’est un message, il y a des gens qui se reconnaissent de partout. Ce n’est pas une histoire de communauté. Les gens se retrouvent autour de certaines valeurs et notre amour du hip hop. On nous a souvent comparés à La Rumeur, par exemple, qui n’est que politique alors que nous, c’est social et quartier. On est moins politique parce qu’on est plus métaphorique qu’eux, plus poétique, plus sur la formule. Mais à la fois, on a ce côté politique alors qu’eux n’ont que ça. Il y a une différence. Donc lorsqu’on faisait des concerts dans des quartiers, on sentait que ça étonnait les gens.

DWT : Vos textes sont tous empreints d’une certaine réalité, parfois très dure et certainement liée à votre environnement, mais toujours avec une sorte de retenue dans l’écriture…
Koma : Notre slogan « Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction » est là pour tirer les gars vers le haut et ne pas envoyer les petits dans le mur. J’en ai fait plus de la moitié que ceux qui se disent « gangster ». Je ne veux pas en parler dans mes textes, ce n’est pas ça le but du jeu. Ceux qui n’ont pas connu ce que c’est qu’un frère qui meurt d’une overdose avec un garrot autour du bras, l’ambiance des crises d’épilepsie dans les chiottes à quatre heures du matin avec les pompiers ou un père et un frère qui se bagarrent et les voisins qui appellent les keufs peuvent fabuler en disant  « Je vends de la coke, de la 0.9, c’est chanmé ! ». Mais si tu as vraiment connu ces choses là, tu ne peux pas en faire l’apologie.
Il faut du recul. On est dans une forme de poésie. Le rap, c’est une forme d’épreuve de rattrapage. Le but n’est pas de transmettre le venin au autres. Il faut plutôt arrêter l’hémorragie. Koma, c’est tout ce qu’il y a de bien en moi. Ahmed, c’est autre chose. C’est une schizophrénie contrôlée. Tu passes d’un wagon à l’autre. Tu ne parles pas de la même manière à ta femme qu’à tes copains… La vérité n’est pas là pour faire des heureux. Elle est juste là pour être vraie. Elle n’est pas partisane. A chacun son expérience.

La vérité n’est pas là pour faire des heureux. Elle est juste là pour être vraie. Elle n’est pas partisane. A chacun son expérience.

DWT : Malgré cette avancée en groupe, tu entreprends une démarche en solo. Arrive donc ta signature chez BMG, en 1998, sur impulsion de Fabe…
Koma : Non, non. La réalité des choses c’est que sur le tournage du clip de Fabe « Des Durs, Des Boss, Des Donbis », j’ai un bon feeling avec la maquilleuse, qui était également la meuf du réalisateur, Bandit. Elle m’indique qu’elle fait aussi du management d’artiste et me présente à une de ses relations, une fille qui travaillait à BMG. Cette personne est venue me voir en concert et de là, elle m’avait signé en édition. Puis on a sorti l’album «Le Réveil». C’était l’époque où elle a signé à la chaîne Saïan Supa Crew, Diams, moi et une tripotée d’artistes qui ont fait des concerts pendant un an.

DWT : Tu signes pour combien d’album ?
Koma : Deux.

DWT : Et ça s’arrête au bout de un…
Koma : Non. J’ai pris deux avances. La deuxième, je l’ai transféré sur « Du mal à se confier ». Je leur ai pris leur argent mais ils n’étaient pas éditeur de Scred Connexion. Je leur ai fait un petit passement de jambes.

DWT : Ta collaboration avec Fabe finit par s’arrêter nette…
Koma : Fabe s’est barré en prenant un avion pour le Canada et il les a tous laissés dans la merde sans signer les contrats : Cut Killer, BMG, etc. Ils n’ont jamais pu déposer ses derniers morceaux. Il les a appelé de l’avion : « Allo, BMG, je suis dans l’avion, je me casse au Canada« . Il a tout plié. Eux : « Mais qu’est ce qu’on fait des contrats ?« . Il a laissé tout le monde en rade, c’est un choix. Il voulait peut être les mettre dans la merde. Une sorte de vengeance.

Fabe s’est barré en prenant un avion pour le Canada et il les a tous laissés dans la merde sans signer les contrats : Cut Killer, BMG, etc. Ils n’ont jamais pu déposer ses derniers morceaux.

DWT : Tu savais qu’il avait pour projet de quitter le France ?
Koma : Il m’avait prévenu. J’ai récupéré mes parts, tous les disques et je suis devenu producteur indépendant. Je lui ai dit qu’on allait monter Scred Production et qu’on allait sortir «Scred Sélection». Il m’a dit ok pas de problème. Je suis allé chez lui et on a tout partagé en deux. Et avec ma part, j’ai tout relancé. Les autres trucs, ce n’est pas mes éditions, j’en ai rien a foutre. Aujourd’hui, quand Cut Killer dit nanani nanana, ce n’est pas mon problème. C’était lui son producteur.

DWT : Vous vous êtes retrouvés au cœur de lutte militante à plusieurs reprises, notamment aux côtés du MIB (Mouvement de l’Immigration et des Banlieues). Le rap se doit de répondre présent sur ce terrain ?
Koma : J’ai toujours soutenu. Nous sommes engagés, ils sont militants. On est là pour dire des choses, pour les exposer en public. C’est complémentaire avec leur présence sur le terrain. Nous avons fait des concerts à la demande de famille, comme à Bourges à la suite d’un crime policier. On a fait un concert dans un hôpital pour des petits, un autre au Petit Bard, dans un quartier dévasté de Montpellier. Ce sont des moments qui te marquent. On a envie de toucher ce public et on fait des morceaux pour eux comme «Justice pour tous». Ce genre d’initiative est maintenant difficile à monter de nos jours.

DWT : Quel regard portes-tu sur la mutation boboïsante du 18ème ?
Koma : C’est de la stratégie. Il y a quelques années, dans un bar, l’Olympic, était affiché une interview du gérant, propriétaire également du Lavoir Moderne. Tout le monde passait devant sans la lire. Moi je l’ai lu. Il y expliquait qu’il fallait racheter les commerces du quartier pour « reblanchir » le quartier. Il estimait qu’on avait colonisé le quartier et sont dans cette logique que les secteurs de Belleville, Ménilmontant, Barbès, rue Léon, rue de la Goute D’Or sont trop colorés…  L’esprit est mauvais à la base. Le jour où j’en ai parlé, ils ont retiré cette affiche. Leur stratégie est de mettre un mec du quartier comme videur ou au bar pour ne pas se faire agresser. Derrière, ils font des teufs, des concerts et ils ramènent une population bobo qui avait peur de venir. Une fois qu’ils ont plusieurs lieux, ils te créent un tissu associatif et tout fini par leur appartenir. Ils te la font à la bonne conscience, bon enfant mais la réalité des choses, c’est du nettoyage. Ça vient de la mairie et de ses instances. C’est une réalité.

DWT : En 2005, à Cannes, tu as vécu avec Mokless un moment que vous avez qualifié d’inoubliable. Parle-nous de ce jour où vous avez interprété «La Bohème» devant le grand Aznavour sur le plateau du « Grand Journal » de Canal…
Koma : C’est un copain à moi, Karim, qui avait fait le film «Old School», il y a dix ans, à l’arrache et en indépendant. Il était parti sur un deuxième film «Ennemis publics». Aznavour est venu gratuitement sur son film pendant 6 jours. De là, on s’est rencontré, j’allais souvent sur le plateau, voir mes potes et tout. Karim me dit de l’accompagner à Cannes pour présenter son film, on descend à l’arrache et à l’arrache, il fait tomber le plan du «Grand journal» avec Aznavour… Puis on se retrouve à faire un concert avec TPS sans attaché de presse, sans maisons de disques, sans rien. C’est une aventure. Un jour tu dors sur la plage, un jour tu dors au Negresco…

On n’est pas des gratteurs. Nous, on construit une histoire. Et une histoire, elle se construit dans le feu.

DWT : Toujours ce côté «à l’arrache» bien que vous soyez entiers dans votre démarche. Pourquoi selon toi ?
Koma : Parce qu’on aime ça. Si je voulais, j’irai me caler chez une meuf qui me produirai, qui me dirai qu’elle kiffe ce qu’on fait, et machin truc; On n’est pas comme ça nous. On n’est pas des gratteurs. Nous, on construit une histoire. Et une histoire, elle se construit dans le feu. Par exemple, pour mon deuxième album, je suis parti voir des distributeurs. Il y en a un qui m’a demandé ce que je faisais, je lui ai dit : des classiques, des morceaux suicidaires ! Je ne fais pas des singles ou des tubes. C’est là qu’il me dit «c’est ce que je voulais entendre !». Aujourd’hui, il y en a qui ont compris. Et il y en a d’autres qui ne veulent pas ça et qui te diront «nan, excuse-moi, mets toi sur le técô, il est où le tube ?». Il y a plusieurs manière de travailler.
On doit être un groupe qui vend le plus de disques en indépendant, un des groupes qui fait le plus de concerts en indépendant. On a un vrai public qui nous suit. On a créé une connivence avec lui. J’ai pas besoin de considération des Olivier Cachin qui ne nous cite pas, qui écrit des livres et qui ne parle pas de la Scred ou de la considération de média comme Fred Musa ou de machin qui ne nous cite pas…

DWT : …en 2013, il serait quand même temps !
Koma : J’en ai rien à foutre, c’est eux qui n’existent pas. On parlait d’Aznavour ? Il y a des mecs qui disaient qu’il était trop petit pour un chanteur… Je ne suis ni sur une recherche de la gloire ou de l’argent. Je suis dans une démarche d’auteur. Moi j’ai jeté mes bouteilles à la mer et elles sont arrivés là où elles devaient arrivé.

DWT : Parle-nous de cette nouvelle bouteille que tu t’apprêtes à jeter, ce nouvel album…
Koma : Dans mon premier album, «Le Réveil», j’étais beaucoup sur la société, sur l’extérieur. Maintenant, j’ai envie de rentrer à l’intérieur, d’axer sur l’humain. On a grandi, on paie des factures, il y en a qui ont maintenant des enfants. Il y a eu des hauts et des bas. On a des attentes et une certaine une vision du monde. Ca parlera de ça.

DWT : En tant que producteur, crois-tu encore à des supports comme le vinyl ou le CD ?
Koma : Il y aura tout le temps du vinyl. Les CD aussi mais avec du packaging. Ce qui avait niqué le marché du vinyl français à une période, c’est que les mecs ne faisaient plus d’effort : ils pressaient, prenaient une pochette noire et mettaient un autocollant dessus. Par économie, les mecs ne faisaient plus de belles pochettes. Et de là, les DJ’s n’ont plus suivi. Une pochette noire… Quand t’en as dix, ça t’a saoulé.

DWT : L’autoproduction reste encore votre choix aujourd’hui…
Koma : Il y a assez d’un public de 300 ou 400 000 personnes qui aime le rap conscient pour faire notre chemin…

La musique correspond à des choses fortes qui restent et qui marquent des moments de ta vie.

DWT : Rencontrer son public est d’ailleurs un élément clé pour la Scred…
Koma : On a un grand public.  Il y a toute une génération, celles des grands frères ou des mecs du quartier, qui a transmis à la génération suivante.  C’est comme ça, il y a des groupes qui se transmettent et d’autres non. Et nous, nous faisons partie des groupes qui se transmettent. Il y a ce truc aujourd’hui qui fait que quand on fait un concert, il y a tous les anciens au fond et les jeunes devant de 20/25 ans qui connaissent le truc par coeur. En plus, maintenant avec les Keny Arkana, les Diam’s, tu as le public féminin qu’il n’y avait pas il y a 10/12 ans. Ces concerts permettent de faire des rencontres, avec de vrais histoires, des instants forts. La musique correspond à des choses fortes qui restent et qui marquent des moments de ta vie.

DWT : Quel est le concert qui t’as le plus marqué dans ton parcours ?
Koma : Celui où la première fois de ma vie je suis monté sur scène : le concert «t’as pas cent balles» à l’Elysée Montmartre vers le début des années 1990. Après, il y a des concerts que j’ai aimé et qui ont eu lieu un peu partout comme à Dakar où mon micro s’était cassé pendant «Loin des rêves» : j’avais continué a capella et tout le public avait repris le morceau ! C’était dans une fête l’après-midi. On pensait que les mecs ne nous connaissaient pas mais ce morceau était en fait l’hymne de leur quartier !