Aller au contenu

Assassin et son histoire vu par Solo

Il y a quelque chose qu’on ne peut pas enlever, c’est que ce groupe fait partie de mon histoire. C’est aussi une manière de passer l’éponge sur les côtés conflictuels et de démontrer que ce groupe a beaucoup apporté.

DWT : Quand est-ce que tu rentres dans les rangs ?
Solo : J’avais vu sur TF1 un sujet sur la tournée « New York City Rap Tour » en France dans l’émission « Mégahertz » d’Alain Maneval, qui avait diffusé des images incroyables de la venue à Paris en 1982 d’Afrika Bambaataa avec Fab 5 Freddy, DST, le Rock Steady Crew, Mister Freeze, les Double Dutch girls, Futura, Rammellzee,  etc…  C’est là que j’ai tout découvert. Je n’y étais pas allé car j’étais un reurti, banlieusard et danseur de kyfun… J’étais déjà dans Kurtis Blow, mais pour moi c’était de la funk et pas du rap. J’avais essayé de danser à la minute même après cette émission, j’avais tout poussé chez moi pour tester mais il m’avait fallu encore six mois pour que je comprenne vraiment ce que c’était. Et c’est grâce à « Flashdance » en 1982 ou 1983 que je comprends clairement ce que c’est et que je me prends LA quecla… Et c’est là que tout a démarré pour moi : les gants blancs, etc…

J’ai quatorze ou quinze ans, je vois des mecs depuis deux ou trois ans qui prennent de la dope, certains font des overdose et d’autres qui passent leur temps en maison de correction ou en prison pour les plus grands. C’est la casse.

DWT : Tu vivais à Anthony (92) à l’époque. Beaucoup avaient vu la lumière comme toi en 1983 dans ton quartier ?
Solo : J’étais le seul. Pour mes potes, c’était uniquement l’oseille qui comptait. En allant faire mes affaires de reurti sur Paris, moi qui était habitué à voir des skates tout pourris, je vois des mecs sur des super skates et là, je me rends compte qu’il existe d’autres choses… Et je me dis que c’est quand même plus cool que de passer son temps à se faire courser par les flics… J’ai quatorze ou quinze ans, je vois des mecs depuis deux ou trois ans qui prennent de la dope, certains font des overdose et d’autres qui passent leur temps en maison de correction ou en prison pour les plus grands. C’est la casse. Je m’interroge sur mon cheminement et comment ça va se finir : soit je vais être un super braqueur, soit je passerai mon temps à cambrioler les gens, soit je finirai toxico ou charclo. Il n’y avait même pas l’espoir du travail, ni en réalité, ni en rêve… Je choisis d’accrocher à ce truc super nouveau et frais, qui n’est pas dans une optique négative et surtout qui est… FUN !! Je suis interpellé par ces gens qui utilisent l’espace public pour pratiquer des activités d’une manière qui m’était jusqu’à lors inconnue. C’est surtout d’autres mecs qui dansaient à Montparnasse devant les miroirs de la tour, qui vont vraiment m’interpeller. Au début, j’y vais pour voir et comprendre un peu plus, de mes yeux, ce qui ressemblait à ce que j’avais vu à la télé. Moi qui cours partout, joue au foot et danse tout le temps, j’accroche réellement et je finis par les rencontrer.

DWT : …Tu en arrives par occuper la place de danseur officiel dans l’émission « H.I.P. H.O.P. » présenté par Sydney sur TF1 en 1984 au sein des Paris City Breakers (PCB). Comment t’es tu retrouvé à former ce crew avec les deux autres danseurs ?
Solo : Ca s’est fait au travers d’une rencontre avec Scalp au Trocadéro. Scalp est le petit frère de la fiancée de l’époque (Candy) de Sydney, il cherchait un autre danseur pour un direct dans une émission de variété (« Atout cœur » de Patrick Sabatier). Scalp et Franck le breaker fou avaient décidé, sous l’impulsion de Sydney, de fonder les PCB en référence aux New York City Breakers. J’ai été intégré au groupe et les choses se sont enchainées pour moi.

Je choisis d’accrocher à ce truc super nouveau et frais, qui n’est pas dans une optique négative et surtout qui est… FUN !!

DWT : Sur quelles bases cette émission a t-elle été montée ?
Solo : Marie-France Brière était directrice des programmes de Radio 7 (Radio France) où Sydney avait une émission de radio quotidienne ou hebdomadaire, je ne sais plus, dans laquelle il jouait de la funk, de l’électro-funk et du Rap. Brière était témoin de l’engouement des jeunes pour ces nouvelles musiques car à chaque fois que Sydney invitait un artiste américain à la radio, il y avait un envahissement du hall d’entrée de Radio France. Bien que ce hall soit immense, tu ne pouvais même plus y rentrer. Des mômes dansaient partout, un joyeux bordel sans histoires, tous étaient là juste pour participer. La radio n’avait jamais connu d’envahissement avant Sydney. Voyant cela et passant directrice des programmes variétés de  TF1, Marie-France Brière décide en 1984 d’accorder un créneau horaire à Sydney pour animer la première émission de télé du monde consacrée au hip hop. Tout d’un coup, petit renoi de banlieue que j’étais, je me retrouve à la télé alors qu’on me considérait comme un cancre notoire ou une espèce de relou de service. Les gens qui me regardaient à moitié se mettent à me regarder vraiment. et tout ce qui était du domaine du rêve, limite inconcevable, devient réalisable…

DWT : La déprogrammation de cette émission a t-elle été vécu comme un arrêt brutal vu l’effervescence qu’elle avait provoqué dans votre quotidien ?
Solo : C’était une dure réalité mais c’est ce qui a permis de tester notre détermination et de connaître réellement nos motivations : s’agissait-il juste des mêmes motivations que ceux qui avaient mis cette émission en place, à savoir une passade, où s’agissait-il d’une passion qui avait laissé une trace ?  Pour nous c’était une graine qui avait été semée, qu’il fallait arroser, aider à se développer afin que la plante prenne de l’envergure. Le but de cette émission de télé était juste de faire découvrir ce courant culturel. Il ne faut pas prêter à des chaînes de télé ou à ce genre de médias des intentions qu’ils n’avaient pas.

S’agissait-il juste des mêmes motivations que ceux qui avaient mis cette émission en place, à savoir une passade, où s’agissait-il d’une passion qui avait laissé une trace ?  Pour nous c’était une graine qui avait été semée.

DWT : Un nouveau chapitre de ton activisme va démarrer… Comment débute l’histoire du groupe Assassin ?
Solo : Je me rends à New York grâce aux thunes touchées par « H.I.P. H.O.P. » et j’y rencontre par hasard, dans une boîte, Vincent Cassel, le grand frère de Squat, en 1984. On se parle vite fait car il me reconnaît. Lui avait découvert le hip hop, non pas au travers d’une émission de télé, mais en se rendant à New York car sa mère y habitait. Je l’ai recroisé par la suite en France aux Bains Douches et on est devenu ami. L’année qui a suivi, je me suis fait virer de chez moi et je me suis retrouvé à traîner. L’émission « H.I.P. H.O.P. » s’étant arrêtée, je n’ai plus les mêmes moyens financiers que j’avais avant. Vincent m’a hébergé pendant un certain laps de temps et j’ai donc connu Mathias alias Squat, son petit frère. Squat n’était pas pas trop là car il était encore en sport étude tennis. Quelques temps après, on commence à être dans les balbutiements du rap. Comme on est vraiment LA bande de potes, on essaye de faire des trucs ensemble. Vers 1986/1987, Marco Prince (FFF) nous aide à faire une maquette et nous fait enregistrer dans le petit studio d’une boite de pro d’un ami commun, Olivier Brial, paix à son âme. Le morceau s’appelait « Les esprits faibles » dans lequel Vincent Cassel, Squat et moi rappions : « Les esprits faibles doivent être à la mode, mais je te dis que le mien n’est pas commode, il est froid comme le fer et dure comme la pierre…« . Un ou deux ans après, Squat et moi nous fréquentions plus assidument. Je trouve le nom d’Assassin vers 1987 ou 1988 et le groupe est lancé autour de pas mal d’énergies que je centralisais à ce moment.

DWT : Le fait d’avoir côtoyé très tôt le monde du show business, de la mode et des décideurs a t-il favorisé l’existence d’Assassin ?
Solo : A cette époque là, où tu es bon et t’existes, où tu es nul et tu es rayé, point barre. Il n’y a même pas d’entre deux. La connexion se fait parce qu’il y a une qualité. Ces gens là n’étaient pas des philanthropes qui nous disaient simplement « ah ouais tu es mon pote, tu es cool » avec une petite tape dans le dos. Il fallait susciter un engouement, avoir du charisme et être incontournable pour les intéresser. Comme Rakim disait à l’époque : « l’important n’est pas d’où tu viens mais ou tu te tiens »». L’énergie que nous dégagions et notre potentiel comptait beaucoup.

Je trouve le nom d’Assassin vers 1987 ou 1988 et le groupe est lancé autour de pas mal d’énergies que je centralisais à ce moment.

 

DWT : La démarche de quitter Remark Records, avec qui vous aviez sorti « Note mon nom sur ta liste », en prenant la décision de vous auto-produire dès 1993, démontre t-elle réellement que vous aviez la capacité d’être indépendants ?
Solo : Entre ce qu’on a dit et ce qu’on a fait… J’avais contacté Corida au départ, en 1992, pour que nous calions une date d’Assassin à La Cigale. Nous rencontrons Jacques Renault et il nous fait confiance. Le concert est complet et sans promo, le show était incroyable… Corida est devenu notre partenaire et nous a aidé à concrétiser ce qu’on a entamé. Nous prenions les décisions mais ils nous conseillaient, nous épaulaient financièrement et juridiquement. On était dans une démarche d’indépendance et on se comportait comme tel. Mis à part IAM, je ne suis pas certain que tout ceux qui ont signé à l’époque sortaient quelque chose qui ressemblait à leur démo. Pour NTM par exemple, ils se sont retrouvés avec des directeurs artistiques, etc… Ce n’était pas notre cas. On se prenait la tête, on gérait tout, on faisait nos maquettes et on les enregistrait dans un gros studio. On a eu cette opportunité d’avancer avec Corida, ce qu’on a fait, mais on a eu du mal à le gérer correctement sur la durée. L’indépendance demande une cohésion et une maturité qui nous ont fait défaut…

On a eu cette opportunité d’avancer avec Corida, ce qu’on a fait, mais on a eu du mal à le gérer correctement sur la durée. L’indépendance demande une cohésion et une maturité qui nous ont fait défaut…

DWT : Comment en arrives-tu à quitter le groupe alors qu’il commence à prendre un sérieux envol ?
Solo : Je trouvais qu’il y avait un décalage entre nos actions, ce qu’on dégageait et ce qu’on était réellement. Il y avait pour moi un décalage paradoxale entre la manière dont on apparaissait et la manière de se comporter les uns avec les autres. Il y avait aussi une certaine forme d’inconsistance dans ma manière de faire face à certaines problématiques, comme le développement du groupe ou l’équilibre des rapports entre les uns et les autres. Certains pesaient plus que d’autres dans la prise de décision. Je ne m’y retrouvais pas et je n’arrivais pas à me positionner. J’ai pensé que la solution était de m’en aller. Squat a essayé de faire perdurer le groupe avec ses armes et ses moyens et il ne s’en est plutôt pas si mal tiré. Il a eu du cran et du courage car ce n’est pas évident de continuer seul une aventure qui a été commencé à plusieurs. C’était plus facile de parler que de faire. Ce qu’est devenu Assassin peut plaire ou déplaire, mais on ne pourra jamais enlever à Squat qu’il a réussi à continuer.

DWT : Peux-tu enfin nous faire partager les raisons du clash Assassin / NTM ?
Solo : Malentendu, mauvaise foi… tout ce qui représente les humains dans leurs mauvais côtés. Il y avait de la compétition mais également, et finalement, de la concurrence… Et il y a cette histoire d’Olympia… NTM y avait déjà calé une date en 1993. Nous voulions également faire une grosse date sur Paris. La seule qui restait à l’Olympia, c’était un jour avant eux… Corida pose une option dessus. Ils en ont eu vent avant qu’on ait le temps de leur expliquer ce qu’on envisageait.

Nous avions l’habitude avec NTM d’avancer ensemble. Ils ne l’ont pas entendu de cette oreille, c’était, à les écouter une trahison, et donc une déclaration de guerre en bonne et due forme, excuse qui leur permettait de nous faire passer d’amis à rivaux à abattre.

On développait avec NTM l’image des représentants du « nord », donc on s’était dit qu’on allait occuper l’Olympia ensemble pendant deux jours, genre mini-festival, faire une communication commune, etc… Car de toute façon, on avait l’habitude de faire des scènes ensemble, ça restait dans cet esprit. Sauf que Joey Starr, apprenant l’info de son côté, appelle Squat et l’abreuve d’insultes sur son répondeur. Malgré ma tentative, dans la foulée, d’expliquer à Joey notre démarche et qu’il avait tort de réagir comme ça, il ne voulait rien entendre et à continuer d’être véner (ndlr : la date des NTM à l’Olympia est finalement annulée). C’est pour ça que je dis que c’est de la mauvaise foi car on était supposé être des amis, de longue date en ce qui me concerne avec Joey, sans parler des affinités affichées entre les deux groupes et la multitude de services que Crazeebo et moi même leurs avions rendu : la première maquette que Joey est jamais enregistrée, les bandes pour leurs concerts, j’avais même co-produit avec DJ S le morceau « C’est clair » de leur premier maxi sans avoir été crédité… Bref, cela ne me paraissait pas incongru qu’on puisse s’expliquer vu que nous avions l’habitude avec NTM d’avancer ensemble. Ils ne l’ont pas entendu de cette oreille, c’était, à les écouter, une trahison et donc une déclaration de guerre en bonne et due forme, excuse qui leur permettait de nous faire passer d’amis à rivaux à abattre.

DWT : Qu’est ce qui t’as motivé pour la reformation d’Assassin sur la scène de l’Olympia en 2009 ? Celle-ci laisse t-elle présager des retrouvailles également en studio ?
Solo : Il y a quelque chose qu’on ne peut pas enlever, c’est que ce groupe fait partie de mon histoire. C’est aussi une manière de passer l’éponge sur les côtés conflictuels et de démontrer que ce groupe a beaucoup apporté. Pour ce qui est de retourner en studio ensemble, je l’ai proposé à Squat mais ça n’a pas été suivi d’effet, donc pour moi, c’est lettre morte. Après l’Olympia, la question s’est posé, mais ça n’a plus lieu d’être.

Pour ce qui est de retourner en studio ensemble, je l’ai proposé à Squat mais ça n’a pas été suivi d’effet, donc pour moi, c’est lettre morte. Après l’Olympia, la question s’est posé, mais ça n’a plus lieu d’être.

DWT : En 1994, tu en arrives à quitter Assassin, pourquoi tu ne continues pas une carrière solo ?
Solo : Manque de confiance, manque de confiance, manque de confiance et encore manque de confiance. Sur l’existence en tant qu’artiste par exemple, je voulais viser plus haut que ce que je pouvais faire. Après Assassin, et dans ce mouvement musical, je me mettais la barre beaucoup trop haute. En tout cas, plus haut que mes propres capacités. Je voulais tellement bien faire, qu’à la fin, de manière inconsciente, je ne faisais pas, pour ne pas me tromper.

Photo © Nico/SKGZ – Aiiight.fr

DWT : En 1996, un projet de trio voit le jour composé de Polo, Jojo (Joey Starr) et Solo… Que s’est-il passé ?
Solo : J’étais encore dans la naïveté de croire que les choses peuvent se passer d’une manière super simple. Dans tout ce qui est de l’ordre du partage et de ce que je mets dans mes relations, il s’agit de sincérité et de simplicité. Ce n’est pas parce que ça n’allait pas un jour qu’on ne pouvait pas évoluer. Tout le monde n’y mettait pas la même volonté. Ca a été une jolie idée mais ça n’a pas abouti. Joey a une certaine personnalité. Quand tu vois que son dernier album s’appelle « Egomaniac », il est au moins lucide sur lui même. J’ai été un personnage très naïf pendant très longtemps.

DWT : Monter ce trio avec Joey constituait-il une forme de revanche sur ton départ d’Assassin ?
Solo : C’était une démarche naturelle. A un moment, j’étais assez proche de Didier et dans une intimité qui faisait que j’en suis arrivé un jour à lui dire qu’il était le frère que je n’avais pas eu. Est-ce que ce sentiment était partagé de sa part ? Je ne peux pas répondre à sa place. C’est quelqu’un avec qui j’ai traversé pas mal d’époques, pas mal d’épreuve de la vie. Dans mon imaginaire, le vrai groupe qui aurait du exister naturellement, il aurait dû être composé de Solo et Joey Starr ! Avec du recul, vu la haine viscéral que Joey éprouvait à l’égard de Squat, c’était peut être une manière de marquer le coup pour lui. Il arrive que cela se fasse inconsciemment et que certains n’aient même pas conscience du côté vindicatif ou mesquin de leurs actes. Est-ce que c’était le cas de Joey vis à vis de moi ou de Squat, il n’y a que lui qui peut répondre.

DWT : Tu gardes des souvenirs sympas de l’époque de La Chapelle…
Solo : …sympas ?

Il y avait eu aussi un défi de break avec Joël de Timide Et Sans Complexe qui s’était mal terminé. Je l’avais mis à l’amende au break et il commence à parler mal. Je viens vers lui car ça chauffe. Le mec me dit « ah ouais, viens ! » et il sort un espèce de grand bâton avec des clous au bout !

DWT : …il y avait quand même les block party de Dee Nasty…
Solo : Il y a eu des bastons mémorables oui !! C’était surbouillant frère. Des mecs se faisaient gravement dépouillés. Il y avait des trucs sales. Il y avait une équipe de relous composé de Monster Kaze, Rital et d’autres taggers survéners. On marchait beaucoup à la bière à l’époque. Un jour, Lady V était allé seule au terrain. Monster Kaze avait voulu la taper, je crois même qu’il l’avait giflé. C’était vers 1986 ou 1987, à l’époque où Didier Morville (ndlr : futur Joey Starr) était surnommé « Joey Valstar »… A l’époque, j’habitais rue de la Roquette, donc elle arrive chez moi en pleurs. Je fonce là bas, ça part en baston et ça se termine au couteau. Kaze essaye de me planter le couteau dans la gorge. J’arrive à lui retirer mais il m’ouvre le menton. Je l’ai acculé jusqu’en haut d’une rampe, au fond du terrain, qui montait car il devait y avoir un ancien parking. Arrivé en haut, j’essayai de le faire tomber dans le vide… Il y avait eu aussi un défi de break avec Joël de Timide Et Sans Complexe qui s’était mal terminé. Je l’avais mis à l’amende au break et il commence à parler mal. Je viens vers lui car ça chauffe. Le mec me dit « ah ouais, viens ! » et il sort un espèce de grand bâton avec des clous au bout ! C’était un lieu incontournable. Son histoire est mémorable. Il y avait cette atmosphère genre block party à la new yorkaise retranscrit à la française. Mais sinon, dans la manière dont les choses se déroulaient, il y avait toujours un moment où ça partait en vrille.

DWT : Quelle vision as-tu de la transposition du hip hop en France ?
Solo : Le hip hop n’est pas un art de vivre en France. Il n’y a pas cette forme d’unité entre les différents éléments. Chaque discipline ne représente que pour elle même. Ca m’attriste car la retranscription s’est perdue en route. Le meilleur exemple est qu’en France, il s’agit beaucoup plus d’égotrip et de représentation par rapport à un truc personnel qu’une vision d’ensemble et de partage. Et je suis autant à blâmer que les autres. Le rap n’est qu’une discipline du hip hop mais il ne faut pas oublier qu’au début, c’était le DJ qui était la star et qui appelaient les MC’s pour alimenter son truc. Les MC’s se sont accaparés la vedette et les DJ’s ont été relégué en arrière plan. Le hip hop, c’était que quand tu faisais une party, tu avais obligatoirement avoir le DJ, le MC, le crew de danseurs et les graffeurs…

Le hip hop n’est pas un art de vivre en France. Il n’y a pas cette forme d’unité entre les différents éléments. Chaque discipline ne représente que pour elle même. Ca m’attriste car la retranscription s’est perdue en route.

DWT : Vois-tu une forme d’influence sur la création de cette musique, voir un formatage, lorsque certains directeurs de programmation de radio, à partir du milieu des années 1990, ne se gênaient pas pour mettre leur grain de sel en studio lorsque des groupes enregistraient ?
Solo : Il faut surtout s’interroger sur ce que ces artistes étaient prêts à faire. Il appartient à chacun de décider. Maintenant, je pense que ce n’est pas la place d’un directeur d’antenne ou de programmation de radio d’être dans un studio quand le groupe est en train de créer ou lui demander de remanier après coups. Des gens l’ont accepté sinon cela n’aurait pas eu lieu. Ce genre de personne ne s’invite pas tout seul dans un studio, on l’y convie. On ne peut pas diaboliser un directeur de programmation de venir participer puisque c’est les artistes eux même qui l’invitent… C’est plutôt ce genre d’artistes qu’il faut diaboliser. C’est à eux de se poser des questions et de se demander s’ils ont baissé leur pantalon et leur culotte à un moment donné. Quand on lisait « interdit aux bâtards » dans Get Busy, c’est ça que ça voulait dire. Cette musique a été formaté car certains l’ont bien voulu. Est-ce que moi, j’en fait parti ? Non !

DWT : Tu diriges maintenant ton label Black Frog et prend souvent les platines notamment au sein des soirées Toxic. Est-ce que tu retrouves une sorte d’épanouissement sincère comme au début de ce mouvement ?
Solo : C’est maintenant que j’ai l’impression vraiment d’être hip hop. Je le suis plus que je ne l’ai jamais été. L’essence réellement du hip hop qui rassemble le mix des cultures, le partage, la détermination, le côté positif, le respect d’une certaine forme d’humanité, je n’ai jamais été là dedans autant que je le suis aujourd’hui.

L’essence réellement du hip hop qui rassemble le mix des cultures, le partage, la détermination, le côté positif, le respect d’une certaine forme d’humanité, je n’ai jamais été là dedans autant que je le suis aujourd’hui.

 

Retrouvez Solo au commande de son label Black Frog ent. pour la sortie du Maxi « Pigalle » des « MonomaniaX » (courant mai 2012) avec des remixes de Para One / Blackjoy / Kaptain Cadillac et la vidéo réalisée par Jeremy Halkin & Anto Hinh Tai ainsi que le EP du talentueux Uncle O annoncé pour courant juin 2012.

LandersSarrazin

Salut à tous les fans de hip-hop ! Je suis Landers Sarazzin, votre référence pour tout ce qui concerne le hip-hop. En tant qu'auteur et passionné fervent de ce genre électrisant, j'ai consacré ma vie à démêler les complexités, explorer les profondeurs et vibrer au rythme des beats qui définissent la culture hip-hop. J'ai découvert que ma véritable passion ne réside pas dans le fait de rapper mais d'écrire sur la musique qui nous émeut. E-mail / Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *