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Xane 3DT : haute tension

Ca m’avait un peu saoulé de voir en galerie des noms de mecs qui n’ont rien à voir, qui n’ont fait que des écoles d’art sans jamais avoir fait leurs preuves dans la rue.

Down With This : De quelle manière es-tu attiré par la peinture et les encres si spécifiques au hip hop ?
Xane : En 1985/1986, je découvre des graffs en me rendant chez mes grands-parents qui habitaient à Paris du côté de Stalingrad, mais aussi du côté d’une autre partie de ma famille qui habitait impasse Marteau à la Plaine-Saint-Denis. Il y avait pour ainsi dire les premiers trucs de MODE 2, ACIDE et DARKO des FBI. Il y avait aussi BOXER, ROXIZ et JONONE qui m’ont marqué à l’époque. J’avais bloqué sur ces noms-là au début. Au début, j’ai essayé de reprendre des pochettes de bandes dessinées style Gaston Lagaffe ou Strange. Je m’intéressais grave aux dessins. A l’époque, il n’y avait pratiquement pas de rap encore, c’était beaucoup le reggae, la punk, le hard rock… Les pochettes de certains de ces 33 tours m’ont énormément influencé. Les personnages et les lettrages étaient super bien fait. J’étais intéressé comme tout le monde par l’émission « H.I.P H.O.P » de Sidney. C’était d’ailleurs le break que j’avais vu en premier, tous les mecs en survêtement Adidas, FUTURA 2000 qui venait peindre sur le plateau de l’émission… Il y avait un style de lettres qu’on ne voyait pas à l’école. Ça m’a interpellé. Et puis il y avait un lien avec toutes les disciplines, ça rappait, ça dansait, ça graffait, ça me plaisait bien.

DWT : Comment glisses-tu vers l’action ?
Xane : J’ai commencé en 1988 quand j’ai déménagé dans le 93, aux Lilas. Je suis arrivé dans un collège où ce mouvement était déjà existant par rapport à Châtillon, d’où j’arrivais. Mon premier tag a été DUC en référence au film New York 1997. J’aimais bien le personnage du méchant qu’interprétait Isaac Hayes. J’ai ensuite changé pour SIAM et c’est avec ce nom que j’ai commencé à bien taguer : au fond des bus, la rotonde du 129 en allant à l’école… C’était l’époque des starters, des écharpes Burberry qu’on cousait sur les jeans (rires).

DWT : Quels ont été tes influences à ton démarrage ?
Xane : Je suis surtout dans le style block letters, dans la compréhension visuelle et à la fois esthétique de la lettre. A la Plaine-Saint-Denis, il y avait un super block de MODE et COLT. A la place du « O » de MODE il y avait une paire de seuf en jean. C’est vraiment un des graffs qui m’a le plus marqué dans ma vie. J’ai été choqué quand je me suis pris ça. J’aimais beaucoup le travail de MODE 2, BANDO, COLT, BOXER, ACIDE, DARKO, SAN… Quand je vois un beau chrome, bien lisible bien fait, de belles formes et des belles proportions, je kiffe. Pour moi, il n’y a rien de mieux. Au niveau des states, dès que j’ai eu Subway Art et Spraycan Art dans les mains, j’ai bloqué sur SEEN. C’était mon préféré. The Godfather comme on l’appelle. Je ne voyais que par lui. Son style de lettrage, même son concept de tatouage. Je kiffe. Son tatouage, avec la panthère rose « graffiti my life story« , j’ai validé, il fait partie des personnes qui m’ont donné la passion de m’en faire aussi, après mon grand pére (rires). Il y a aussi CAN2 en Allemagne que j’apprécie mais sinon je suis davantage dans les trucs ricains. Mais KEA et MODE2 restent encore à ce jour mes graffeurs préférés.

Quand j’étais au collège, chaque midi, on ne bouffait pas. On faisait des allers-retours pour taguer sur la ligne 13 de Saint-Denis-Basilique à Porte de Saint-Ouen.

DWT : D’ailleurs tu intègres ton premier crew du côté de Saint-Denis…
Xane : Fin 1989, je déménage des Lilas et je me retrouve dans un nouveau collège à Saint-Ouen. Je tombe sur KAEC, un gars de Saint-Denis, qui me propose de rentrer dans le groupe qu’il venait de créer : BMC. Chaque midi, on ne bouffait pas. On faisait des allers-retours pour taguer sur la ligne 13 de Saint-Denis-Basilique à Porte de Saint-Ouen. A cette époque, j’avais changé mon blaze pour ICE, qui commençait à être connu. A ce moment, je rencontre MARKO, BMC également, avec qui je me met à peindre. Il était déjà hyper fort, il faisait des personnages, il avait un style, il avait son truc. Moi, je n’étais pas très fort en graff à l’époque, quoi que maintenant je ne le suis toujours pas (rires). On a fait notre chemin, on allait à l’atelier de MODE 2 à la MJC de Saint-Denis. On squattait là-bas.

XANE (2ème en partant de la gauche) et son crew BMC en 1990

MARKO & XANE (1991) © Marko 93

DWT : Le hip hop était pris dans son ensemble au sein des BMC ou vous vous tourniez uniquement vers la peinture ?
Xane : On touchait à tout. Avec la MJC, on avait des locaux pour répéter. On dansait et tout. Moi-même, je dansais un peu à l’époque. Toutes les disciplines étaient représenté au sein de notre groupe : beat Box, danse, graff… On suivait des traces, celles des NTM / 93 MC. De là, on a participé à des concerts de NTM comme celui au stade Auguste Delaune en 1990 avec IAM, La Tradance, LITTLE MC, AKTUEL FORCE, CLAN ACTUEL. C’était la première scène où IAM venait faire un concert en région parisienne. Je me souviens que c’est Mode 2 qui avait fait l’affiche du concert. On a appris en les regardant, on essayait de gratter des techniques. (rires). Le concert au chapiteau de Saint-Denis avec NTM m’a marqué également. C’était parti en couille entre mecs des différents quartiers de Saint-Denis. Il y a eu un mélange avec la sécu. C’était grave chaud. On voyait des mecs courir avec des flammes dans le dos. Des trucs de fous. Celui qui nous a le plus étonné c’est SHINEHEAD, le mec qui faisait du ragga, il continuait à faire son show en descendant dans la foule comme si de rien n’était pendant la bagarre alors que ça partait en coup de gazeuse, nunchaku autour de lui (rires). Pour en revenir au BMC, quelques années et quelques histoires après, le groupe est dissous. Avec MARKO, on fonde les CEP (Crime En Progression) et on fait que des graffs en pleine rue. On était motivés parce qu’on avait réussi à gratter un stock de bombe sur un plan autorisé qu’on avait eu avec Citroën : 400 bombes ! Ma chambre en était remplie. A 16 ans, tu es refait, c’était le paradis ! (rires)

Un soir, on se fait serrer par les keufs en train de peindre. MARKO me raconte que pendant la fouille complète, il leur avait donné ses chaussettes et qu’elles avaient trois de tension ! (rires) Notre crew allait ainsi s’appeler « 3DT » !

DWT : Comment en arrivez-vous à la création des 3DT ?
Xane : On cartonnait pas mal sur Saint-Denis, Saint-Ouen et Clichy. Un soir, on se fait serrer par les keufs en train de peindre. MARKO me raconte que pendant la fouille complète, il leur avait donné ses chaussettes et qu’elles avaient trois de tension ! (rires) On en avait rigolé comme des fous en cellule. Et de là, vu qu’en plus je tissait et fumait pas mal, j’ai proposé à Marko de faire un groupe qui s’apellerait 3DT. Les premiers qui intégrent les 3DT étaient des taggeurs qui sont autour de nous et qui n’étaient pas vraiment dans des groupes comme NEO du Plessis Robinson, BIO mon grand frère qui taggait OPAL avant. Mon frère s’y était mis à fond avec le temps… Il voyait un mec qui pionçait en classe tous les matins avec les mains pleines de bombes et lui avait demandé un jour ce qu’il faisait la nuit. NEO lui avait expliqué qu’il était graffeur… J’ai beaucoup appris avec lui. Puis, il y a EXPER des TBA qui rentre, DAEN, BIKER, WORST également. Il y avait aussi JOE.JR qui était souvent avec nous mais lui, c’était un antisocial… Il n’aimait pas être dans les groupes. C’était un de mes compères dans le graffiti on posait souvent ensemble, c’est comme s’il faisait partie du groupe. Après plus tard, il y a ABILE qui est rentré et enfin SHEED16 (MKC/CIA). Le crew 3DT étendra ensuite son terrain d’action sur Paris en 1993 lorsque je rencontre WEANE et que nous fusionnons avec d’autres mecs de Paris.

DWT : L’histoire voudra que les 3DT soient proches des 93NTM…
Xane : 93MC et 93NTM étaient pour moi les meilleurs groupes. C’était la famille, on était du même coin, de la même ligne. En allant à la MJC, j’en voyais beaucoup qui cartonnait, j’aimais bien leur style. KAEC m’avait présenté un jour à KEA. J’étais devenu ensuite grave ami avec eux. KEA est comme un grand frère pour moi. Dans les moments durs, il est venu m’accompagner. SWEN, c’est pareil. C’est comme les deux grands frères. Ils m’ont beaucoup apporté dans le graffiti, ma manière d’être, mon état d’esprit, mon code d’honneur. C’est un exemple en fait. Les vieux tontons (rires). Mon pote KHANE également qui est 93MC aussi. On avait une mentalité à Saint-Denis, on boycottait pas mal les autres. On ne calculait pas trop les mecs de Paris, tout ce qui est AEC, tous ces trucs là.

DWT : La fusion NTM / 93MC s’était faite dans la bonne humeur, la scission, quelques années après, un peu moins. Penses-tu que le morceau « Paris sous les bombes » était une manière pour NTM de rendre hommage à ces années de collaboration ?
Xane : Il y a un noyau dur qui ne leur pardonne pas, plus à SHEN qu’à JOEY d’ailleurs. Il y a eu des histoires internes qui ont fait que je n’accrochais plus alors que j’étais grave fan quand j’étais tipeu. Je n’ai pas à rentrer dans leur intimité, leurs histoires, leur vie mais ça a joué dans le fait qu’ils baissent dans mon estime. Le groupe à été levé par ceux qui ne prenaient pas de blé. A un moment, quand il n’y a qu’une partie qui part en tournée et plus tout le monde, il y a une animosité qui s’installe… Il n’y avait pas que des « saints » dans l’équipe, certains faisaient des gros trucs. C’est grâce à des mecs comme NAWFEL, paix à son âme, que NTM est devenu ce qu’il est devenu. C’était un mec bien, je dormais chez lui quand il était en prison. Sa femme, c’était la sœur de KHANE. C’était la légende. Le demi-frère de JOEY, SCOT, lui est mon ami, il fait parti d’une de mes équipes, LBN.

Quand tu fais partie de bandes à fort caractère, il y a des trucs qui arrivent parfois pour lesquels tu n’as pas trop de choix…

DWT : Le graffiti à Paris a toujours évolué au milieu d’histoire, d’embrouille, de toy, d’arrachage ou autres… Il ne t’a pas été difficile de traverser ces périodes ?
Xane : Vu que c’est nous qui faisions ça à l’époque… ça va. C’était dans la continuité. J’ai été élevé au 93MC. Après, tu ne peux pas avoir le contrôle sur tout. Quand tu fais partie de bandes à fort caractère, il y a des trucs qui arrivent parfois pour lesquels tu n’as pas trop de choix… C’est comme ça, il y a forcément des mauvaises expériences. Toutes mes affaires sont plus ou moins réglées. Mais j’aurai sûrement des gens à recroiser… Ce n’est pas grave même si avec les années, on a plus trop envie de s’exposer à des trucs comme ça.

DWT : Au travers toutes ces années de graffiti illégal, est-ce que tu as ressenti une accentuation de la répression ?
Xane : C’était plus facile avant. Maintenant, il y a plein de systèmes de caméra que ce soit dans la rue ou dans le métro. Tout ce qui concerne le métro et les rails, c’est vite catalogué. En fait, c’est simple, ils font un dossier sur un nom et ils attendent que tu pèses une certaine somme de dégats pour te péter. Ils prennent leur temps. Tu peux penser que ça passe et être en confiance en continuant de tout exploser mais un jour ou l’autre, ils te tombent dessus !

DWT : Tu n’es plus trop en action dans le métro…
Xane : Ce n’est pas trop mon kif par rapport à tout ce qui est amende justement. Je n’ai pas trop envie de payer juste pour quelques photos de train. J’en ai fait plein, y compris des dépôts mais ce n’est pas ma grande passion. Je préfère être libre de mes mouvements, comme en extérieur. Je préfère aussi pouvoir me libérer de ce que j’ai sur moi à n’importe quel moment sans qu’on retrouve ce que j’ai jeté… Je n’aime pas être pris entre deux trucs. Les dépôts, c’est souvent ça, tu es pris entre deux tunnels et tu n’as pas trop le choix que de te prendre trois ou quatre coups d’extincteurs ou te faire courser par des chiens. Et puis à l’époque, il n’y avait pas tout ce système de surveillance. Pourtant je kiffe car il y a des mecs qui font des trains mortels. Dans les 3DT, il y avait des membres très actifs dans le métro, ils adoraient ça. On avait plusieurs petites équipes de spécialistes au sein même de notre groupe. Certains préféraient faire des intérieurs, d’autres faire des sauts de quais sur les rails quand le métro s’arrêtait en station. C’était un kif ! Il y avait une bonne montée d’adrénaline d’un coup (rires). En sortant de la station, on savait que ça allait tourner toute la journée. Ce n’est plus aussi évident de nos jours. D’ailleurs, même dans la rue, ça devient un bordel, il y a des caméras à tous les croisements.

DWT : Qu’est ce qu’évoque pour toi le gros procès des tageurs qui a eu lieu au Palais de justice de Versailles, il y a quelques mois ?
Xane : Il y en a beaucoup que je connais, il y en a même qui sont dans des groupes auxquels j’appartiens. Ce qui me fait vraiment chier, c’est pour les mecs qui se sont fait prendre leurs books photos. Leur but dans la vie pour certains, c’était justement d’avoir les photos de ce qu’ils ont fait.

Il ne faut pas se voiler la face, beaucoup de ceux qui entrent en galerie, c’est pour prendre un billet. (…) Ca m’avait un peu saoulé de voir des noms de mecs qui n’ont rien à voir, qui n’ont fait que des écoles d’art sans jamais avoir fait leurs preuves dans la rue.

DWT : Tu es à l’aise avec le côté éphémère de cet art ? Penses-tu que sa place en galerie est une nécessité pour conserver au mieux celui-ci ?
Xane : Tu peux très bien rester dans la rue et faire toute ta vie dehors. Même si je sais qu’il y a plein de trucs qui vont disparaître, j’essaye toujours de trouver des places stratégiques où ça va rester longtemps ou sinon des endroits très visibles. Mais il ne faut pas se voiler la face, beaucoup de ceux qui entrent en galerie, c’est pour prendre un billet. Je reconnais que c’est kiffant de voir des gens qui regardent ton truc et qui apprécient… Mais tout le monde peut faire une expo. C’est un taf qui peut se monter rapidement si tu es motivé. Je ne dis pas que je ne le ferais pas mais je ne me tue pas avec ça. Un jour ou l’autre ça viendra si ça doit venir. Moi, je suis plutot dans la rue (rires). A une époque, j’ai fait quelques toiles mais ça m’avait un peu saoulé de voir des noms de mecs qui n’ont rien à voir, qui n’ont fait que des écoles d’art sans jamais avoir fait leurs preuves dans la rue. Le problème est que les gens qui achètent des œuvres ne connaissent pas notre histoire, ni celle de ceux à qui ils achètent les tableaux.

DWT : Rentrer dans le bizness des galeries te semble incompatible avec une attitude comme la tienne qui est de rester attaché à des valeurs très terre à terre ?
Xane : C’est compliqué de faire la part des choses et de plus, il y a beaucoup de copinage dans ces milieux. Je n’ai pas forcément envie de côtoyer des personnes comme ça. Ce n’est pas mon monde même si je peux tomber sur des gens hyper-intéressants et qui m’apportent des choses. Je bosse en parallèle sur ma marque de tee shirt, XANER WORLD qui devrait être normalement disponible à Ekirok dans Paris et pour ceux qui me connaissent, de main à main (rires). J’ai fait deux modèles pour commencer. Ça sort de la rue, il y a des gens qui me suivent et qui aiment avoir un truc de moi. Ça fait quelques années déjà que je voulais le faire. J’attendais le bon moment pour faire les choses bien.

On avait un échafaudage tremblant qui était bloqué plus ou moins par un camion pour qu’il ne s’écroule pas et nous avec ! Archi dangereux, on a failli mourir ! (rires).

DWT : On observe maintenant une forme de période que certains définissent comme post-graffitI. Es-tu prêt à explorer d’autres supports comme les pochoirs par exemple ou bien l’utilisation de la lumière comme le fait Marko ?
Xane : Je peux être ouvert, tout dépend de l’humeur. Il faut aussi un bon atelier pour pouvoir développer ton truc. Moi, il faut qu’il y ait de la matière qui indique rapidement mon blaze. C’est ma marque de fabrique. Après, il y a une réalité, c’est une question de budget. Et puis étant donné que je suis un vandale, je ne suis pas hyper propre au niveau de la technique ! (rires) Ce qui me ferait kiffer par exemple, c’est de peindre les lettres d’Hollywood comme SEEN (rires). J’éprouve du plaisir à peindre. Il y a des événements marquants comme le festival « Jour J » qui avait eu lieu à la Plaine Saint-Denis. La première année, nous avions peint la veille car on ne voulait pas montrer nos têtes en train de peindre (rires). Sur le deuxième édition, on avait fait le « Chiens de la casse » en hauteur avec WEANE et YEAMD. D’ailleurs, c’était une catastrophe cette histoire. On avait un échafaudage tremblant qui était bloqué plus ou moins par un camion pour qu’il ne s’écroule pas et nous avec ! Archi dangereux, on a failli mourir ! (rires). Sinon, on avait fait le mur de droite quand tu rentres dans le terrain : un gros 3DT avec un gros B Boy avec des lunettes et une bague. Il y avait que des noms de groupes, moi j’ai fait le 93MC, le 3DT et j’ai participé au TPK. Bonne ambiance cet événement, les organisateurs (SWEN, 93MC, CHIENS DE LA CASSE) ont vraiment assurés ! Pareil, l’endroit où ça c’est passé, c’est la famille AOT CHIEN DE LA CASSE. C’est les pionniers de la Plaine Saint-Denis. Il y avait ACIDE, ARYS, YORK, GEOD, NONO. C’est une affiliation.

DWT : Justement, que penses-tu du gros travail de punition d’AZILE qui mettait son nom partout à de multiples reprises ?
Xane : Franchement, mortel tout ce qu’il a fait. Il y a rien à dire, c’est un mec qui a charbonné. Apparemment, c’est un bon stratège, il étudiait le terrain comme un mec qui allait braquer. J’apprécie. C’est un des plus gros cartonneur et vandale dans le métro. Pareil pour TRANE, il n’y a rien à dire, il est au top. Il s’est éclaté le mec.

DWT : Tu es d’origine serbe, tu peins avec des artistes de l’Europe de l’est ?
Xane : A Belgrade, je suis avec des mecs, le MOFOS CREW. C’est mon équipe quand je suis là-bas. Il y a aussi des membres des CP5 là-bas. C’est IZE des CP5 un pote Serbe qui les a fait rentrer. Je les rencontrerais lors d’un prochain voyage.

D.R.

DWT : Tu as été actif pendant pas mal de temps dans le sud de la France et ailleurs…
Xane : En 1996, je suis parti travailler dans une boutique de vêtements hip-hop à Nice. J’ai vu le soleil, les palmiers, la plage, j’ai kiffé grave la région (rires). J’y suis resté six ans à la défoncer. J’ai sympathisé et commencé à rapper un peu avec des mecs d’Antibes et des mecs des Moulins. Par la suite, tous ces mecs là sont devenus amis. J’ai créé le groupe SDC (Sheitans de cité) qui regroupait des jeunes de la cité « Les Moulins », une des plus connues de Nice. On a pris les meilleurs de chaque groupe et c’est devenu une grosse équipe : DBF (D’en Bas Fondation). J’avais aussi créé BDF, (Bataillon De Furieux / Bande De Fous). En 2002, je quitte la Côte d’Azur pour revenir en région parisienne et je participe avec mes potes à « Urban Peace« , le plus grand événement de rap en France. Puis en 2005, j’étais sur la tournée française de Snoop Dogg. Je réalisais un graff en live pendant la première partie de Sinik et Kayna Samet. J’ai accepté malgré les contraintes. ce n’était pas évident mais j’en ai profité (rires). Des fois, je squattais avec l’oncle de Snoop, Supa Fly et Dj Battle Cat. C’était sympa pour moi car j’aime tout ce qui est délire westcoast, lowriders… J’écoute de tout mais j’ai une préférence pour la westcoast et surtout les Creeps, Doggpound, Daz, Death Row, Mister Capone, le delire Latinos. C’est un état d’esprit. J’ai besoin de faire mon petit pèlerinage à Los Angeles. J’ai le projet d’y aller avec Nono des AOT, il a pas mal de filiation avec certains gangs de là-bas.

DWT : Tu es vraiment hip hop puisque tu t’étais même mis au rap ! (rires)
Xane : Oui ! J’ai rappé pendant une période mais je n’écrivais pas de textes entiers ça me cassais les couilles. J’écrivais que des couplets pour faire des featurings avec mes potes. J’ai fait quelques morceaux. Je suis sur Ma Zone de Mala du 92i sur deux morceaux. L’Atletico et le projet Angle Mort un groupe de Saint-Denis. J’ai même rappé avec la miss Kayna Samet qui s’appelait Malika à l’époque. Elle rappait super dur !

Avant de sortir de chez moi, je vérifie toujours si j’ai quelque chose dans la poche ! (rires) Mais il y a plein de trucs qui m’ont ralenti…

DWT : Après ces vingt cinq ans d’activisme dans le gueta, as-tu toujours la même hargne pour continuer à poser sans cesse ?
Xane : Avant de sortir de chez moi, je vérifie toujours si j’ai quelque chose dans la poche ! (rires) Mais il y a plein de trucs qui m’ont ralenti, surtout le fait que je sois avec une nana depuis un certain nombre d’années. J’ai moins envie de prendre des risques. J’ai des trucs à assumer, à payer, comme le loyer. Il faut lever le pied un petit peu. Mais des fois j’aimerais me dérégler comme je faisais avant, exploser n’importe quoi. Même si en 25 ans d’action, je ne me suis jamais retrouvé au commissariat de Gare du Nord. Jamais d’amende également. Quand je me faisais attraper en speed, j’arrivais à esquiver le truc en racontant une histoire. Ils ne notaient jamais mon nom de tagueur ! J’ai toujours réussi à magouiller, faire disparaître mon matériel… Mais j’ai eu chaud aux fesses plusieurs fois !

Dédicaces à :  NÉGUS, MONSIEUR AGAZ, VEUST LYRICIST, INFINIT, JASON VORIZ, JEHNIA, BARRY BLACK, GAK… MES ZINS DE « LA VIEILLE »… DBF, LA RAZZIA, URSA MAJOR, MALA 92i. Dédicace à BRAZZA, paix à son âme. A STRANGE FROOTS et à tout ceux qui suivent mon parcours et qui m’ont accompagné durant ces 25 années de mission… A toutes mes équipes, les gens que je valide et qui me valide, trop de noms mais vous savez qui vous êtes ! Les autres, continuez, gardez la pêche, votre haine est mon énergie (rires). A nos disparus : AREM, J.LEE, FAME. Je dédie particulièrement cette interview à mon ami « TIGRE », repose en paix mon frère…

LandersSarrazin

Salut à tous les fans de hip-hop ! Je suis Landers Sarazzin, votre référence pour tout ce qui concerne le hip-hop. En tant qu'auteur et passionné fervent de ce genre électrisant, j'ai consacré ma vie à démêler les complexités, explorer les profondeurs et vibrer au rythme des beats qui définissent la culture hip-hop. J'ai découvert que ma véritable passion ne réside pas dans le fait de rapper mais d'écrire sur la musique qui nous émeut. E-mail / Instagram

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