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Le Jour J, mission suprême

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93 MC, Bando, bbc, Dee Nasty, Gallizia, Jay One, Jour J, Kea, Mode 2, Shoe, Swen

Swen revient sur les raisons de cette annulation : « C’était en train de m’échapper. La mairie ne m’a jamais aidé et cette année, comme par hasard, j’ai accès à des subventions… »

Quoi de mieux que de vous proposer ce dossier prestigieux comme premier cadeau pour notre 20ème anniversaire ? Swen 93MC plante le décor : « Tu ne peux pas parler de l’histoire de France sans parler de Napoléon ou Louis XIV. Donc tu ne peux pas parler du graffiti sans citer les 93 MC » (extrait de l’interview à lire ci-dessous). Lʼaffront venait bien du nord et de nombreux faits dʼarmes allaient le démontrer. Saint-Denis en était le berceau. 1984 le point de départ. Lʼultra-vandalisme, quʼallait mettre en oeuvre ceux qui deviendront les 93MC, ouvrira la voie à toute une génération de taggeurs. Mais il nʼy avait que le quotidien de la Seine Saint-Denis qui pouvait générer en nombre des vandales si chevronnés.

Outrepassant les conflits entre les différentes cités de Saint-Denis, des taggeurs de toute la ville allaient se réunir et réussir à constituer lʼunité la plus radicale du tournant des années 1980-1990. La RATP en souffrira tellement que leurs exactions provoqueront la première offensive anti-taggeur et la suppression des 1ère classe. Plus de vingt-ans après, on a envie de dire : merci Futura 2000 ! Il avait suffit que quelques jeunes de Saint-Denis croisent son chemin à La Courneuve, en 1984, pour que des activités culturelles et populaires sʼinstallent enfin sur des territoires désertés par les pouvoirs publics. Une culture allait se répandre et un crew au tempérament bien trempé allait la représenter dignement. Le bulldozer 93MC prenait toutes les directions et éclatait tout sur son passage : entrepôts, stations, rues, avions. Rien n’était épargné. Les ravages provoqués par ces artistes serviront également à NTM, qui prit rapidement le parti de fusionner avec.
Une décision qui donnera naissance à 93NTM, l’une des plus importantes machines de guerre du graffiti, composé par la plupart des experts de l’époque : MODE2, COLT, KEA, LAZER, SWEN, KAY, TERRY, KHANE, ACIDE, JOEY, SHEN, FAME, EXEO, ARO, REAK, KAR, MAM, BOA, KEYS, JON, KAST ou encore ARYS.
Paris avait reçu une baffe magistrale par les CTK, c’était maintenant un tremblement de terre que le paysage culturel français allait connaître. 93NTM était partout : sur scène, dans les entrepôts de métro, sur les plateaux de télé, dans les radios, dans les terrains vagues, en studio d’enregistrement, dans les couloirs de maison de disques…

Aujourd’hui, j’observe une autre approche du graffiti avec des gars qui arrivent en voulant directement faire des toiles. Le Jour J est un concept pour les nouvelles générations afin qu’ils partagent avec les aînés.

Mais tout n’est pas si facile comme dit la chanson. 93NTM se sépare pour des raisons diverses, 93MC reprend son identité originelle et retourne à l’essentiel. Et c’est justement animés par l’essentiel qu’ils organiseront en collaboration avec les Chiens de la Casse, deux jams de graffiti à la Plaine Saint-Denis qui feront date dans l’histoire du hip hop. L’une en 2005, l’autre en 2009. Toutes deux proposant le haut du panier. SWEN revient sur ses motivations (propos recueillis ce mois-ci) : « Petit à petit je voyais les nouvelles générations qui ne connaissaient plus trop leur histoire. Aujourd’hui, j’observe une autre approche du graffiti avec des gars qui arrivent en voulant directement faire des toiles. Le Jour J est un concept pour les nouvelles générations afin qu’ils partagent avec les aînés. J’ai voulu essayé de recréer ce que nous vivions dans les «zulus party» comme à Stalingrad ou quand on observait toute une après-midi Mode qui peignait. C’est parti de ce truc-là, avec l’ambiance DJ pour que les jeunes comprennent comment ce truc vivait. Je n’idolâtre personne mais j’étais content que PRIDE des CHROME ANGELS vienne car quand j’étais petit, Subway Art était le seul livre qu’on avait. Je fais toujours un parallèle avec le foot : tu arrives à faire venir Maradona, t’es content, alors si tu rajoutes Pelé, elle est encore plus belle ».
Une troisième et dernière édition était en préparation en coulisse pour juin 2013, avant la destruction du terrain des Chiens de la Casse cet été. On était sur le point de vous annoncer la bonne nouvelle mais ce projet est finalement annulé. SWEN revient sur les raisons de cette annulation : « C’était en train de m’échapper. La mairie ne m’a jamais aidé et cette année, comme par hasard, j’ai accès à des subventions. L’année prochaine, en 2014, c’est les élections… Ils veulent récupérer le truc. Je ne demande rien et on me donne tout, qu’est ce que ça veux dire ? Je suis parano. J’ai l’habitude des difficultés. J’ai des potes d’enfance parmi les élus, j’ai donc une autre relation avec eux, c’est compliqué parfois. J’ai donc décidé de tout annuler ».
Les organisateurs du Jour J ont pour volonté de faire partager leur perception de la peinture, sans compromis. Nos valeurs de transmission se situant sur le même axe, nous vous dévoilons ci-dessous les entretiens inédits de BANDO, KEA, JAY1, SHOE, DARCO et SWEN que nous avons réalisés au moment de la deuxième édition en 2009. Pour la mémoire, mais aussi pour les absents (qui ont eu bien tord sur ce coup-là), voici une petite séance de rattrapage sur un event que seuls les 93MC et les Chiens de la Casse pouvaient organiser en France. Nobel

BANDO – Photo © Down With This

BANDO

« Je taggue depuis super longtemps, 1982. Apparemment, j’étais le premier, mais je pense que les BBC ont commencé en même temps que moi, ou maximum trois à quatre mois après. On dit aussi que j’étais le premier en Europe mais j’ai l’impression que des mecs à Amsterdam, comme SHOE que je ne connaissais pas du tout, ont commencé en même temps, peut-être même avant moi. Je ne peins plus mais je dessine encore presque tous les jours. Beaucoup me mette maintenant dans le vent sur mur, certes, mais si on fait un concours de graffitis sur papier, les mecs vont tous aller dormir ! (rires) Les dessins, les styles, que je sors maintenant, je les trouve mieux que tout ce que j’ai fait avant. Les gens ont un autre regard sur ce que j’ai fait. Alors que moi, je n’étais jamais satisfait de ce que je faisais. Je trouvais toujours que MODE ou COLT avaient des lettres mieux que moi. Ca me saoulait donc j’essayais d’innover et faire des machins qu’eux ne faisaient pas. Je suis aujourd’hui complètement déconnecté des graffitis. Mais par rapport à quelques expositions, j’y reviens un peu et je me rends compte que les gens considèrent comme super important ce que j’ai fait. C’est super cool, ça me fait hyper plaisir.

Mais il ne faut pas oublier que l’esprit, c’est de tagger et de défoncer dans la rue. (…) L’esprit du graffiti c’est ça et rien d’autre. (…) Avec le graffiti, j’ai vécu les meilleures années. Je ne regrette pas une seule seconde.

Quand j’étais actif, c’était la galère, on barbait des bombes mais ce n’était pas particulièrement dur. Je ne taggais pas les métros parce qu’ils ne sortaient jamais. On se faisait courser mais ce n’était pas vraiment abusé. Les mecs de maintenant, les vrais de vrais, ceux qui portent le flambeau, qui défoncent dans la rue, c’est cinquante fois plus dur pour eux. Vraiment chapeau ! Ils ont mon respect illimité. Premièrement, ils sont obligés de galérer pour barber des bombes. Puis indépendamment de ça, il y a le niveau des mecs sur les murs qui est maintenant vraiment abusé. Je n’envisageais jamais que ça atteigne un niveau pareil à l’époque. Mais il ne faut pas oublier que l’esprit, c’est de tagger et de défoncer dans la rue. Je vois pleins de choses qui déchirent avec un niveau genre mortel, des couleurs, des trucs assez simples et des coulures que j’aime bien. Mais le conseil que je donnerais aux jeunes, c’est de ne pas oublier que le graffiti, c’est dans la rue. Ce n’est pas que des grands murs en couleurs car n’importe qui peut faire ça. C’est très dur de défoncer au point que ton nom en throw Up ou en tag, puisse être à tous les coins de rue comme l’ont fait par exemple O’CLOCK, ANDRÉ, PSYKOZE, OENO ou KEA. C’est facile de faire un tag, mais d’en faire cinquante mille, c’est vraiment la galère. Donc dédicace. Mon conseil est là : défoncer. Le reste, ça viendra. Quand j’étais un petit jeune, j’étais dans l’esprit du vandalisme et je taggais plus que tout le monde, mortel ! Petit à petit, j’ai acquis une technique et ça se ressentait sur les murs que je peignais. Si ce truc, c’est pour peindre dans des terrains vagues autorisés et jamais rien d’autres, ça n’a pas de sens. Ce n’est pas du graffiti. En fait, à la base, la pureté du truc, c’est de défoncer partout, à droite, à gauche. Voilà, ça c’est du graffiti. Pour chaque mur en couleur qu’on faisait à l’époque dans un terrain, à Stalingrad par exemple, il y en avait plein qu’on faisait aussi juste en argent et noir dans le métro. On faisait aussi des centaines et des centaines de tags avec SIGN, BOXER et SQUAT. L’esprit du graffiti c’est ça et rien d’autre. Je me réveillais, j’appelais Gilles (BOXER) ou COLT pour pécho des bombes. COLT faisait semblant d’être en fauteuil roulant pour en voler plus ! (rires). Une fois que c’était fait : « OK, on va défoncer ». On a vraiment déliré, c’était mortel. Il y a plein de gens qui me disent : « tu m’as inspiré »… Mais je n’arrive même pas à leurs chevilles sur mur ! De toute façon, si c’était à refaire, je referais tout, rien à foutre. Il faut aussi s’entraîner avant de commencer à faire des trucs sur un mur.. J’avais comme règle de faire au moins deux dessins par jour. Bon, maintenant, je ne fais plus que trois par semaine mais quand tu es dedans, il faut s’entrainer tout le temps. Il faut s’entraîner techniquement aussi et au bout d’un moment, tu arrives à faire des traits superbes. Avec le graffiti, j’ai vécu les meilleures années. Je ne regrette pas une seule seconde. Ça me fait super plaisir de peindre ici avec les 93 MC. Ca a toujours été des copains avec qui on traînait. Ils ont commencé par demander des conseils et on a essayé de leur en donner le mieux qu’on pouvait. Si ce n’était pas KAY, SWEN et KEA qui m’avaient invité à peindre ici, je ne serai pas venu faire ça. Quand ils m’ont proposé le Jour J, je me suis dit mortel, j’y vais direct, même si au départ je ne voulais pas peindre. Mais à la finale, c’est mortel et je n’aurai raté ça pour rien au monde. »

SWEN

93MC

« On vient de Saint-Denis et de la mouvance reurti. J’ai commencé le graffiti en 1984 mais uniquement dans le graffiti-vandale. On écoutait de la funk, on ne s’habillait pas trop en zulu donc on était un petit peu en marge de ça. Mais je sais faire du break, passer des disques, faire du beat-box et peindre. C’était un peu un mode de vie. On s’intéressait un peu à tout. Aujourd’hui, soit t’es rappeur, soit t’es breakeur, soit t’es DJ avec un plan de carrière. Nous, on a toujours fait ça avec le cœur. On devait faire cet événement du Jour J depuis deux ans. Nous n’avons pas eu de subventions. Ils m’ont prit pour un enfant, m’ont fait écrire des dossiers. Au bout de deux ans, ça n’a jamais abouti. A la finale, cet événement, on l’a débloqué en une après-midi. Encore une fois, si ce n’est pas nous qui organisons, ça ne sert à rien.

On a la légitimité pour réunir un tel plateau et je défie n’importe qui de réunir des gens comme ça. Ce n’est pas de ta faute mais si tu es né en 1991, t’as tout loupé. C’est pour ça qu’on essaie de montrer aujourd’hui ce qu’on vivait à l’époque.

On a la légitimité pour réunir un tel plateau et je défie n’importe qui de réunir des gens comme ça. Ce n’est pas de ta faute mais si tu es né en 1991, t’as tout loupé. C’est pour ça qu’on essaie de montrer aujourd’hui ce qu’on vivait à l’époque. Prends DEENASTY qui est là aujourd’hui sur le Jour J, il fait partie de ces mecs qui font avancer les trucs. Internet, c’est très bien mais ça casse la communication humaine. Donc on donne l’opportunité aux gens aujourd’hui de voir BANDO, MODE, SHOE ou DELTA peindre ensemble. Il ne manque que COLT. Les gens se sont déplacés dans un terrain qui donne la possibilité de peindre avec cinquante personnes en même temps. Même la météo est avec nous, donc tout va bien. D’ailleurs, on remercie Les Chiens De La Casse pour nous avoir laissé leur terrain de la Plaine Saint-Denis à disposition, sans qui cela n’aurait pas été possible. C’est nous qui avons tout fait, alors on ne remercie que nous mêmes (rires). Mais bien sûr, merci à tous les artistes qui ont répondu présents spontanément. Il faut garder ça comme une passion. Tu peux faire du rap, de la danse, tout ça, mais que le soir, que le samedi ou après l’école. Des graffeurs qui veulent percer, il y en a des milliers, comme des breakeurs ou des rappeurs. Dans les clips de rap ils te font miroiter qu’après tu auras la BM cab du clip avec la salope qui va avec, la montre en or et tout ça. Le rap français ne raconte que de la merde et a une mauvaise influence sur les jeunes, avec des trucs qu’ils n’ont même pas vécu, des trucs qu’ils ont juste entendu. Ne va pas raconter ça à des jeunes. Avant, je ne faisais pas gaffe. Aujourd’hui, je me rends compte de l’impact que ça a sur les petits. Tu as une responsabilité, il ne faut pas raconter des conneries. Moi, tout ce que je leur dis aux petits, c’est que tout ça, c’est de la location. La meuf n’est pas à eux, ils vont la rendre, la voiture, c’est une location, la montre, ils ne peuvent pas l’acheter avec le rap, c’est des menteurs. Vivez votre passion. Si vous percez tant mieux, si vous ne percez pas, vous aurez vos études et votre travail. Tant que nous avons la main sur notre discipline, nous pourrons être vigilants. Si c’est des gens de l’extérieur qui, sous le prétexte d’avoir de l’argent, viennent remanier le truc à leur sauce, non. Il s’est passé des trucs, nous ne sommes pas des menteurs. Derrière chaque tag, chaque graffiti, se cache une anecdote. La preuve, au bout de vingt cinq ans, on est encore là. C’est à nous d’organiser, pas à des mairies… Le concept du graffiti, c’est d’écrire ton nom partout. On a même écrit les nôtres au Grand Palais. On nous avait contacté en 2006, la collection n’était pas terminée, même pas commencé. J’ai jugé qu’elle était composée de beaucoup d’imposteurs. Tu ne peux pas parler de l’histoire de France sans parler de Napoléon ou Louis XIV. Donc tu ne peux parler du graffiti sans citer les 93 MC. On ne voulait pas que le graffiti français soit représenté par des imposteurs. Les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent, nous sommes inévitables. Le concept du graffiti, c’est de mettre son nom dans des endroits les plus inaccessibles. On l’a fait au Grand Palais. Ça n’a aucune autre signification particulière. Si il y a de l’argent, c’est que du bonus mais on a plus de plaisir à peindre aux Francs-Moisins ou au Clos Saint-Lazare que dans des trucs comme ça. Nous, on peint par plaisir, on n’a rien derrière la tête. Mais ces derniers temps, c’est un peu fashion de peindre avec nous. Il y en a plein qui ont essayé mais ce n’est pas ça. On reste entre nous, milieu fermé et ce n’est pas plus mal. Ils s’aperçoivent maintenant que depuis le pop art, il n’y a plus rien. C’est nous maintenant. C’est nous les nouvelles valeurs sûres dans ce qu’ils appellent le monde de l’art. On en reparlera dans deux ou trois ans pour voir comment ça évolué… »

SHOE – Photo © Down With This

SHOE

« Il y a beaucoup de talents, le mouvement du graffiti est constamment en évolution. C’est la chose que nous devons faire car c’est bon de le développer. Paris est bon, tout comme certains mecs en Allemagne mais je ne veux pas généraliser car il y a plein d’individualités. De la scène graffiti française, je peux juste voir les rues et je pense qu’autour de Saint-Denis, ce sont de vrais graffitis. C’est l’endroit où il faut être. Comme aujourd’hui au Jour J. C’est un vrai événement. Je suis déjà venu avec BANDO dans pas mal de places en France. J’étais déjà passé ici il y a plus de 20 ans. On a beaucoup peint tous les deux et le voir là, c’est toujours avec la même émotion. Il y a 20 ans, il venait à Amsterdam et moi je venais à Paris. On peignait aussi ensemble en Allemagne. C’était une sorte de pionnier en Europe. C’est génial de voir autant de monde ici. L’histoire avec les 93 MC remonte à loin. Je me souviens d’une fois avec NTM, le crew était venu avec le groupe. Ça devait être avec SOLO, il y a plus de 20 ans. Je ne m’en souviens plus vraiment mais si je regarde autour de moi, je me dis que c’est toujours bon d’être parmi eux. C’est bon d’être ici, de voir ce qui se passe et de voir qu’il y a aussi des mecs d’Amsterdam. Il faut continuer de tagger, c’est tout ce que je peux dire. Si tu ne taggues pas dans la rue, tu n’as pas ta place dans le graffiti. Rentre chez toi et va faire autre chose, sur un ordinateur par exemple. »

JAY ONE (BBC) – Photo © Down With This

JAY

ONE

BBC

« Il faut savoir que moi je viens du 19e arrondissement et à l’époque, il y avait un certain antagonisme entre le 19ème et la Seine-Saint-Denis. Je n’ai jamais aimé NTM. Musicalement, je n’aime pas trop le rap français. J’étais plutôt Destroy Man et Johnny go, plutôt à l’ancienne. C’est ce qui explique que les BBC et 93MC ne se sont pas connu tôt. Quand ils étaient sur les scènes avec les NTM, moi j’étais à Berlin. D’ailleurs, les NTM leur doivent beaucoup parce grâce au 93MC, NTM était présent dans la rue. Je ne les connais pas depuis longtemps, c’est-à-dire une quinzaine d’années (sourire). On a très peu peint ensemble. Nous sommes de deux générations différentes. On a souvent peint dans les mêmes terrains mais jamais ensemble. Je les ai rencontré par le biais de LEK, c’est lui qui nous a présenté. Ca devait être entre Saint-Denis et le 19e arrondissement, peut-être même vers Aubervilliers. BANDO, MODE et COLT, c’était des écoles différentes. On ne se parlait pas trop à l’époque. J’ai rencontré BANDO au terrain (ndlr : Stalingrad). D’être ici aujourd’hui, il y a un côté déprimant car il y a beaucoup de mélancolie. Il y en a certains qui sont partis. La nostalgie rentre en compte. Ca fait longtemps que nous n’avons pas peint ensemble. Nous ne sommes plus des ados. On est encore vivants et encore présents grâce à tous les gens qui aiment le graff et qui continuent de batailler pour le faire exister. On est là ! »

DARCO

FBI

« Il y a une évolution au niveau artistique, des styles, mais il n’y a que nous qui la comprenons. La communication s’est agrandie avec l’apparition d’Internet. On a mûri, c’est plus organisé. D’autres générations sont venues, ça s’étoffe, ça s’agrandit car c’est devenu universel. Au niveau de la professionnalisation, il y a eu une évolution assez majeure. On peut encore retrouver les états d’esprit d’il y a 25 ans. Evidemment, on peut avoir de la nostalgie par rapport à ce qu’on a vécu, mais c’est bien aussi maintenant. C’est très différent, à toi de choisir quel chemin tu as envie de prendre. Il y a des trucs impressionnants mais je n’adhère pas à tous forcément. Quand tu vois arriver des trucs, tu as pleins de références en tête donc tu assimiles les nouvelles choses par rapport à ce que tu as déjà vu avant. Je suis un puriste. Pour moi, l’important est surtout d’écrire son nom partout. »

KEA 93MC – Photo © Down With This

KEA

93MC

Il y en a beaucoup qui peignent dans les terrains et qui prennent leur temps pour faire un graffiti. A l’époque, on ne pouvait rester que vingt minutes maximum pour peindre un truc, après on se barrait. Aujourd’hui, c’est un peu moins sauvage. Mais ce que l’on ne veut surtout pas, c’est que l’argent change le truc. Il va en y avoir, c’est sur, mais on ne veut pas qu’il change la nature du truc. Dans certaines disciplines du hip hop, l’argent est rentré. Qu’il rentre, tant mieux. On peut bosser avec même, s’il n’y en avait pas au départ. Mais l’argent à tout prix dans le graffiti, ce n’est pas ce que nous recherchons. On est là, tu nous reconnais, c’est bien. Vous avez bien vu ce qui s’est passé avec le rap ? Franchement, il ne faut pas que ça évolue pareil, avec beaucoup d’argent, beaucoup de majors, à tel point que cette discipline n’est plus maîtrisé par les bonnes personnes. Il faut qu’on évite ça.

On ne veut pas d’un mec qui sort d’une école d’art, qui vienne faire des graffitis partout, qu’il prenne trois ou quatre photos dans un terrain et qui les envoie sur internet en disant : « voilà, j’ai tout niqué ». On ne veut pas de ça. Nous ne laisserons pas passer ça.

On doit pouvoir réussir à en garder le contrôle même si certains commencent à s’y intéresser. On a fait le Grand Palais par exemple mais c’était soit nous, soit quelqu’un d’autre. On a décidé que ce soit nous. On ne veut pas d’un mec qui sort d’une école d’art, qui vienne faire des graffitis partout, qu’il prenne trois ou quatre photos dans un terrain et qui les envoie sur internet en disant : « voilà, j’ai tout niqué ». On ne veut pas de ça. Nous ne laisserons pas passer ça et on espère que ça ne va pas partir en sucette. J’ai eu une histoire avec AEC, NASTY j’aurai pu le défoncer. Ils ont voulu fausser l’histoire, faire passer chronologiquement des choses avant les autres. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Il y a des gens comme ça. Le problème est que des petits jeunes qui vont s’intéresser aux graffitis vont croire leur livre. Je ne vais pas sortir du bouquin pour dire : « attention erratum ! ». Je leur ai rendu la monnaie de leur pièce. Le toy fait partie du graffiti.  C’est tout. Aujourd’hui, au Jour J, il y a aussi bien des mecs qui ont de l’argent, que des mecs de cité. C’est ça qui est bien dans graffiti, tout est mélangé. Tu vois BANDO qui vit à Miami mais qui est là aujourd’hui. Il n’y aurait pas tous les gens qui sont là aujourd’hui s’ils flippaient de nous. Même à l’époque, ça n’existait pas tous ces peintres sur un même terrain. Ce n’était pas possible (rires). »

Nous terminerons ce dossier par l’aspect «économie» que représente maintenant le graffiti. Au cours du nouvel entretien de SWEN (mai 2013), vous en comprendrez quelques déroutes : « Je n’étais pas au courant de la fresque qui le concernait (voir ci-dessous – ndlr : Alain-Dominique Gallizia, collectionneur), je l’ai découvert en même temps que tout le monde. Je pense que cela lui a fait du mal, ça l’a touché. Ça a été fait pour lui donner une petite leçon. Tu ne peux pas tout acheter avec de l’argent. Mais tu trouveras toujours des tarlouzes à qui tu donneras vingt euros ou une bouteille de whisky pour peindre tout un bâtiment. Tu trouveras toujours aussi des gens qui ont le luxe de tenir tête à ces gens-là. Le graffiti est en vogue. C’est donc un nouveau créneau pour les maisons de vente. Ils ont réussi à se renouveler un peu. Mais quand tu vois les catalogues de vente d’il y a quelques années, il faisait 800 pages ! Maintenant, c’est plutôt 120… C’est comme ça. C’est comme un centre de formation de foot. Au début, on est 300. A la fin, il n’en reste qu’une poignée. Ça se resserre un petit peu. Chaque galerie a pris son artiste et ils misent sur eux, quitte à fausser l’histoire du graffiti. Il y a beaucoup d’imposteur. Des gens s’inventent une carrière alors qu’ils n’étaient pas là ou qu’ils n’ont taggué qu’une semaine. Cela fausse le marché. Maintenant, quand on parle avec ces gens-là, ça va être presque nous qui ne sommes pas légitimes ! Je m’y suis mis car c’est une autre facette du graffiti mais ça ne reste qu’un support ».

Dossier réalisé par Flo et Nobel
Propos recueillis par Flo le 13 juin 2009 et le 15 mai 2013
Photos réalisées par © Down With This – Photo 93NTM (1990) réalisée par © Alain Garnier
Ce dossier est dédié à la mémoire de :
FAME, AREM, J LEE, CESAR, SHEST, LADY V, PATOU, NAZE, RACE, ZONE, TARA B, SISTA B
(paix à leurs âmes)

Alain-Dominique Gallizia – Photo © Down With This

Paris Tonkar : historique du tag (1991)

Documents
Bando

1986-1989 : c’est la première explosion de ce phénomène. Le métro, en effet, commence à être « ravagé », surtout les lignes 13 et 4. Les CTK se mettent à faire les couloirs de certaines stations et ce, avec l’aide précieuse des NTM.

Littéralement « cartonnée » à partir de la fin des années 1980, la capitale française deviendra alors européenne. Allant jusqu’à intriguer outre-atlantique par son vandalisme et sa créativité, Paris avait frappé fort. Collant au mieux à l’esprit de l’époque, la sortie de « Paris Tonkar » en 1991 en fera le premier ouvrage entièrement consacré au tag et graffiti à Paris. Ce livre culte avait brillamment retranscrit l’éclat de ce milieu durant les années 1987 à 1991. Nous en reproduisons ci-dessous une partie consacrée à l’historique du tag avec l’autorisation de l’auteur, Tarek Ben Yakhlef, que nous saluons au passage.

« D’horizons divers ces jeunes ont tous une même passion, le plaisir d’écrire, et une même envie, être reconnus par leurs pairs. La communication au sein de ce groupe est à la fois murale et orale. Les exploits, en effet, se transmettent de bouche à oreille jusqu’à la déformation absolue de la réalité créant parfois des situations compliquées. (toyage, bagarre, …)
Pour comprendre l’esprit et les motivations des tagueurs il faut tout d’abord envisager leur évolution dans le temps et dans l’espace, tout en expliquant par la suite les ruses et les techniques employées dans la tentative d’exploits toujours plus dangereux.

1983 / 1986

Les premiers groupes se constituent dès cette époque tels les TCA, les CTK, ou les PARIS CITY PAINTERS. Tous sont sous l’influence du style New Yorkais : c’est un style assez lisible par tous, comportant des lettres inclinées vers la gauche. Les tags, entre 1983 et 1985, étaient peu présents dans les rues et très localisés (quai de la Seine et la Petite Ceinture). Nous retiendrons JOE, MUCK et SHEEK comme les plus « enragés » pendant cette période de gestation.

1985

Les BBC découvrent Le terrain de Stalingrad. Dès lors, le tag va s’intensifier dans la capitale sous l’impulsion des RRC, des PAW, des RKS, des URB, des CTK et des TCO.

1986 / 1989

C’est la première explosion de ce phénomène. Le métro, en effet, commence à être « ravagé », surtout les lignes 13 et 4. Les CTK se mettent à faire les couloirs de certaines stations et ce, avec l’aide précieuse des NTM (TEX, KAY, DOSE, TEE.J). Le fameux BOXER, tant recherché par la police et tant adulé par les initiés de cette époque , commence à laisser des traces visuelles le long des voies ferrées. De leur côté, BANDO et SION vont parcourir Paris à vélo tout en posant beaucoup de tags. A l’instar de PSYCKOZ et de SPIRIT, tous possèdent un bon style calligraphique. Au début de l’année 1988, des jeunes commencent à faire des dépôts de métros . Par exemple, les NTM, les 93 MC, les DCM et STURDY vont inaugurer les surfaces des « métros de la treize ». Cependant, la rue va être tatouée par ces scribes modernes armés de marqueurs et de bombes : les MST, les CWA, les CKC et les Pl 5 sont parmi les plus actifs. En outre, c’est une année charnière: les 93 NTM et les CAS voient le jour.

1989 / 1990

Les tagueurs deviennent de plus en plus entreprenants puisqu’ils n’hésitent pas à faire des descentes dans les entrepôts de la RATP et du RER. En effet, les VEP, les 4AD, les DKG, les 240ADM et les 93 NTM vont s’imposer dans le métro en très peu de temps. Les initiés torchent leur tag plus rapidement, d’où l’importance de ces écritures sur les parois du métro. MAM et SEEP sont considérés comme les plus vifs et les plus rapides. Toutefois, cette vitesse d’exécution et l’apparition de nouveaux initiés font baisser le niveau du « new style ». Ironie du sort, ce dernier s’affirme en 1990 alors que la qualité s’est détériorée : Les rondeurs des lettres deviennent des angles droits , ce qui rend le tag plus agressif et de moins en moins lisible par les personnes extérieures au mouvement. Un tagueur nous disait que maintenant « le new style c’est l’arrache totale », Adoptant cette nouvelle technique, les anciens vont rehausser la qualité du lettrage utilisé. Ainsi, cette recherche stylistique remet totalement en cause toute forme de calligraphie stricte ou monotone. L’influence de New York disparaît après ce changement qui, notons-le, permet à Paris de devenir et de s’affirmer comme un centre vivant et créatif, poussant le tag à l’extrême.

1990 / 1991

A partir du mois de Septembre de l’année 1990, la RATP intensifie son réseau de surveillance – en particulier dans les entrepôts – en tentant une opération de lavage continuel et quotidienne de toutes les rames décorées. Le résultat est très rapide puisqu’en deux mois on constate qu’il y a de moins en moins de tag dans le métro et que les extérieurs deviennent propres. Toutefois, MAO, DEGRE, DEFUN, ERY 2 et AZYLE deviennent célèbres en « posant » dans les rues et dans le métro sachant pertinemment les risques importants que cela comportait. Apparemment, ce n’est ni la mort ni la fin du mouvement. Bien au contraire, les nouveaux venus s’associent aux plus anciens pour faire « avancer le mouv ». A titre d’exemple, en 1990, EXPER est encore très actif au sein des TCP. Cependant, on peut avouer que les amendes, les brutalités de la police et la surveillance du métro par les « COSMONAUTES » découragent quand même beaucoup de personnes à s’y mettre. Tous ces jeunes qui ont adhéré au mouvement sont à l’origine d’un nouveau type de communication et ont contribué à l’affirmation de cette culture sauvage ou plutôt de cette culture du béton. Ils ont engendré de nombreux graffeurs qui forment aujourd’hui une nouvelle « école artistique » radicalement opposée aux dogmes du Ministère de la Culture et plus généralement à toutes sortes de règles, de préceptes, dispensés dans les écoles d’art. »

Ouvrage introuvable, une réédition anniversaire de Paris Tonkar en tirage limité deluxe est en cours avec une sortie annoncée pour fin 2012. A noter également pour début 2013, une nouvelle édition de Paris Tonkar «avec de nombreuses photos inédites, des textes et des documents dévoilant l’histoire des premières années du graffiti en France de 1983 à 1995». En attendant, retrouvez la version magazine dès maintenant en kiosque ou leurs infos sur le site Paris Tonkar

Ticket choc pour le « Mouvement »

Documents
Bando, bbc, ctk, Fat, Jay One, Le Globo, Marc Boudet, solo, Stalingrad, TCG, Yoshi Omori

Il y a pas mal de gens qui cherchent à savoir ou qui en entendent parler… Il y a eu très peu de matières graphiques ou de vidéos qui ont circulé alors que Stalingrad et Le Globo étaient deux hauts lieux du mouvement hip hop français, européen et même mondial.

Voici un livre d’une importance capitale pour le hip hop français. En le parcourant attentivement, votre proximité avec le terrain vague de Stalingrad et les ambiances festives du Globo seront déboussolantes. Par la conviction de Jay One, Marc Boudet et Yoshi Omori, ces deux lieux historiques qui ont accueilli les pionniers du hip hop en France (milieu des années 1980) reprennent vie sous forme de récits réussis et d’archives uniques.

Jacky (Jay One) a été le moteur de cette histoire, il a fait une grosse partie du boulot, de la maquette… Il m’a cassé les burnes pour l’écriture et il a eu raison car on s’est aperçu que les textes correspondaient exactement à la thématique. (Marc Boudet)

La force de cet ouvrage est bien sur construit autour des photos inédites du photographe Yoshi Omori. Ces dernières vous permettront de visualiser la plupart des véritables «usagers»  du terrain. Comme s’amusait à nous le rappeler Fat (Salim) lors de notre entrevue : « à en entendre les récits farfelus de certains qui n’étaient même pas nés à l’époque, il aurait fallu installer des miroirs sur les murs du terrain pour avoir l’impression qu’il y avait foule ! ».
Jay One (BBC), artiste peintre et ancien de Stalingrad, a joué un rôle déterminant dans la sortie de ce livre, comme nous le confirme l’ancien journaliste Marc Boudet : «Jacky (Jay One) a été le moteur de cette histoire, il a fait une grosse partie du boulot, de la maquette… Il m’a cassé les burnes pour l’écriture et il a eu raison car on s’est aperçu que les textes correspondaient exactement à la thématique».

Jay poursuit : «Il y a eu très peu de matières graphiques ou de vidéos qui ont circulé alors que Stalingrad et Le Globo étaient deux hauts lieux du mouvement hip hop français, européen et même mondial. Il y a pas mal de gens qui cherchent à savoir ou qui en entendent parler. C’est bien qu’il y ait des gens qui soient issus du mouvement pour faire des livres et qui gèrent un peu ces aspects. Qui de mieux pour en parler ?».
La boucle est bouclée. Celui qui se rendait au terrain comme un fidèle en mission a décidé de ne pas laisser tomber son temple. Découvert par son frère d’arme, l’artiste peintre Ash (BBC) en 1984, le terrain est confisqué en 1989 mais il reste encore dans la famille… et continue de drainer toutes sortes de lettrage puisque s’y est dressé, en remplacement, un centre de tri de la Poste. Mais l’ambiance a un peu changé…

Il y a eu très peu de matières graphiques ou de vidéos qui ont circulé alors que Stalingrad et Le Globo étaient deux hauts lieux du mouvement hip hop français, européen et même mondial. Il y a pas mal de gens qui cherchent à savoir ou qui en entendent parler (Jay One).

Jay a lancé ce projet de livre en 2007 en sollicitant Marc Boudet, qu’il avait rencontré au terrain près de trente ans auparavant. Journaliste consciencieux (tiens, ça existe ?), Marc empruntait le métro aérien chaque jour pour aller au taf et restait interpellé par les «activités» du terrain. Ces mouvements de danse et de peinture avaient fini par l’attirer. Yoshi Omori, qui a eu l’intelligence de capturer ces moments de gestation, l’accompagnait très régulièrement : « Yoshi était quasiment le seul à y faire des photos. En tant qu’ancien journaliste, je savais qu’il y avait des images qui méritaient d’être publié. Aucune image n’est sorti du Globo. Il n’y a pas eu de film. On avait essayé en 1987 de diffuser ces images dans la presse spécialisée mais on n’y était pas arrivé. Personne ne voulait en entendre parler. J’avais fait le tour de toutes les rédactions spécialisées mais bon, je ne préfère pas raconter tous ces détails, croustillants… Peut être une autre fois… En tout cas, j’ai quitté le journalisme à cause de ça ». La somme des mots et les photos publiées provoquent un véritable flashback aux côtés des pionniers et activistes de ce mouvement mondial : DJ’s Red Alert, Cash Money, Dee Nasty, Fab, les BBC, TCG, BOS, NTM, IZB, Johnny Go, Destroy Man, Colt, Mode2, Bando, Meo, Solo, Squat, Gabin, Noël, Jonone, Fat, Scot… mais également Public Enemy pour un concert légendaire !

Aux Etats-Unis, le photographe Joe Conzo avait offert la «bible» au hip hop américain à travers son livre Born in the Bronx (2007), précieux ouvrage mêlant photos et archives. C’est maintenant au tour de Jay, Yoshi et Marc de nous livrer notre «bible» française dont la retranscription est honorable pour la mémoire du mouvement. Marc Boudet nous précise à ce propos : « finalement, c’est bien que ça sorte près de trente ans après. Ca n’aurait peut être pas été perçu de la même manière si cela serait sorti avant. Jacky (Jay) m’avait relancé en 2007 en me disant « y en a marre, faut faire quelque chose». Je me sentais redevable vis à vis d’une partie des gens qui m’avaient accueilli à l’époque. Le temps a passé et cela devait sortir maintenant, c’était écrit… ».
«On se préoccupait peu de connaître l’éditeur. On s’intéressait plus à la teneur du bouquin. On ne voulait même pas entrer en contact avec un gros éditeur. On voulait que se soit le plus indépendant possible et garder le contrôle.» Cette précision de Jay est importante car ce qui résulte de cette démarche est un engagement sur le fond et non pas en substance comme on a pu le déplorer récemment devant la manoeuvre maladroite et mercantile : la triste «contrefaçon» de Rapattitude (bien que les photos d’Alain Garnier offrent à cet autre livre sa seule crédibilité). On est cette fois en phase comme on a pu l’être avec Paris Tonkar, Paris City Graffiti ou encore Descente Interdite.
Ils avaient vu juste. Ce livre se devait d’exister pour l’histoire et la mémoire du hip hop en France. Il rebooste par la même occaz la fierté d’y appartenir.

Malgré des légendes de photos parfois un peu «terrain vague», les instants captés de ce monde parallèle suffisent à en décrypter le plus important : sa brillante spécificité en France en avait fait la place européenne la plus consistante. L’idée d’une vulgaire transposition est ainsi balayée pour laisser place à une incontestable universalité du hip hop. «J’ai l’impression que nous avons enfin bouclé un travail d’information qui n’avait pas été fait à une certaine époque…» souligne Marc Boudet. Quelques photos additionnelles récentes de poings américains et autres schlass d’époque tendent à rappeler également que la vie au terrain n’était parfois pas aussi cool que les scratchs de DJ Dee Nasty…

Honorez l’invitation spatio-temporelle de Jay One Ramier, Marc Boudet et Yoshi Omori les yeux fermés et rouvrez-les à bord de leur Doloréane… Marty Mac Fly n’a encore rien vu à côté de ce que vous allez pouvoir apprécier. Pour ce voyage, qui mérite de payer son ticket choc, merci et encore merci. Nobel

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