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Kimto Vasquez, l’explorateur

Société
Alain Soral, Dieudonné, Dooeen Damage, Kimto Vasquez, L'Océan, Less du Neuf, sheryo, Tonton du café du commerce

C’est ce qu’il m’arrive, mon insolence ne passe pas auprès des Inrocks. On continue à me parler dans le rap, je suis encore sollicité car ils voient bien que je ne suis pas devenu un horrible raciste antisémite ou je ne sais quoi.

Kimto Vasquez sort en trombe du peloton rap français pour tenter une échappée en solitaire. Une distance irrémédiable qui ne cessera surement de le déclasser tant sa motivation est atypique. L’entraide entre équipiers sera difficile… Aussi surprenant que cela puisse paraître, le coureur Kimto a décidé de rouler sur des pistes jusqu’à lors jamais pratiqué dans le rap : il est maintenant le premier artiste d’une culture traditionnellement ancrée à gauche fréquentant des courants alternatifs liés à la droite dure ! Ne sont jamais loin les références à Dieudonné, la branche humoriste d’Al Quaïda et Alain Soral, écrivain (ex « communiste frontiste » connu pour son rejet du rap et ses stratégies de principal artisan du ralliement des jeunes issus de l’immigration au sein du FN de 2007 à 2009). Le retour de Kimto ne marque donc pas une simple volonté de participer aux étapes contre la montre du rap débile et abrutissant. L’ex-moitié de Less du Neuf a choisi de réfléchir, de se poser des questions et trouve certaines de ses inspirations dans des écrits qui prêtent à polémiques. Alors que Kimto livre son nouvel album, L’Océan (sortie en octobre 2012), il va se voir rapidement décerner le maillot jaune de l’ignominie par certains médias après l’écoute de son morceau Tonton du café du commerce. Ses nouvelles fréquentations pèseront lourd dans la balance. Dorénavant, les pires soupçons planent au dessus de sa tête. D’autres rappeurs lui emboiteront-ils le pas ? Sa position restera t-elle marginale ? Celui qui reconnaît aisément sa bonne foi et s’être déjà beaucoup trompé sur plusieurs personnes lors de sa carrière ne serait-il pas en train de récidiver ?

Down With This : Parles-nous un peu de ton enfance et de ton pays d’origine, ça va nous détendre.
Vasquez : Mes parents sont originaires d’un même village au Portugal. Je suis né en France, en 1975, mais j’y ai vécu quelques années à partir de 1982 parce que mes parents avaient le projet d’y retourner. Comme j’étais en âge d’aller à l’école et qu’ils ne voulaient pas que je prenne de retard, je suis resté chez mes grands parents jusqu’en 1986. J’y ai fait trois années d’école primaire et une année de collège. Le projet de retour de mes parents n’ayant pas abouti, il a fallu revenir d’urgence en France. Tout cela explique mon attachement au Portugal et à mon petit village, situé à 70 Kilomètres de Porto, sur la côte, au nord, une petite station balnéaire avec un port de pêche. Cet endroit est important car il me renvoie à tous mes souvenirs d’enfance, à mes copains d’école, à ma famille…

DWT : Comment perçois-tu la communauté portugaise, as-tu continué d’être baigné dans cette culture à ton retour ?
Vasquez : Mon père n’était pas très fan des week-ends en communauté et il ne me l’a jamais imposé. Nous ne fréquentions pas les associations portugaises. Je côtoie des personnes de ma communauté qui sont très discrètes, très travailleurs et d’autres aussi, plus jeunes, moins discrètes car un peu plus flambeurs. Mais cette attitude est récente, les anciens ne sont pas là-dedans. Je ne porte pas de jugements. J’aime les portugais comme j’aime les autres. Je suis fier d’être portugais et j’ai la double nationalité depuis 1994, je suis aussi français de cœur, mes enfants le sont. Cela fait vingt-cinq ans que je suis revenu en France. Depuis tout jeune, on s’est beaucoup fait critiquer pour notre côté matérialiste et m’as-tu vu quand on y allait, c’était devenu une sorte de discrimination, de cliché. J’ai un morceau sur ce thème, dans lequel je me moque un peu de ça. Avec le temps, ce sont les mêmes portugais qui se sont mis à prendre les mêmes crédits que nous, les mêmes belles voitures allemandes, au moment du lancement de l’euro et l’arrivée des crédits. A l’arrivée, ils vivent maintenant une crise horrible du surendettement. Malgré cette auto-critique, je reste évidemment solidaire car on leur avait vendu du rêve, et comme souvent, ils n’avaient pas la bonne base de données pour faire les bons choix.

Mes dernières thunes s’étant envolées pour la production de notre deuxième album, cela faisait déjà six mois que j’avais trouvé un travail. J’avais essayé le R.M.I. mais ce n’est pas trop mon truc de demander quoi que ce soit.

DWT : Tu as fais parti très longtemps d’un groupe de rap, Less du Neuf, et tu as fini par faire une chose très rare chez un rappeur : aller bosser comme tout le monde…
Vasquez : Ça a été un long processus. J’ai pris en pleine gueule mon immaturité. Je mets ça sur le dos de la crise de la trentaine mais aussi quand j’ai commencé à découvrir le vrai visage de mon producteur de l’époque. J’étais en fait bien plus solidaire de lui que lui l’était de moi. Ce revirement a donc commencé par la rupture avec Dooeen’ Damage (label de production). Malgré que la maquette du deuxième album de Less du Neuf était déjà prête, j’avais finalement décidé de le produire avec l’argent que j’avais gagné sur le projet Taxi 2. Grâce à Sarkozy, on avait monté une petite SARL à un euro (rires). Le projet n’était pas viable commercialement mais on voulait vraiment sortir cet album plutôt chouette. Naïvement. Ol’Tenzano a pris à ce moment ses distances en nous laissant tout de même ses beats. Il était de loin le plus travailleur et le plus talentueux de nous trois. Après le bonheur de la réal, pendant toute l’exploitation et la promo, je me suis mis à vivre seul, à subir toute la désorganisation d’un groupe. Il n’y avait pas vraiment de cohésion dans la direction artistique, dans la communication entre nous ainsi qu’avec les autres partenaires. J’ai beaucoup travaillé pour ce groupe, j’étais le MC régulièrement à l’heure, le MC qui choisissait généralement les instrus, qui écrivait le premier couplet et le refrain. L’autre membre m’a toujours suivi à ce niveau-là mais quand celui-ci a voulu prendre un peu plus d’initiatives sur le troisième album, je l’ai mal vécu. La direction artistique qu’il voulait prendre et ses goûts ne me convenaient pas. J’en avais aussi marre des retards, de prendre des avions ou des trains tout seul alors qu’on était attendu pour un concert. Tout ça m’a lassé et je me demandais quel en était le sens. Je m’interrogeais sur ce que je faisais de ma vie en fumant mes pets, en devenant de plus en plus triste et passif. J’en suis arrivé après à saturer durant l’enregistrement du troisième album, chez Desh, à Aubervilliers. Grosse déprime et perte de sens. J’ai tout arrêté. Mes dernières thunes s’étant envolées pour la production de notre deuxième album, cela faisait déjà six mois que j’avais trouvé un travail. J’avais essayé le R.M.I. mais ce n’est pas trop mon truc de demander quoi que ce soit. D’ailleurs quand je suis allé m’inscrire comme demandeur d’emploi, le mépris du conseiller ne m’a pas plu, et plutôt que faire le canard, je suis parti et je ne suis plus jamais revenu. J’ai trouvé du travail assez facilement, j’ai rentré quelques poubelles de bon matin, laver quelques cages d’escaliers puis rapidement, j’ai intégré une boite de travaux sur cordes où je bosse encore. Cela m’a permis d’avoir une hygiène de vie différente de ce que j’avais vécu pendant quinze ans où je n’étais qu’artiste à me coucher à n’importe quelle heure et à exagérer des plaisirs de la nuit.

J’aurai pu être récupéré, instrumentalisé ou faire plein de conneries. D’ailleurs, j’en ai quand même fait pas mal : j’ai rappé à Skyrock et je me suis endetté auprès de mon distributeur pour que Génération passe les morceaux.

DWT : La musique t’a tout de même apporté de bons souvenirs ?
Vasquez : Ca a été du bonheur, en effet, j’y ai rencontré ma femme, la mère de mes garçons, j’avais réussi à garder un espace de liberté. J’aurai pu tomber dans tous les pièges, j’ai commencé à rapper jeune. J’ai également signé sur un label indépendant et fait des projets de majors en étant jeune. J’aurai pu être récupéré, instrumentalisé ou faire plein de conneries. D’ailleurs, j’en ai quand même fait pas mal : j’ai rappé à Skyrock et je me suis endetté auprès de mon distributeur pour que Génération passe mes morceaux. Le destin m’a guidé entre l’éducation que m’ont donné mes parents et l’envie de garder cet espace de liberté. Je n’ai jamais envisagé le rap comme un concept ou bien comme une esthétique définie et artistiquement. Je ne me suis jamais enfermé dans quelque chose. Quand j’ai eu envie de pleurer, j’ai pleuré. Quand j’ai eu besoin de passer de la colère, je l’ai passée. Du deuil, de l’humour, j’ai même souvent voulu atteindre une certaine légèreté. Je ne conçois pas la musique avec quinze fois la même atmosphère. Ce n’est pas un truc qui m’a séduit. Je suis guidé par les yeux de mon cœur, les synchronicités, le destin. Les rencontres et les accidents de parcours que j’ai eu m’ont servi à devenir ce que je suis aujourd’hui. J’espère continuer ma quête.

DWT : Tu t’es remis récemment dans la musique pour sortir ton premier album solo. Tu en as mis du temps pour embrayer sur ce projet…
Vasquez : Besoin de prendre du recul. Je me suis rapproché des valeurs de mon père. Ça m’a fait du bien et permis de retrouver un équilibre. J’avais tout de même racheté un peu de matériel car j’avais gardé le goût de faire de la musique. Quand j’avais un peu de temps, j’ai appris vaguement à faire du son avec un sampler et réaliser mes petites idées, dont la plus aboutie, « l’Océan », qui figure dans l’album. Puis j’ai rencontré Luisinho Beatmaker, un gars d’origine portugaise du nord de la France, de Cambrai. Il m’a écrit et indiqué qu’il était sensible à mon travail avec Less du Neuf. Il a commencé à me proposer des choses. J’étais très libre, je n’attendais plus rien du rap. J’ai pris énormément de temps pour faire l’album, en étant très critique. Sans le savoir, j’ai commencé à l’écrire en 2002. On laissait mûrir, on corrigeait les choses. Pour Luisinho, ça tombait bien, ça lui faisait aussi du bien car il franchissait un cap en travaillant avec un artiste qui avait plus d’expérience. Puis la concrétisation s’est accélérée lorsque mon ami Nina Kibuanda m’a invité sur son album et que j’ai rencontré le co-réalisateur du bébé.
Je ne peux pas ne pas citer le talentueux Ben Bridgen, à qui je dois le côté hybride de cet album auquel je tenais absolument ; les arrangements, des compositions originales et toute la chaleur des instruments. Je me réclame autant du rap que de la chanson française.

DWT : Dans le rap français, on entend souvent parler de la rue et des «vrais bonhommes». Le plus vrai d’entre eux ne serait pas celui qui s’occupe humblement de sa famille en allant bosser comme monsieur-tout-le-monde ?
Vasquez : Nous vivons tous des situations différentes avec des tempéraments différents. Pour ma part, ne pas faire honte à mes parents m’a très souvent aidé, même dans le rap. Je leur disais que je ne perdrai pas ma dignité. Je n’ai pas essayé de m’inventer un parcours, de me créer un personnage éloigné de ce que je porte, ni profité du rap pour m’encanailler. J’avais peu d’appétit pour les filles faciles, je ne me suis pas servi de Dooeen’ Damage pour avoir des gardes du corps et sortir flamber dans toutes les soirées de Paris. Le plus souvent, je restais au quartier avec mes copains, en petit comité à rire et à refaire le monde. J’ai toujours été très proche de ce que mes parents mon inculqué malgré quelques rejets adolescents. Quand on parlait de rap de fils d’immigrés, c’était ça pour moi. On voulait transmettre les valeurs de nos parents, plus que des valeurs soixantehuitardes. Pour moi, un vrai bonhomme, c’est comme mon père et j’espère que je suis sur son chemin. La «virilité» dont tu parles, du rap, ne me parlais pas et je n’ai jamais essayé de rentrer dans cette posture-là. J’ai des souvenirs de concerts où toutes les têtes d’affiches se croisaient. Tout le monde sortait son 31. Moi, je faisais exprès de venir avec le pull que ma tante avait acheté au marché du village, au Portugal, et que ma mère me ramenait. J’étais content de porter ses sapes à un événement de rap. Ça me faisait plaisir (rires). Bon… j’avoue, j’ai eu quelques fois des looks bien foireux ! (rires)

DWT : Au regard de ce qui est proposé aujourd’hui en terme de rap français, les rappeurs ne s’enferment-ils pas dans une invention de personnage ?
Vasquez : Chacun son libre arbitre, ses choix. Je constate de la surenchère dans ce qui est mis en avant. Aujourd’hui, je suis dans les lectures et René Guénon, un auteur traditionaliste, appelle ça « le règne de la quantité ». J’essaie de me former un peu à la géopolitique, à l’histoire, entre autres. Je suis dans ma quête de compréhension, j’écoute les différents spécialistes et j’écoute ma « petite voix ». Il y a beaucoup de choses qu’on nous a inculqué et qu’on n’a jamais vraiment vérifié. On nous a éduqué par l’école, par la presse. On nous a appris des choses et on est resté dessus. C’est devenu un dogme en croyant que certaines choses sont acquises. La démocratie, élément important de la pensée unique, par exemple : personne ne la met en doute. On bombarde des civils pour y amener la sainte démocratie et c’est positif. Le rap forcément n’échappe pas à la beauferie et au conservatisme aveugle. On dit tout le temps dans le rap qu’on est les enfants des autres musiques noires. Mais finalement, pas tant que ça. Entre la mentalité des gens du rap et celle de ceux qui ont vécu d’autres époques, il y a globalement comme un fossé. A force d’être les deux pieds dans une culture, on oublie peut être d’avoir un pied dans la réalité. Aujourd’hui, même le plus modeste des rappeurs ne s’occupe que de son rap. Rares sont ceux mis en avant qui, à côté de leur passion pour l’écriture, de la danse ou du graffiti vont lire des livres, avoir un job à côté ou réussir à être de bons chefs de famille. Seuls le matérialisme et la violence sont mis en avant. A partir du moment où tu es dans un milieu artistique, tu as tendance à t’isoler et te couper de la réalité. Mais la réalité est cruelle. Il y a trop de choses qui ne nous plaisent pas. Le salariat, c’est aliénant, ça fait de nous des robots. Quand le rap est arrivé dans nos vies, ça nous a permis de cultiver quelque chose de nouveau par nous même, sans qu’on nous impose de normes, de formation ou d’école. Ca nous paraissait comme positif mais aujourd’hui, nous sommes en train de taper le revers de la médaille et c’est au tour du rap de devenir aliénant.

Les mensonges sont trop énormes. Je ne vote plus, je suis entré en dissidence. Je ne crois plus en la démocratie telle qu’on nous l’a vendu.

DWT : Justement, il semblerait que tu es inventé un nouveau format dans ta discipline, « le rap infréquentable ». Notamment à l’écoute de tes propos dans ton album, comme sur le révisionniste Robert Faurisson. Alors, heureux ?
Vasquez : Je donne mon corps à la science en ce moment. (rires) En gros, j’avais deux tiers de l’album qui étaient réalisés quand je me suis mis à potasser sur le cas Dieudonné. Cela m’a fait connaître ou redécouvrir les gens qui étaient autour de lui, comme Alain Soral, dont j’ai étudié le livre « Comprendre L’Empire ». J’ai beaucoup aimé l’ouvrage et ça m’a mis la puce à l’oreille, car il n’y avait pas d’annotations donc un travail de recherche à faire soi-même. J’ai appris également qu’autour de Dieudonné, il y avait un historien, Paul-Eric Blanrue. C’est grâce à lui que j’ai découvert Robert Faurisson. Je savais vaguement que c’était le «pape du négationnisme» et du coup, je m’y suis intéressé en détail. «Négationnisme» est un barbarisme inventé par ses adversaires. En fait, le révisionniste, c’est un peu ce qui manque à l’historien pour être complet. L’histoire est écrite par les vainqueurs et avec le système en place, cela conditionne une population. Du coup, on a remplacé malhonnêtement le révisionnisme par ce mot de négationnisme. Mais le révisionnisme est quelque chose de normal dans l’histoire. N’importe quel historien devrait revoir, réviser, vérifier les documents historiques, les infos. C’est normal, ça bouge, c’est une science humaine. A chaque fois qu’il y a des progrès scientifiques ou de nouvelles avancées archéologiques, par exemple, de nouvelles infos peuvent êtres découvertes, retrouvées, déclassifiées et pas seulement sur une période précise de l’Histoire. J’ai entendu quelques trucs de Robert Faurisson dont je ne parlerai pas plus parce que je n’en ai pas le droit. Je ne peux pas dire publiquement si je suis d’accord d’ailleurs. Tu es obligé par la loi à croire une version « précise » des évènements, c’est comme ça, interdit par la loi. Je trouve ça très suspect que les parlementaires se mêlent d’histoire. Malsain. Ça ressemble à tout sauf à de la démocratie finalement. J’ai cru certaines choses, j’étais inscrit sur les listes électorales, j’ai voté. Mon père a vécu sous le fascisme et m’a toujours sensibilisé à ça. Aujourd’hui, je suis à un âge où je remets justement tout ça en question. Les mensonges sont trop énormes. Je ne vote plus, je suis entré en dissidence. Je ne crois plus en la démocratie telle qu’on nous l’a vendu. J’ai étudié un peu l’économie, l’histoire de la monnaie, j’ai gobé l’école et les médias comme beaucoup et je pense savoir maintenant, par d’autres alternatives comme la chronique de Pierre Jovanovic, que nous sommes au bord de l’abysse au niveau monétaire et financier. La monnaie ne repose sur rien. On est dans le virtuel, le spéculatif depuis des décennies. De moins en moins de création de richesses, de plus en plus d’emprunts à des taux fous. Les banques prêtent de l’argent qui n’existe pas. Il n’y aurait pas assez de liquidité pour tout le monde si on suivait Cantona dans son délire de tirette. Un enfant qui nait est déjà endetté de plus de 25 000 euros ! Le début de la dette dont on nous parle tout le temps remonte à la privatisation de la Banque de France. Ce qui s’avère intéressant car cela permet à nos maîtres de régner… par la dette ! Alors les clivages politiques dans tout ça, c’est de la baise ! Un outil qui sert à diviser l’électorat. C’est là tout le propos de mes chansons « Tonton Du Café Du Commerce », qui fait dans la provocation et l’humour noir, et « Amen », la conclusion de  mon album qui est plus spirituelle et « 1er degré ». Je comprends également mieux les vrais enjeux de la Révolution Française en étudiant Les Lumières de l’historienne Marion Sigaut, une horrible révisionniste (rires). Sous couvert des droits de l’homme, de liberté, d’émancipation et d’égalité, c’est finalement le libéralisme qui a émergé et pris le pouvoir sur l’aristocratie, qui était la bourgeoisie du roi. La bourgeoisie a remplacée l’aristocratie et tout cela explique un peu le monde dans lequel on est aujourd’hui. Que la Révolution ce n’était pas simplement par le peuple pour le peuple comme le dit la légende. Mais bien sûr, c’est sans fin car il faut une vie, voire plusieurs, pour étudier tout ça. Je ne demanderai pas à d’autres rappeurs de penser comme moi. Par contre, s’ils s’attaquaient à certains de ces travaux, cela donnerait à mon avis une autre dimension à notre supposé art contestataire.

DWT : Peux-tu nous donner des explications sur le fait que la démocratie est pour toi une fumisterie ?
Vasquez : En politique, ce n’est pas la volonté du peuple qui fait que tu seras élu, c’est l’argent. Si tu en as beaucoup, tu gagneras. Avec la démocratie représentative et la force des médias, la démocratie est forcément une fumisterie. On en sait aujourd’hui assez sur ceux qui financent. Les condamnations pour clientélisme, emplois fictifs, trafic d’influence etc. Les gars sont réélus. Ils n’ont même plus honte. On sait qui sont les parrains des fils Sarkozy, à qui appartient Libération, Le Figaro, qui fréquente le Dîner du Siècle. Comment peux-tu mettre à égalité le vote d’un mec qui croit les médias de masse privés ou publics et un mec qui maitrise la géopolitique ou d’autres sujets essentiels ? A la limite, je préférerai que le pays soit gérer par des érudits ou un conseil de sages qui n’hésitent pas à débattre vraiment, un système de tirage au sort, de référendums, quelque chose de participatif comme le suggère Etienne Chouard, pourquoi pas… Mais il faudrait qu’on nous dise la vérité pour pouvoir bien choisir, le bon sens populaire ne vaut que si les gens connaissent la vérité…. Ou même un roi qui aime son pays et qui le défend plutôt que ces mecs du monde de la finance ou de la haute qui passent leurs temps dans des hôtels à New York ou à Tel Aviv et qui n’en n’ont rien à foutre du peuple. Attali pense comme d’autres que les pays sont des hôtels. Je suis de ceux qui croient en l’enracinement. Le village monde peuplé de nomades sans racines, ça ne me dit rien. Parce qu’il est question de ça, ils ne le cachent même plus. En 2005, on a demandé aux gens de se prononcer sur l’Europe, les gens ont répondu non ! Résultat : c’est passé en force. Voilà quelques raisons pour lesquelles je ne crois plus en la démocratie représentative et que j’ai arrêté de voter. Cela ne sert que les intérêts du capitalisme financier. Prenons l’exemple de la fermeture de l’usine PSA-Citroën à Aulnay. Le carnet de commandes était plein, l’Iran en était le principal client. De quoi faire tourner largement l’usine encore, au moins, quelques temps. Or, PSA a été repris par General Motors, qui lui même a été sauvé par l’état américain. Le problème est que les Etats-Unis ont mis en place un embargo économique sur l’Iran… Ils interdisent donc à tous leurs partenaires de travailler avec l’Iran et c’est ce qui s’est passé avec PSA. Ils se retrouvent dans une logique sioniste de défense des intérêts d’Israël contre l’Iran. C’est ce qui fait que les pauvres mecs d’Aulnay se retrouvent au chômage. Le représentant syndical l’avait d’ailleurs évoqué une fois mais après s’être fait briefé le jour même, bah le lendemain, il insultait la famille Peugeot alors qu’ils ne sont même plus décisionnaires là-dedans…

C’est ce qu’il m’arrive, mon insolence ne passe pas auprès des Inrocks. On continue à me parler dans le rap, je suis encore sollicité car ils voient bien que je ne suis pas devenu un horrible raciste antisémite ou je ne sais quoi. C’est sûr qu’il y a de quoi être un peu frileux à partir du moment où tu ouvres une nouvelle porte…

DWT : Et te concernant, sens-tu un embargo des médias «généralistes» à ton égard, comme ce que s’est passé avec Les Inrocks ?
Vasquez : C’est le cas mais je ne fais pas de procès d’intentions et je ne me victimise pas. La seule censure qui est avérée, c’est justement celle des Inrocks. J’étais sur leur site dans la preview sorties rap 2012. Quelques mois plus tard, les mecs se sont réveillés en découvrant qu’il y avait des propos qui ne leur plaisaient pas. La censure est liée à la chanson « Tonton Du Café Du Commerce » mais aussi à mes fréquentations et mes amitiés au sein de l’association Égalité et Réconciliation dont je suis actuellement adhérent. Que ce soit clair, j’ai beaucoup de respect pour le boulot d’Alain Soral, c’est le président d’E&R, il m’a dirigé vers certains ouvrages clés qui m’ont permis d’avancer un peu dans ma quête de compréhension. L’équipe de son site a eu la gentillesse de relayer mon travail au moment de sa sortie et cela sans que je leur demande quoi que ce soit. Je touche un autre public et je les en remercie. Maintenant, j’ai passé l’âge d’idéaliser les gens, les groupes d’individus et d’attendre d’eux la perfection, petit message aux malhonnêtes qui le présente comme un gourou. Concernant Les Inrocks qui ont lancés une pétition qui s’appelle « Devoir d’Insolence » ou ils soutiennent un sociologue (Saïd Bouamama) et un rappeur (Saïdou du groupe Z.E.P.) qui se sont mis dans un concept, « nique la France », et son passé colonialiste. Ce cas est révélateur. Alors quand il s’agit de «niquer la France» Les Inrocks sont derrière mais quand il faut «niquer» le sionisme et la Franc-Maçonnerie, qui vraisemblablement «niquent» la France et nous tous qui la composons, il n’y a plus personne ! C’est ce qu’il m’arrive, mon insolence ne passe pas auprès des Inrocks. On continue à me parler dans le rap, je suis encore sollicité car ils voient bien que je ne suis pas devenu un horrible raciste antisémite ou je ne sais quoi. C’est sûr qu’il y a de quoi être un peu frileux à partir du moment où tu ouvres une nouvelle porte… Pour rigoler, parce que j’aime bien rigoler, j’appelle ça « le rap d’extrême droite ». J’ai trouvé un créneau sympa et vierge (rires). Ils parlent de relents rouge brun… désolé, j’étais pas né ! Je ne sais pas si ça vient de gauchistes, d’altermondialistes etc… Je ne sais pas trop ce que ces mecs me reprochent puisqu’il n’y a pas moyen de débattre avec eux. C’est toujours à base d’anathèmes et de procès d’intentions en disant gravement que je fais « la promotion capitaliste du négationnisme ». Cette tournure vient d’un blog « antifa » qui n’a pas apprécié une interview de moi dans un journal gratuit franco-portugais mais c’est très flou. Le résultat est qu’ils ont tout de même réussi à mettre de la pression et faire annuler une émission de radio. La directrice de cette radio a été prise de panique (rires). En vingt ans de direction, ça ne lui était jamais arrivé. Cette polémique semble les avoir choqué. Je suis issue de l’immigration, fier de mes racines et je ne suis pas xénophobe, ni un électeur du Front National. Je vais au contact des autres humains qu’on me présente comme ennemis pour savoir de quoi je parle, me faire mes propres avis, j’essaie d’être juste. Rendre sa complexité à ce que nous vivons, c’est urgent pour éviter le choc des civilisations tant souhaité par nos dirigeants. Si mes propos permettent à certains d’élever le débat ou de bousculer la réflexion, ça me va. Je ne veux ni me retrouver leader, ni le pauvre mouton suiveur victime.

Tu te rends compte de la malhonnêteté des gens. Tu comprends mieux qui sont les mecs assis, qui sont les salariés et qui sont les mecs qui construisent et ceux qui mangent des cailloux.

DWT : Fais-tu également face aux mêmes réactions de censure dans les médias plus spécialisés ?
Vasquez : En fait, j’ai été très surpris. J’ai fait deux albums et demi avec Less du Neuf, de gros projets qui ont bien marchés comme « Opération Freestyle » avec Cut Killer, « Première Classe » ou la réalisation du premier album de MC Jean Gab’1, donc un parcours assez riche. Mais quand je vais sur des sites hip hop, bizarrement, pour un mec considéré comme un bon, il n’y a que le strict minimum à mon sujet. Par contre, ils sont capables de décortiquer des textes de stars comme La Fouine, Rohff ou Booba. Ils prennent le temps pour ça. Il y en a très peu dans le rap qui m’ont parlé de « Tonton » en me disant : «ouais tu parles de Robert Faurisson, qu’est ce qui se passe ? Tu fais référence à Jean Marie Le Pen de manière inédite, qu’est ce qui se passe ?». Ces mecs et ces médias n’ont visiblement pas eu le même intérêt pour décortiquer ce genre de textes. En même temps, ça peut se comprendre. Quand ces personnes sont installés dans leur petit confort avec leur média, qu’ils rencontrent les artistes qu’ils aiment bien, qu’ils sont invités à des concerts et qu’ils reçoivent des tee shirts et des albums promos, à un moment donné ces «journalistes» ont tendance à se comporter comme des fonctionnaires. Ils ne cherchent plus et tout vient à eux. Je suis quelqu’un de bonne foi, je suis un mec gentil. Si tu me dis quelque chose, à priori, je te crois mais au fur et à mesure, tu finis par avoir ta propre expérience et tu te rends compte de la malhonnêteté des gens. Tu comprends mieux qui sont les mecs assis, qui sont les salariés et qui sont les mecs qui construisent et ceux qui mangent des cailloux. Le système fait tout pour que ce ne soit pas les gens garants de l’intégrité et de l’évolution qui puissent être à des places de décideurs.

DWT : Ton morceau « Ton Satellite » est une véritable référence. Il pourrait être dédié aux enfants de chacun d’entre nous. Explique nous ta démarche.
Vasquez : Mon album solo est un testament. J’ai commencé à penser à ma mort le jour où j’ai eu mon premier fils. Ça m’a fait un choc. Avant, je n’y pensais que lors de disparitions de proches. On se tape tous nos angoisses. Du coup, tu penses à ta santé et tu te rends compte que tes problèmes personnels n’impliquent pas que toi. J’aimais beaucoup l’instru, c’était un beat souriant, très spatial, très solaire même. C’est le premier beat que Luisinho m’a proposé, je l’avais choisi avant la naissance du petit. Je l’ai gardé sans trop savoir ce que j’allais faire dessus et ça a pris du sens quand je suis devenu papa. C’est le dernier texte que j’ai écris et que j’ai posé. Ça a été très difficile, il y avait beaucoup d’émotion : voix tremblante, etc… J’aime pas la mièvrerie en chanson. J’avais déjà entendu des morceaux de collègues sur ce thème mais ça ne m’encourageait pas à le faire (rires). J’ai essayé de faire un titre plus adulte. Ce morceau s’adresse à mon fils ainé quand il sera en âge de comprendre car j’ai conscience qu’aujourd’hui, il ne peut pas en être ainsi. De nos jours, on reste un gamin très longtemps. Peut être quand il aura 20 ans et je ne sais même pas si je serai encore là. Ce que j’ai voulu exprimer à travers « Ton Satellite » est que quand tu es jeune, toutes tes conneries n’impliquent que toi. Encore plus quand tu es artiste. Ce côté très égocentré fait que tu penses que tout passe par toi, que le monde tourne autour de toi. Mais ça peut vite changer. Pour ma part, je me suis retrouvé à tourner autour de quelqu’un. Moi qui « était » soleil, je me suis retrouvé satellite.

DWT : Tu évoquais l’humoriste Dieudonné. Comment expliques-tu son manque de soutien de la part des milieux artistiques et sa mise en marge depuis quelques années ?
Vasquez : C’est pour moi le plus drôle et le meilleur. Il a beaucoup de talent, même au niveau du charisme, de la technique et de ce qu’il rend sur scène. Son succès populaire le prouve. Il a beau être diabolisé et boycotté, il est l’humoriste qui vend le plus de billets de spectacle en France. Il y a beaucoup de choses qui interpellent à son sujet. J’ai appris récemment qu’on lui avait proposé une grosse somme d’argent pour qu’il annule de lui-même sa dernière tournée. De qui ? Je ne suis pas en mesure de vous le dire mais il s’agirait de propositions sérieuses. C’est pour vous dire à quel point il est dangereux pour le système. Je me souviens d’être aller voir « Pardon Judas à la Main d’Or »… Je ne savais pas trop quoi penser de son passage chez Fogiel (On ne peut pas plaire à tout le monde, décembre 2003, France 3). Tout ça, c’est de la politique. Même si je suis de sensibilité pro-palestinienne de nature, pendant des années, j’ai décroché, je ne calculais même plus. Je n’avais aucune position, j’étais juste méfiant. La machine de propagande est tellement forte. Ce n’est que pendant l’été 2011 que je me suis vraiment intéressé au cas Dieudonné. Je n’ai donc rien à reprocher à ceux qui ne sont pas ses soutiens. Certains se sont désolidarisés car ils ont dû prendre peur. Je pense que Dieudo mérite qu’on se mouille pour lui. Il est à l’avant garde d’un combat citoyen. Il s’est battu contre le Front National dans les années 1990. C’est un militant anti-raciste et le jour où il a pointé du doigt le racisme israélien, le racisme sioniste, la plupart des gens l’ont lâchés. Et ça, c’est édifiant. Quand tu te penches sur l’histoire de SOS Racisme, de la LICRA et de toutes c’est associations, tu te rends compte que l’anti-racisme n’est pas leur priorité. Ils ne militent que pour la protection des œuvres sionistes. Il suffit d’observer le conseil administratif de la LICRA : que des sionistes, pas de noirs, pas d’arabes, ni de chinois ou de roms là-dedans. Ce ne sont que des membres de l’élite d’une communauté qu’il est interdit de citer sous peine d’un procès et qui cautionnent et soutiennent inconditionnellement un régime d’apartheid dans sa politique suprématiste et de répression. Quand je vois les images des derniers bombardements de Tsahal sur Gaza, il  est im-pos-si-ble que ce soit ces gens-là qui désignent qui est raciste et qui ne l’est pas en France. On ne peut pas cautionner un anti-racisme qui cautionne Israël. C’est d’une incohérence totale.

Tout ce qui touche à la défense de l’anti-racisme et des minorités visibles est piloté par des sionistes. Regarde la manière dont ces associations apparaissent quand il y a un arabe ou un noir qui se fait tué par la police.

DWT : Est-ce pour ces raisons que tu es sensible aux luttes pour le respect du peuple palestinien ?
Vasquez : Oui et ce n’est pas qu’un problème régional. On a tous, toutes les petites gens, sans distinction, à perdre avec ça. Je considère que la France même est occupée. La loi Fabius-Gayssot, l’affaire PSA, l’affaire Merah sur laquelle on peut s’interroger. C’est malheureusement comme ça et depuis longtemps. Il semblerait que le dernier à résister fut De Gaulle, ce qui cacherait les vrais raisons du mouvement de 1968. Tout ce qui touche à la défense de l’anti-racisme et des minorités visibles est piloté par des sionistes. Regarde la manière dont ces associations apparaissent quand il y a un arabe ou un noir qui se fait tué par la police et comment ils en profitent pour stigmatiser le français de souche avec des amalgames sur la collaboration, la colonisation etc… Aujourd’hui encore, l’arabe ou le noir lambda est toujours confronté aux mêmes problèmes et rien n’a changé. Alors qu’au moindre semblant d’acte antisémite, souvent contredit par la suite, ça retient toute l’attention du pays et on en profite pour légiférer au nom du « plus jamais ça ». C’est un jeu malsain. Où sont les cinq israéliens qui ont tués Saïd Bourarach ? Ce n’était pas du racisme ? Qui a bougé ? Où était SOS Racisme ? La Licra ? A ma connaissance, il n’y a que Soral et Dieudonné qui ont fait une action concrète d’appels aux dons pour ramener de l’argent à sa veuve et participer aux frais de justice. Il ne suffit pas de rêver de prendre une Kalashnikov et d’aller se battre avec les Palestiniens.

DWT : En prenant ce genre de position, as tu l’impression de retrouver sur le même chemin marginal que Dieudonné ?
Vasquez : Je ne me suis pas retrouvé dans des situations compliquées, comparables. Je n’ai pas non plus sa carrière. Le destin a fait que je me suis déprofessionnalisé. J’ai sorti mon album solo en le produisant avec ma femme. Je n’ai plus de pression, plus de manager. On a de compte à rendre à personne. J’ai juste quand même prévenu ma femme qu’on pourrait avoir à souffrir quelques censures en sortant certains morceaux. Ça fait parti de mon cheminement intellectuel et spirituel, je suis obligé de l’assumer par conscience, par foi. Et je tends la main à tous les rappeurs, dont certains ont été mes amis. J’invite tous les rappeurs conscients ou à sensibilité politique ou spirituelle, que se soit La Rumeur, Kéry James, ou même tout ces rappeurs qui ont une influence sur la jeunesse ou qui simplement aiment leurs enfants, à lire tout ce qu’on leur a toujours interdit de lire et s’éloigner des milieux bobos et gauchistes de merde. Faire travailler leur libre arbitre en connaissance de cause. S’attacher aux faits, s’unir pour se réapproprier ce pays, qu’on se batte pour nos enfants et que l’on mette nos égos de côté, quelque se soit le bord politique, la religion ou le rang social. Prioriser nos luttes. Il y a de fortes chances que la situation devienne chaotique sans ça. Quand il n’y aura plus rien à manger dans le frigo, ça risque d’être très dur. Dans l’organisation que je fréquente, Egalité et Réconciliation, j’y vois une belle diversité d’origines et de générations, une forte volonté de résister par la connaissance, il y a des sensibilités diverses et variées mais patriotes, des chrétiens, des musulmans… totalement transcourant. Nous voulons arriver pourtant à trouver un consensus autour de la paix pour nos enfants. Retrouver la fierté d’être français. Les portugais sont comme les algériens : nationalistes, patriotes, ils aiment leur drapeau. On aime un pays pour son territoire, sa langue, son histoire, sa culture, un patrimoine. Je souhaite aux français de retrouver cette fierté volée. Un des problèmes que connait la France, par rapport à ces pays, est son histoire coloniale que l’on doit à la gauche et son élite. A cette époque, probablement que les 80% de français qui étaient pour la plupart des paysans n’y étaient pour rien là-dedans. On a tendance à tout mettre côté droite alors que le grand monsieur de la colonisation et de la théorie raciale sur le devoir d’éducation des peuplades inférieures est Jules Ferry, un mec de gauche. Ce n’était pas Le Pen et son grand père. On est persuadé que la gauche n’est pas raciste mais c’est faux. Ou l’on cherche à préciser historiquement sur ce qu’il s’est passé et sur qui a fait quoi pour rééquilibrer et nuancer et même ré-humaniser les parties antagonistes, ou l’on gobe la propagande, le ridicule avec des généralités sur les blancs, les colons, les noirs, les arabes… Il est plus prudent pour le système de ne pas nous permettre d’étudier ces choses. Le rap ne doit pas juste être une façon de passer ses frustrations ou son aigreur et cracher sur des gens qui portent aussi leur souffrance d’être humain et qui n’ont rien fait dans ces sordides histoires entre élites.

C’est dur d’entendre Beigbeder dire que le vrai Joey Starr, c’est peut être celui du film alors qu’il se fait enculer dedans. Il n’y a pas si longtemps, Joey Starr aurait mis une tarte dans la gueule à Beigbeder. Mais maintenant, il est dans un jeu où il accepte ça et c’est triste.

DWT : Tu te rapproches d’Alain Soral alors qu’il applique des méthodes que tu critiquent à savoir traiter en substance un sujet, ce qu’il fait avec le rap en ne se référant qu’à quelques morceaux médiocres qui passent sur une radio médiocre. N’est-ce pas une contradiction ?
Vasquez : Quand j’entends Alain Soral parler sur le rap, ça ne me choque pas parce que j’ai entendu les mêmes choses à la maison. Mais la portée de sa parole est un peu plus dérangeante car c’est un mec public. Cette musique ne lui convient pas trop je pense. Il aime plutôt les chants, les mélodies et quand ça ne dit pas des gros mots. Ce n‘est pas sa culture et il n’y connaît rien, il le reconnaît. Après, ce qu’il critique, ce n’est pas spécialement le rap et les rappeurs mais l’instrumentalisation de cette musique en tant qu’outil de domination. A ce niveau là, sa réflexion est assez pertinente car cela a fait de nous des gros consommateurs. Il n’est pas en train de juger le phénomène artistique. Quand on parle d’un mec comme Joey Starr par exemple, moi je le vois plus pour ce qu’il a représenté pour ma génération, avec son côté rebelle. Aujourd’hui, il fait des films avec Beigbeder. C’est un gars de la rue qui s’est fait bouffer par la jet set. C’est dur d’entendre Beigbeder dire que le vrai Joey Starr, c’est peut être celui du film alors qu’il se fait enculer dedans. Il n’y a pas si longtemps, Joey Starr aurait mis une tarte dans la gueule à Beigbeder. Mais maintenant, il est dans un jeu où il accepte ça et c’est triste. Cela aurait également pu m’arriver après Taxi 2. Il y avait des gens qui me venaient me dire que j’étais le nouveau Akhenaton et qu’ils avaient besoin d’un petit blanc. Ils n’ont pas réussi à faire ce qu’ils voulaient de moi. Je viens d’un quartier majoritairement bourgeois où je vois des gamins auxquels papa maman ont payé le permis à 18 ans pour mettre du rap dans leurs bagnoles en se prenant pour des cailleras, fumer des bédos, alors que leur chemin est de devenir médecin ou avocat. Ce n’est pas entièrement à cause du rap mais il y est pour quelque chose. Dans les années 1980, Hollywood nous a appris a détester les russes et le communisme, dans les années 1990, il nous appris à nous méfier des musulmans. J’ai entendu Tupac déclarer : « jamais je ne jouerai le rôle d’un délinquant musulman dans un film, un délinquant musulman ça n’existe pas ». Il avait raison car une personne de confession musulmane et délinquante à la fois est un non sens. Exemple : qu’a donc fait Lunatic dans son premier album si ce n’est un mélange d’Islam et d’attitude libéralo-libertaire/caillera ? La gauche, la droite et leurs médias nous vendent le même fantasme de caillera et musulman de banlieue avec l’affaire Mohammed Merah. Le rap aussi joue ce jeu là. Est-ce que les rappeurs qui ont joué sur ce terrain ont fait du bien à la communauté musulmane ? Est ce un truc à reprocher au Front National ? On s’est fait bluffer. On a détesté Benny B qui était indépendant et à côté de ça on préférait « Le Monde De Demain » habillé en Jean-Paul Gautier. On a cru que c’était ça la révolution (rires).

Les gens de Skyrock m’ont plutôt mis les nerfs quand ils osés dire que la liberté d’expression de toute une génération était en danger au moment où ils ont eu leurs problèmes de capitalistes.

DWT : Tu dois donc en toute logique associer Skyrock à l’instrumentalisation de cette musique. Ce qui expliquerait aussi les raisons pour lesquelles ils ne te rentrent pas en playlist…
Vasquez : Je ne ferai pas de distinguo entre Skyrock et Génération. J’ai déjà rappé à Skyrock. J’y ai même de bons souvenirs dont un que je n’ai jamais entendu avec Parrish Smith. Je suis au regret de dire que c’est grâce à Skyrock mais ça reste de la merde. Au début, on se disait qu’on est trop balaise, que le public va comprendre la différence. J’étais dans cet esprit mais finalement, cela ne change rien du tout, la machine est forte et tu te fais bouffé. Tout n’est qu’une question de régie publicitaire et Génération pratique les mêmes méthodes. La qualité artistique n’est pas une priorité. Je n’ai de toute façon pas pensé à leur envoyer des exemplaires de mon album et je n’attends plus rien d’eux. Ils m’ont plutôt mis les nerfs quand ils osés dire que la liberté d’expression de toute une génération était en danger au moment où ils ont eu leurs problèmes de capitalistes. D’ailleurs ça n’est pas un hasard si nous retrouvons ici, près de la 17ème Chambre, où je suis venu soutenir le Docteur Salim Laïbi poursuivi par le boss de Sky, Bellanger. Le garant de la liberté d’expression des jeunes attaque en diffamation !

DWT : Tu ne sembles plus trop proche non plus de tes anciennes fréquentations dans le rap français…
Vasquez : C’est vrai que j’ai cultivé peu de liens pour en créer aussi d’autres, heureusement. Je me suis très bien entendu avec Ékoué mais on a eu une petite fâcherie. On ne s’est pas revu depuis. Les années passent et je m’en fous, je ne cultive pas les rancœurs. Je lui reprochais de n’avoir une posture radicale qu’au sein de son groupe « La Rumeur » alors que finalement il était pote avec tout le monde dans les mondanités du tout Paris. Quand je me suis fâché avec Maurice (Mongo, directeur du label Dooeen’ Damage), j’attendais bêtement de lui un positionnement. J’étais très en colère. Je n’ai pas géré les choses calmement. Or Ekoué m’avait présenté Maurice… Il s’est retrouvé un peu con quand je lui ai dis que Maurice m’avait mis une belle banane. J’ai fait parti de ceux qui ont donné du crédit à son label avec Casey et Less du Neuf. Regarde comment il m’a remercié par rapport à tout le travail qui a été fait sur Jean Gab’1… Ça parlait super mal notamment à son cousin J.P. (Jeap 12). Je l’avais déjà prévenu d’arrêter de mal parler aux gens qui lui était fidèle. Il a eu une façon très particulière de remercier nos efforts et notre confiance, c’est ce qui explique que cela se soit « mal » terminé.

DWT : Revenons un peu sur des échanges qu’il y a eu sur downwiththis.fr entre Sheryo et toi, cela a eu le mérite de vous expliquer sur des malentendus…
Vasquez : Ça m’a fait vachement plaisir. Sur le coup, je me suis dis merde ce n’est pas exact ce qu’il dit à propos de Jean Gab’1. Je reconnais que j’ai co-réalisé son album, que j’étais là tous les jours, qu’on a rigolé avec lui. On l’a aidé à mettre en forme toutes les conneries qu’il a dit, il n’y a pas de problèmes, je ne vais pas me dédouaner de tout. Mais de là à me faire endosser les propos de Gab1, c’était injuste. C’est pour ça que j’ai apporté un élément de réponse sur votre média. J’ai revu Farid après à la photo pour le 30ème anniversaire du hip hop en France que vous avez organisé (Paris, Le Bataclan, 18 Novembre 2012) et c’était cool. Aujourd’hui, je ne garde que des bons souvenirs. Je n’étais pas hyper fou artistiquement de ce qu’il faisait mais j’ai apprécié faire des radios et des concerts avec lui. C’est un improvisateur hors pair. Si tu ne reconnais pas son talent, c’est que tu es de mauvaise foi. Le mec est légitime et j’espère qu’il arrivera à cultiver sa passion et qu’elle ne le détruira jamais. Malheureusement, le rap t’enferme souvent dans un mode de vie destructeur.

DWT : Destructeur… Tu nous tends ainsi une perche pour te demander si « Le rap est réellement une effroyable imposture » (titre du premier essai de Mathias Cardet) à tes yeux ?
Vasquez : D’une manière global, je pense que oui. C’est un outil de domination du capitalisme sur le prolétariat des quartiers populaires. Le temps que les gamins passent à écouter du rap, ils ne le passent pas à faire du sport, écouter des conférences ou lire des livres. Tout est une question d’équilibre. Il y a beaucoup de gens dépressifs dans ces quartiers. Quand tu te retrouves seul dans la vie, tout perd son sens. On t’apprend à culpabiliser, à chercher ton malheur dans ton enfance. Est-ce que l’on ne t’a pas tripoté le cul ? Est ce que tu n’es pas amoureux de ta mère ? Alors que souvent, c’est le manque de compréhension, ta condition sociale ou ton environnement qui font que tu déprimes. Il suffit que tu changes de vie ou de vision pour aller mieux.

DWT : Le hip hop est justement arrivé avec un message clair à ses débuts. Il était question de trouver une place dans la société à l’heure où l’exclusion la plus totale était monnaie courante dans les ghettos où est né cette culture…
Vasquez : Il y a des choses que j’ai sûrement mal interprétées. Je ne suis pas allé aussi loin dans l’idéologie. Je me suis réapproprié le rap pour en faire quelque chose qui m’était propre. Je voulais faire mon rap honnête et rassurer mes parents qui ont tout fait pour que je sois étudiant et avoir une meilleure place qu’eux dans la société. Aujourd’hui, de quelle société parle-t-on ? Je suis prêt des 40 piges, nous sommes à une autre époque, celles de révélations ou internet joue un rôle important. Profitons avant qu’ils nous coupent le robinet. J’ai constaté depuis longtemps que mon art est inadapté aux exigences industrielles. Il est aussi hors de question que je confie l’intégralité de l’éducation de mes enfants à l’école, à la musique mainstream, à Hollywood, les valeurs sont totalement inversées. A un moment donné, il va falloir que je nuance.

Sheryo – Heure de vérité

Interviews
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Les grands de la cité organisaient des soirées. Salim (Fat) en faisait partie. C’était le premier mec que je voyais faire du beat box, je pétais un câble ! On était petit à l’époque. (…) C’est comme ça qu’on a commencé à connaître le rap, à en écouter et à en faire…

MC controversé au flow particulier, haineux au micro et dangereux en impro, Sheryo continue de frapper sec et revient à la rentrée avec «Ghetto Trip 2». Invité sur un nombre incalculable de featuring et de mix-tape, celui qui a décidé de rester underground dans sa plus pure définition, revient sur son parcours dans une interview exclusive et nous fait part de quelques révélations sur des «éclats» historiques…

Down With This : Ton premier contact avec le hip hop et tes débuts dans le rap ?
Sheryo : Quand j’étais petit, fin des années 1980 au «212» à Blanc-Mesnil, les grands de la cité organisaient des soirées. Salim (Fat) en faisait partie. C’était le premier mec que je voyais faire du beat box, je pétais un câble ! On était petit à l’époque. Il était tout le temps là. Il y avait aussi Pablo Master qui sortait des baffles en plein dans la cité. Il mettait son sound system à fond la caisse et boum ! C’est eux qui m’ont donné envie. D’ailleurs la première fois que je suis parti en studio, c’était avec Pablo Master. C’est des mecs que je suis content de recroiser, on se rappelle des souvenirs à l’ancienne, même s’ils ont bougé de la région parisienne maintenant. Pareil, des mecs comme Ricky et Ramsès des Saï Saï, c’était des «reusta» ces mecs-là pour moi avec leur chanson « les rouleurs à l’heure sont durs à cuire…« . Je ne comprenais pas pourquoi les gens ne les reconnaissaient pas dans la rue ! Je crois bien que le premier concert de rap français où je suis allé, c’était à Blanc Mesnil, au stade Jean Bouin, il y avait NTM et IAM sur la même scène, avec IAM qui passait en premier… C’est comme ça qu’on a commencé à connaître le rap, à en écouter et à en faire…

DWT : Pendant de nombreuses années, tu as fais pas mal de featuring sur des mixtapes…
Sheryo : Oui, parfois il y avait aussi des plans avec des petites scènes. A un moment, je rappais avec un groupe de musiciens. Ça a duré un an ou deux. On avait fait un petit trip, on avait enregistré une maquette, on faisait des concerts. Après, quand j’ai commencé à faire de plus en plus de mix-tapes, j’avais moins de temps pour le groupe. Dès qu’on m’appelait : on fait une mixtape ! Tu viens ? Ok, je me mange une amende et j’arrive ! Je ne me rappelle pas quelle était la première (rires), ni combien j’en ai fait mais je sais que chez moi, j’en ai une trentaine., mais beaucoup oublie de te la donner…

Au début, je traînais souvent avec des mecs qui faisaient des sound systems, Pablo Master et tout. Quand on faisait des répéts, ça se terminait souvent en clashs à la fin. C’était normal.

DWT : Tu as fait pas mal exploser ta notoriété en participant à des clashs mythiques également…
Sheryo : Les gens me parlent toujours de celui avec LIM qui est sur Daily Motion et You Tube (ndlr «Combat de rappeurs», La Contrebande, 1999). Au début, je traînais souvent avec des mecs qui faisaient des sound systems, Pablo Master et tout. Quand on faisait des répéts, ça se terminait souvent en clashs à la fin. C’était normal. Quand ça a commencé sur scène, j’ai eu l’occasion dans faire un puis un deuxième et on m’a invité sur un autre truc. Après, j’ai arrêté quand ça a commencé à devenir un peu trop commercial ou que c’était trop à celui qui ramenait le plus de potes pour gagner au vote. Il n’y avait plus vraiment d’impro.

DWT : Quel est ton meilleur souvenir dans ce domaine ?
Sheryo : C’est justement celui avec LIM. Les mecs de sa cité étaient montés et m’avaient dit : t’as gagné ! C’était mortel. A la fin, on a fumé avec LIM, tranquille. Il m’a invité ensuite sur sa mix-tape « Violences Urbaines ». C’était dans l’esprit, dans le truc. Le clash en lui même ? LIM, il a un niveau. Pour moi, c’était le meilleur souvenir.

DWT : Ca avait pas mal chauffé à un moment quand même…
Sheryo : Oui, mais on s’était mis d’accord dès le début : tu peux dire ce que tu veux, je ne prendrai pas la haine. Solo (ndlr : arbitre du combat à l’époque) avait même arrêté le clash quand ça avait chauffé un peu trop pour que, justement, tout soit bien clair. J’ai dis à LIM, vas y tu peux insulter. Lui m’a dit : ok toi aussi. A la finale, il n’y en a pas d’insultes tant que ça.… Franchement, la soirée était grave bon esprit et les mecs de sa «téci» super cool.

On s’était mis d’accord dès le début : tu peux dire ce que tu veux, je ne prendrai pas la haine. Solo avait même arrêté le clash quand ça avait chauffé un peu trop pour que, justement, tout soit bien clair.

DWT : Que penses-tu du niveau actuel des clashs ?
Sheryo : J’ai regardé «Rap Contenders» parce que les petits de ma cité ne regardent que ça. Ils m’en ont montrés deux ou trois. J’en ai vu un avec Guizmo. Je trouve ça pas mal comme concept. Mais je trouve que savoir contre qui tu tombes deux semaines avant te laisse trop le temps de préparer des «zefas»… C’est plus un concours de punch line qu’un concours d’impro. Dans ceux que j’ai regardé, je trouve que les mecs ont tous le même flow. Ils se ressemblent grave. Et ils laissent les gens rigoler à la phase avant de repartir avec des «attends». Quand il n’y a pas d’instrus, tu es un peu plus libre. Après le truc pour moi, faut qu’il y ait une instru. Quand tu as la pression du battement, de la caisse claire et du pied, tu ne peux pas te permettre… Je pense même qu’ils n’arriveraient pas à poser leurs phases préparées comme ils le voudraient. Sinon, c’est pas mal, les mecs ont du level.

DWT : Ce n’est pas pareil que de s’adapter à un beat…
Sheryo : Ouais. J’ai même du rapper sur une instru à IAM, tu te rends compte ?! (rires). C’était un mauvais moment à passer (rires).

DWT : Justement, il y a des critiques sur ta manière de te poser. Tu n’es pas toujours dans les temps…
Sheryo : Je n’essaie pas spécialement d’être dans les temps. J’essaie d’être dans une ambiance. Mon flow justement, c’est de rapper off beat. Je ne rappe pas sur la caisse claire. Je n’aime pas ça. Les gens trouvent ça bizarre parfois mais je rappe comme ça depuis long time. Je ne vais pas changer ou me plaindre d’avoir un style. J’essaie plus de réfléchir à des rimes, de les placer d’une manière un peu flow. Même mes potes sur scène n’arrivent pas à me backer parce que je ne fais jamais la rime au même endroit (rires).

DWT : Les répétitions, ça doit être galère par contre ?
Sheryo : Je ne répète jamais de toute façon. Ça tue le truc.

DWT : Pour finir avec les clashs mythiques, comment s’est déroulé l’enregistrement en studio de la mix-tape « Sang d’encre » (2000) avec Sadik Asken ?
Sheryo : Personnellement, je trouvais que le montage du clash me désavantageait. On avait fait le clash et on devait revenir le lendemain. Moi, vu que j’avais gagné, j’arrive, je suis un prince, je lui dis « coupe ce que tu veux, fais comme tu veux ». En sortant de l’enregistrement du clash, Casey m’avait dit bien, tu l’as niqué et tout. Mais je voulais avoir un autre avis, plus impartial, donc j’avais demandé à Jean-Pierre (des frères Seck, producteur) et il m’avait dit aussi que je l’avais niqué, donc c’est bon. Au montage, ça m’avait saoulé au bout de dix minutes, alors je lui ai dit qu’il fasse ce qu’il veut. Il y avait des passages que Sadik Asken trouvait trop hard core mais que Jean-Pierre a décidé de mettre car lui les trouvait trop mortel. Il y avait un petit coupon à renvoyer dans la mix tape pour voter. J’avais gagné genre à 70 ou 75 %, c’était cool. A l’époque, je commençais un peu à aller sur internet : pareil. Donc je me disais ok c’est bon, j’ai gagné. Après ça, je vois une interview d’Asken où il sort une phase qui m’avait grave véner. C’est Mouloud qui l’avait chauffé. Je me disais quand même il manque pas d’air le type. Je l’avais recroisé à Châtelet et lui avais demandé « attends mec, c’est quoi ton problème ? » Il me réponds « je pensais qu’on s’envoyait des trucs par presse interposée, ça nous faisait du buzz« . Je lui ai dis que je n’en avais pas besoin : «j’ai gagné, t’as perdu ! Ne dit plus mon nom, ne parle plus de moi !». J’étais un peu véner ce jour là. Après je l’ai recroisé, super cool, tranquille. Il a mixé des trucs pour des potes à «ouam».

Je lui avais demandé « attends mec, c’est quoi ton problème ? » Il me réponds « je pensais qu’on s’envoyait des trucs par presse interposée, ça nous faisait du buzz». Je lui ai dis que je n’en avais pas besoin : «j’ai gagné, t’as perdu ! Ne dit plus mon nom, ne parle plus de moi !».

DWT : Ta signature chez Virgin est assez charismatique en 2001… Comment tu atterris chez eux ?
Sheryo : Nous étions en train d’enregistrer «Ghetto Trip». Nous n’avions pas tous les morceaux. Mon beatmaker, Hery, travaillait aussi sur la compilation Hexagone, un projet sur Renaud qui sortait chez eux.  Il avait fait écouter un mix du titre Ghetto Trip a un des mec de Virgin qui a voulu signer direct. Il ne savait pas qu’il y avait d’autres morceaux. On l’a rencontré et je lui ai dit : «t’es un ouf, le truc qui sort, c’est un EP. Ca fait une pige que j’y réfléchi donc ce n’est pas au dernier moment que ça va changer !». Il voulait me signer en artiste mais ça, c’était hors de question. On avait commencé à tout faire nous même, on avait le budget pour le sortir. On lui a gentiment expliqué que se serai uniquement en licence. On allait donc pouvoir le sortir en mode underground mais en le faisant distribuer par Virgin et se faire un petit peu de thunes. Virgin avait acheté le droit de distribuer «Ghetto Trip» plus une option sur la sortie d’un album. Je pouvais leur faire écouter le disque fini et ils avaient le droit de refuser deux fois. Après je récupérais le droit de le faire distribuer par quelqu’un d’autre. On s’est pas mal démerdé pour avoir un contrat plus ou moins honnête puisqu’on a eu 25%. Ca se passait plutôt bien. Et puis il y a eu l’idée de faire un maxi et ça a été le début des ennuis…

DWT : …suite à l’affaire « Je reste underground », le fameux morceau qui brossait les Marseillais ?
Sheryo : Virgin était d’accord pour sortir ce morceau en maxi. A l’arrivée, on a été obligé de le sortir nous même. De Buretel avait reçu un ultimatum de la part d’Akhenaton. A partir de là, c’était devenu un peu plus tendu avec eux. Ils voulaient écouter les morceaux avant de les sortir alors que le contrat stipulait que je n’avais rien à leur faire écouter. Je le comprends, De Buretel, je suis là, j’insulte Akhenaton, le mec qui lui rapporte le plus d’oseille dans le rap français. De l’autre coté, t’as Akhenaton qui lui dit «si Sheryo fait son morceau chez Virgin, je signe les Psy 4 de la Rime autre part». De Buretel : «Bon, ben on va arrêter les conneries Sheryo…». Il m’a ensuite sorti des trucs de ouf : je te paie l’enregistrement, le studio, le pressage, la distrib mais il faut que ça sorte en white label, un truc tout blanc où il a juste écrit Sheryo. C’était ça le deal. On lui a dit «t’es un ouf, on va faire une belle pochette et on va le sortir nous même». Depuis, ça n’a plus jamais était pareil…

Je le comprends, De Buretel, je suis là, j’insulte Akhenaton, le mec qui lui rapporte le plus d’oseille dans le rap français. De l’autre coté, t’as Akhenaton qui lui dit «si Sheryo fait son morceau chez Virgin, je signe les Psy 4 de la Rime autre part».

DWT : Tu penses carrément qu’il y a eu un avant et un après avec ce morceau ?
Sheryo : Mais bien sur. Le morceau était enregistré, mixé par Reptile. C’était une face B, il y avait en face A « Le Salaire de la Galère ». Le mec du marketing qui taffait avec nous à l’époque me dit que c’est chaud en ce moment et qu’il y avait une réunion prévue avec les mecs d’Hostile pour faire écouter le morceau afin que tout le monde le valide. J’arrive, super matinale, 9 heures du matin, un truc de ouf. J’ai raté une série à cause de ça (rires). Je fais écouter le morceau, il y avait l’autre Benjamin Chulvanij le DG d’Hostile, le DG de Virgin, des chefs, des responsables, le marketing, la distrib, etc… Tout le monde disait que c’était super bien. Deux jours après on me dit que finalement le morceau ne pourra pas sortir sur Virgin, Benjamin avait fait un petit caca nerveux. Il n’était pas du tout d’accord et avait grave les nerfs. Après différentes manigances en coulisses, De Buretel nous donne rendez-vous pour nous dire qu’on le prend en otage et qu’Akhenaton disait de lui qu’il lui avait planté un couteau dans le dos en signant Sheryo… Akhenaton pensait que De Buretel pouvait claquer des doigts pour que ce disque ne sorte pas. Il a eu une super surprise quelque temps après quand il l’a vu dans tous les magasins ! Il pensait que moi, je suis comme lui et que j’ai besoin des maisons de disques pour sortir des titres. On a pressé nos CD, nos vinyles et avec nos petits bras, on est parti les déposer à la FNAC, à Virgin, dans tous les magasins indépendants. Pour la province, on arrivait à Virgin, on prenait un bureau et on faisait nos envois de chez eux ! On allait même faire des radios. Résultat et ironie du sort : on a été mieux classé au top des ventes qu’un single de Janet Jackson qui était sorti chez Virgin !

DWT : Tu as pu t’expliquer avec Akhenaton avant d’en arriver à faire vos attaques respectives sur disque ?
Sheryo : J’ai essayé au téléphone. J’avais eu Akhenaton, son frère (manager) et un autre mec. Au début, il ne voulait pas décrocher. Il a pété un câble parce que j’avais le numéro de chez lui, de son portable, de sa meuf et le numéro du studio. Avant que les morceaux soient enregistrés, je lui avais expliqué que je ne le lui permettais pas d’insulter ma démarche dans ses interviews, que je m’étais fait connaître par le micro et les impros alors que lui, c’était parce que Joey Starr avait ramené ses maquettes de Marseille à Paris. Il s’était calmé tout de suite… « C’est quoi le truc ? On a le droit de ne pas t’aimer. Avant quand j’achetais son premier album, sa première K7, ses maxis, j’étais un gars génial ? » Maintenant qu’il sort des trucs tout pourris comme Electro Cypher ou La Garde, je n’ai pas le droit de dire que c’est nul ? Il a fait sous entendre que j’étais téléguidé par NTM alors que je ne les connais même pas ! Je les croise de temps en temps mais vite fait. Même si Joey Starr m’avait dit « bien le morceau ! » un jour quand je l’avais croisé (rires). Puisqu’Akhenaton était si fort en rap, je lui avait proposé de faire un clash. Il avait refusé en disant qu’il était au dessus de ça. Attends, deux semaines avant, j’avais vu RZA faire une Battle à New York… À ce que je sache RZA est plus respecté que lui ! C’est un monument du hip hop, lui, et il n’est pas au dessus des battles. Je lui avais dit qu’il était hip hop que quand ça l’arrange, qu’il se rappelle des graffs et des breakeurs que quand ça revient à la mode. Sinon tout le reste du temps, il est en chemise et ses concerts bizarre en Égypte. Ça s’est calmé, ça s’est énervé. C’est là qu’il me dit que de toute façon il avait fait un morceau pour les gars comme moi et Ekoué qui s’appelle « C’est Ca Mon Frère ». Ah bon ? Bah d’accord fais ton morceau et nous on va faire le notre. On laissera les gens décider. À l’époque, en plus, il ne fallait pas me chauffer en mode clash…

Je ne permettais pas à Akhenaton d’insulter ma démarche dans ses interviews. Je m’étais fait connaître par le micro et les impros alors que lui, c’était parce que Joey Starr avait ramené ses maquettes de Marseille à Paris. Il s’était calmé tout de suite…

DWT : On se souvient aussi de ta rime concernant un autre mc : « j’suis pas wack, j’suis pas Rockin’ Squat… » ?
Sheryo : C’était par solidarité avec mon pote Ekoué. Ils étaient en bif alors moi aussi j’étais en bif. Je ne le connais même pas Rockin’ Squat…

DWT : Et puis ça a été au tour de Mc Jean Gab1 de mal parler sur toi dans « J’t’emmerde »…
Sheryo : Il avait dit qu’il m’avait appelé pour me prévenir que le morceau « J’t’emmerde » allait sortir et que j’étais dedans mais qu’il ne fallait pas que je le prenne mal. Il ne l’a pas fait ! En vérité, moi, je m’en fous. Ce que je n’ai pas compris, c’est qu’il citait mon nom au milieu de mecs qui vendent grave des disques alors que je n’en étais pas là… C’est Less du Neuf qui a écrit ses textes. Ca, surtout, il ne le dit pas. Sur le coup, j’ai arrêté de leur parler. J’ai coupé les ponts avec eux et j’ai dit à Ekoué d’en faire de même mais il était pote avec Vasquez… Ce qui me fait rigoler, c’est que Less du Neuf sortent des phases sur les gens que eux n’auraient pas pu dire directement. Ils préféraient être pote avec tout le monde dans le «peura». Mais, ça ne leur a pas réussi.

DWT : Comment résumes-tu la période du label Anfalsh ?
Sheryo : Avec Casey, on se voyait souvent à la cité, au «212». C’est la cousine d’un mec qui habitait dans ma cité. Elle habitait vers Fort d’Aubervilliers je crois. Elle avait déjà un groupe, Spécial Homicide et moi j’avais le mien, DSP. C’est à partir de la qu’on a commencés à faire des trucs ensembles.  Quand on a eu l’opportunité de signer en licence à Virgin, on a fait le délire Anfalsh. Au début, il n’y avait pas de nom. C’était moi et Casey. Après il y a eu B James, Navea, Prodige, Acto, notre DJ Cool A et aussi Hery le beatmaker.

DWT : Vos rapports ont été tendus par la suite…
Sheryo : Chacun fait ses trucs de son coté. Par expérience, je peux te dire qu’un groupe, ça ne dure jamais longtemps. Les gens qui pensent qu’un groupe va durer jusqu’à la mort, c’est qu’ils ne connaissent rien à la musique, ni au groupe. Tu ne veux pas tout le temps, au même moment, la même chose que le mec qui est avec toi. Après, il y a des trucs personnels qui se greffent à ça. Tu vois les gens moins souvent. Moi, j’ai choisi de me mettre sur le côté. Il y a pleins de trucs qui m’avaient soulé.

DWT : Ton absence est visible ces dernières années… comment se fait-il que nous t’ayons perdu de vue ?
Sheryo : A un moment donné, j’ai fait un vrai break avec le « peura ». Je faisais des trucs alternatifs, une compil à gauche, une compil à droite. Deux, trois mix-tapes vite fait…

A un moment, c’est vrai que ça m’avait super saoulé. J’avais remarqué qu’il y avait plein de truc qui était grave « fake » dans le peura.

DWT : Le rap t’avait saoulé ?
Sheryo : Ce qui m’avait saoulé, c’était tout le temps d’avoir à me justifier. Alors que quand je faisais des trucs dans les sound system ou avec des militants, personne ne venait me casser la tête en me disant « tu as dit ça sur ci, tu as dit ça sur ça…»  Je n’avais plus ce truc de me dire « il faut que je sorte un truc !». Et là, je suis revenu un peu dans ce trip de vouloir sortir quelque chose car j’ai des nouveaux textes… et puis on va pas se mentir, c’est le seul truc que je sache faire plus ou moins ! (rires) Mais à un moment, c’est vrai que ça m’avait super saoulé. J’avais remarqué qu’il y avait plein de truc qui était grave « fake » dans le « peura ». Tu connais un mec depuis 3 mois et quand tu le croise en «résoi», il te checke comme si tu le connaissais depuis douze piges ! Moi j’ai toujours eu un peu du mal avec ce genre de délire. J’ai déjà des potes, j’ai pas besoin du « peura » pour en avoir. Et puis quand je ne fais pas de « peura », je ne suis pas triste. Bon c’est vrai que, quand j’en fais, je suis content.

DWT : On t’avais entendu dire il y a quelques années que tu préférais faire des interviews pour les médias alternatifs plutôt que des magazines en kiosque. Peux tu nous en donner les raisons ?
Sheryo : Parce que déjà, j’ai eu plus de proposition d’interview de ce genre (rires)…

DWT : Tu avais dit ça à une époque où tu étais un peu plus exposé…
Sheryo : Par exemple Groove, Radikal ou L’Affiche, à chaque fois j’ai fait des interviews pour eux, c’était parce que c’était des mecs que je connaissais. C’était soi Mouloud, Jean-Pierre ou Vincent Courtois, j’avais pas l’impression que c’était des gros trucs. Après, c’est vrai que je préférai faire des interviews dans les fanzines parce que l’interview reste en général en entier et tu sens que ça ne change pas trop. Parce que des fois, je ne disais pas les choses comme elles étaient écrites. Ou des fois, on essayait de me faire passer pour Rimbaud alors que je ne sortais que des conneries.

DWT : Tu marques ton retour à la rentrée, tu peux nous en donner des détails ?
Sheryo : Il y a « Ghetto Trip 2 » avec sept ou huit morceaux qui arrive et qui devrait sortir vers novembre/décembre 2012. Sinon, on doit poser un truc sur les « Cool Sessions » que Jimmy Jay prépare. C’est toute une galère, c’est pas nous qui avons choisi l’instru…. Je connais son cousin, je ne savais même pas que c’était le sien. C’est lui qui nous a proposé et Jimmy Jay a accepté. Normalement, je devrais poser un morceau s’il l’accepte, car il ne faut pas dire de gros mots…

DWT :…il faut être cool quoi ! (rires) tu vas y arriver ?
Sheryo : Je vais essayer (rires) mais j’ai rien promis. Je ne sais pas si c’est le cas mais il devrait y avoir Lino, le Rat Luciano, et tout…  Mais je me suis dit qu’ils ont du dire des gros mots eux (rires) ! Pourquoi il n’y a que moi qui n’ait pas le droit d’en dire ! C’est quoi ce truc (rires). Je fais aussi un truc avec Papi Frédo, qui sort avec Lion Scot : « Les Boss du Rap». Il y a aussi pas mal de monde qui pose dessus, Daddy Lord C…

Il y a « Ghetto Trip 2 » avec sept ou huit morceaux qui arrive et qui devrait sortir vers novembre/décembre 2012. Sinon, on doit poser un truc sur les « Cool Sessions » que Jimmy Jay prépare.

DWT : De quelle manière te mets-tu à l’écriture ? Comment choisis-tu tes thèmes ?
Sheryo : Un morceau comme celui sur le conflit israélo-palestinien que j’ai fait, je me prends grave la tête. Je ne voulais pas faire un morceau où tu dis « c’est pas bien, c’est pas juste… » où il y aurait un parti pris, même si je prends partie dans le conflit. J’ai essayé de faire un truc plus ou moins objectif. Ca m’a pris grave du temps. Un texte comme ça demande beaucoup plus de temps qu’un texte freestyle ou un texte sur le 9.3. par exemple qui vient direct et qui est vite fait. Alors que quand tu fais un truc sur la Palestine où des trucs un peu plus sérieux, tu ne peux pas te permettre de dire aussi n’importe quoi. J’essaye d’être irréprochable sur ce genre de thème, au niveau des sources et tout. Je l’avais fait un jour en concert et le « big up » qui m’avait fait le plus plaisir venait d’un mec qui habitait en Israël. Il m’avait dit que le morceau défonçait et qu’il fallait le sortir là-bas ! Il aimait bien le fait que ce ne soit pas antisémite. Evidemment, il y avait aussi plein de mecs qui me disaient « wouallah ça déchire, il est trop bien ton morceau » mais ces avis ne sont pas assez constructifs. Sinon, je ne fonctionne pas spécialement par thème dans mon écriture. C’est plus des impressions. Quand j’ai commencé le « peura », j’écrivais tous les jours au moins un couplet. Après au fur et à mesure, j’écrivais de temps en temps. Après, j’écrivais que quand il y avait un truc à faire. Et là, récemment, j’écris que quand il y a un truc urgent à faire. Par exemple, je vais trouver une rime, je ne vais l’écrire tout de suite, je vais essayer de m’en rappeler. D’ailleurs, il faut que je me rappelle d’une rime que j’ai trouvé hier… Si je m’en rappelle et qu’elle est bien, je vais peut être écrire un truc dessus. Revenir dessus 15 jours, 1 mois après pour essayer de finir le truc. S’il y a un thème qui se dégage, je vais essayer de tenir le fil. Si j’ai une idée qui viens, je l’écris. S’il n’y a rien qui vient, j’écris rien.

DWT : Ton appartenance au 93 est très marquée dans tes textes, voir très revendicatif. Tu places la Seine-Saint-Denis au dessus de la mêlée ?
Sheryo : On a quand même les rappeurs les plus anciens. Et puis, c’est clair le 93 est un département à part, les gens le savent. Je le dis tout le temps aussi parce que j’aime bien la rime. Ce n’est pas non plus un truc super réfléchi. Quand j’ai commencé dans le «peura», j’entendais toujours les «kainris» dirent «Represent ! Represent !» Après je me suis dis que c’était un truc normal dans le rap. Il faut représenter d’où tu viens. Bon après j’avoue, je ne veux pas manquer de respect aux autres mais c’est plus facile de représenter le 9-3 ! (rires) Il fallait représenter la cité, la ville même si elle pue la merde comme la mienne. Tu es obligé de représenter un minimum. On a été obligé de changer Blanc-Mesnil par « Blankok » car ça faisait vraiment naze (rires). Je l’ai fait parce que pour moi c’est une figure imposée du « peura ». Et puis il y a toujours un truc à dire sur le 9-3.…

C’est un truc normal dans le rap, il faut représenter d’où tu viens. Bon après j’avoue, je ne veux pas manquer de respect aux autres mais c’est plus facile de représenter le 9-3 ! (rires)

DWT : D’ailleurs, que fais-tu quand la « misère t’accable et que le diable s’invite à ta table » ?
Sheryo : Je mets un peu de sel et aussi un peu de piment, j’ai l’impression de manger plus ! On rajoute toujours du piment quand c’est la misère… (rires)

DWT : Tu as des regrets sur tes positionnements ? Tu n’as pas eu quelque fois un comportement « suicidaire » au niveau de ta carrière ?
Sheryo : Vu que je n’ai jamais fait exprès de faire ces «ketrus»… Comme je disais, je n’ai jamais fait exprès de signer à Virgin, de faire des clashs et tout. Je ne peux pas avoir de regret puisque je n’ai jamais fait exprès. Je n’ai jamais fait de plan. J’aurai des regrets si j’en avais fait et qu’ils auraient foirés ou trop bien réussis, mais ce n’est pas le cas du tout. Je n’étais pas dans un mode carrière sinon j’aurai essayé de me faire plus de potes dans le rap ! Je regrette plus des trucs de la vie que des trucs du rap en fait.

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