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Sulee B Wax, hip hop honors

Interviews
Ste Strausz, Sulee B

Est-ce que le rap serait devenu une musique de pauvres écervelés ? En ce qui me concerne, je suis rentré dans cette culture par envie, en écoutant des artistes qui produisaient des bons trucs…

Lorsque nous avions relancé Down With This via le web, il était question pour nous de refaire en interview les artistes que nous avions rencontré à l’époque de notre édition papier. Nous avions comme volonté d’observer si leurs projections étaient les bonnes… Ce principe avait conduit à un remarquable entretien avec Solo (initialement en couverture de notre premier numéro paru en 1993 avec son groupe de l’époque). C’est maintenant à un autre « b-boy IV life » que nous donnons la parole plus de 20 ans après notre premier entretien (initialement en couverture de notre deuxième numéro parue en 1993 aux côtés de Ronald L). Ancien danseur au sein de son crew Atomic Breaker puis rappeur au sein de son groupe Da Lausz (ex-Little MC), Sulee B Wax est aujourd’hui un compositeur/producteur hors pair. Avec en bonus une petite refonte de notre site, la saison 2 de notre édition numérique démarre encore avec l’un des plus importants représentants de notre culture en France. Sa connaissance avec l’industrie musicale en fait l’un des meilleurs analystes, ce qui constitue l’autre point fort de cet entretien, mais pas seulement… Il est également le point commun improbable entre NTM, Ophélie Winter, Arsenik, Wallen, 113, Shéryfa Luna mais pas seulement non plus…
Down With This : Tout d’abord, pourquoi se retrouve t-on dans ce studio d’enregistrement à la frontière ouest de Paris ?
Sulee B : C’est ici que je travaille tous les jours depuis un an et demi. Je suis plus souvent ici dans ce studio que chez moi.

DWT : Où en est le Wax Labo ?
Sulee B : Il existe toujours mais sous une forme différente, c’est un Label aujourd’hui. J’appelle ça aussi la pépinière… Mon associé, Rachid Benzine, qui est un ami depuis bientôt 20 ans, et moi développons des jeunes talents. Je ne fais plus du tout de hip hop. Je ne sais pas si cela restera définitif mais pour le moment, c’est derrière moi. J’ai de l’affection pour des amis artistes hip hop donc il y aura peut-être quelques exceptions en 2014… Je continue à en écouter beaucoup et réfléchir à des concepts, mais j’attends.

DWT : Le hip hop ne te concerne plus ?
Sulee B : Il me concerne toujours autant car j’y suis lié. J’essaie toujours de faire une contre-analyse de mon analyse. Ce que je me demande, dans le fond, c’est plutôt « est-ce que le rap d’aujourd’hui est moins bien que celui d’avant ? ». J’en arrive à la conclusion que OUI je le crois, mais comme tout ce qui est fait aujourd’hui, comme si on comparaît le CD avec le vinyle. Le CD est bien plus efficace mais il retire ce qui y avait de meilleur dans le vinyle : cette chaleur qui en émanait, toutes les petites erreurs créées par l’analogique et gommées par le numérique. On travaille plus rapidement, de manière plus efficace mais on perd autre chose… Après, est-ce bien important aujourd’hui ? Concernant le rap français, je suis arrivé à un âge où j’ai l’impression que malgré la richesse de certains rappeurs, ils sont encore pauvres. Est-ce que le rap serait devenu une musique de pauvres écervelés ? En ce qui me concerne, je suis rentré dans cette culture par envie, en écoutant des artistes qui produisaient des bons trucs, même si certains avaient des revendications, ça ne transpirait pas le dégoût de la France ou de la vie. Nous voulions donner de l’espoir ou faire bouger la musique en France.

Est-ce que le rap serait devenu une musique de pauvres écervelés ? En ce qui me concerne, je suis rentré dans cette culture par envie, en écoutant des artistes qui produisaient des bons trucs, même si certains avaient des revendications, ça ne transpirait pas le dégoût de la France ou de la vie. Nous voulions donner de l’espoir ou faire bouger la musique en France.

La seule chose positive, mais qui peut aussi s’avérer dangereuse pour la suite, c’est que le rap soit devenue la nouvelle variété française. Tout le monde sonne pareil. J’ai toujours aimé faire la différence musicalement mais dans l’état du rap actuel c’est un peu difficile… Aux Etats-Unis, c’est visiblement la même chose, donc j’attends. Je me rappelle que je suis tombé dans le hip hop lorsque j’étais aux Orphelins d’Auteuil, un internat à Paris. C’était 1983. Ce truc me plaisait car il était COOL. Ma première image, c’était ce gars au crâne rasé, il « smurfait » derrière un grillage qui séparait les grands des petits comme moi. Cette danse m’avait impressionné. D’ailleurs, le « B » de mon nom signifie breaker. Sulee, c’est un pote qui me l’avait donné et « wax », c’est la cire que contient le vinyle… Même nos noms étaient liés au hip hop ! (rires) Le seul intérêt que l’on tirait de notre implication dans le hip hop, était d’avoir l’admiration des filles. Aujourd’hui, les choses sont différentes. L’époque est plus difficile pour les jeunes donc ceci explique sûrement cela. J’aurais peut-être étais diffèrent si j’avais grandi dans ce monde. Un jour, j’ai entendu La Fouine dire dans un documentaire télévisé qu’étant jeune, il rêvait de rouler dans de belles voitures et posséder de jolies choses comme les rappeurs qu’il voyait dans les clips vidéos. Jusqu’ici pourquoi pas. Mais malheureusement, c’est pour les mêmes raisons que des gars se lancent dans cette musique. Bien que ce soit toujours mieux que d’aller dealer ou braquer, j’ai parfois l’impression que pour certains cela reste le même raisonnement et la même ambition : faire de l’argent.

DWT : Certains morceaux réussissent tout de même à attirer ton attention d’auditeur ces derniers temps ?
Sulee B : Dernièrement, j’ai entendu un titre très fort de Morad de la Scred Connexion, « J’arrête le rap ». Ca m’a touché. Je ne connais pas trop ce que fait la Scred Connexion. Je suis tombé par hasard sur le titre et je comprends tout à fait le discours de cet artiste. C’est ce qui est fou en France. Ce type a une renommée qui ne lui permet pas de vivre de son art. Tout ça parce qu’il n’y a pas de réseau pour ces artistes. La vérité, c’est qu’il n’y a pas de place dans le Game pour tous les types d’artistes rap. Je dis souvent que la musique est une pute qui nous fait toujours espérer de meilleur lendemain. Il faut savoir qu’à un moment, j’ai voulu arrêter la musique et tout plaquer. Pendant deux piges, je suis allé à mon studio sans rien produire. Je n’avais plus aucune envie. Je regarde parfois dans mes vieux disques durs et je vois qu’à certaines périodes, il n’y a que trois ou cinq titres qui traînent ! Je me rappelle qu’à cette époque 113 voulait absolument un titre mais je n’avais rien à leur proposer. J’ai quand même composé un titre qu’ils ont pris pour leur 1er single pour la base, mais je ne voulais déjà plus trop faire de musique. C’est justement Rachid Benzine qui m’a dit un jour : « Tu ne veux plus faire de musique car tu ne fais plus ce que tu aimes, tu ne vas pas arrêter, y a pas moyen, toi, c’est la musique et rien d’autre ».

DWT : Il a bien fait. Pour quelles raisons avais-tu déjà arrêté de rapper quelques années plus tôt ?
Sulee B : J’avais pris goût à la composition et la production. Je m’y suis tôt, à l’époque du Mouvement Authentique, à la fin des années 1980. J’ai d’ailleurs produit tous les sons de l’album des Little, mon groupe de l’époque avec Ronald L, DJ Sek et nos danseurs. Je me suis concentré par la suite uniquement sur la composition. J’estimais qu’il y avait trop de visions différentes du hip hop… J’ai préféré m’enfermer dans ma chambre, faire des sons et travailler avec qui je voulais sans même jamais avoir besoin de proposer mes prods. J’ai été plutôt chanceux à ce niveau.

DWT : Tu évoquais le M.A. (Mouvement Authentique). Cette « école » aura joué un rôle déterminant dans ta carrière de producteur…
Sulee B : C’est à leur côté que j’ai vu pour la première fois une boîte à rythme en vrai ! (rires) Le M.A. utilisait ce genre de machine avant que tout le monde se mette à servir d’un sampler. Ils avaient fait une chaîne de boîte à rythme : il y avait une Kawaï, une Korg, des TR 606 808 et 909. Toutes contrôlées en midi et encore je ne suis plus sur que le midi existait sur la 808 ! (rires) La Korg pouvait sampler 2 à 5 secondes et ça nous semblait pourtant être un truc de fou ! Je ne savais pas réellement comment fonctionnaient les boîtes à rythme ou la musique. J’avais entendu quelques trucs ricains mais rien de précis. La toute première fois que j’ai entendu parler d’une boîte à rythme, j’étais tout gamin, c’était avec les Nec Plus Ultra sur Radio 7. Pour revenir au M.A. en 1988 je crois, je m’étais calmé sur la danse pour faire du BMX. J’étais à fond dedans. J’écoutais des groupes comme les New Génération MC’s (du M.A.), Puppa Leslie, Criminal Posse quand ils passaient à Radio Nova. J’allais même jusqu’à recopier les textes des morceaux qu’ils interprétaient ! J’écrivais un peu pour moi avant cela mais c’était vite fait. Puis un jour, je croise Doudou (des Timides et Sans Complexes). Il me dit qu’il allait à un truc de ouf où il y avait une sorte de réunion de MC’s. Je lui ai demandé de l’accompagner et je me suis retrouvé à Châtillon, avec des gars qui rappaient partout avec name-plates, Fat Laces, etc… J’étais au Mouvement Authentique mais je me croyais à New York ! (rires). C’est là que le rap a commencé pour moi.

Un jour, je croise Doudou (des Timides et Sans Complexes). Il me dit qu’il allait à un truc de ouf où il y avait une sorte de réunion de MC’s. Je lui ai demandé de l’accompagner et je me suis retrouvé à Châtillon, avec des gars qui rappaient partout avec name-plates, Fat Laces, etc… J’étais au Mouvement Authentique mais je me croyais à New York !

DWT : Tu as commencé à composer avec quel type de machine ?
Sulee B : Au départ, j’ai appris sur le matériel du M.A. Puis j’ai acquis une Yamaha RX8 je crois… C’est la première boîte à rythme que j’ai acheté, j’ai commencé à m’en servir tout seul. J’avais bossé au Louvre quelques mois pour pouvoir me l’acheter. (rires)

DWT : Lorsque tu te retrouves dans des conditions plus confortables, comme aujourd’hui, avec quel genre de matos te sens-tu le plus à l’aise pour produire ?
Sulee B : Je compose la plupart du temps sur Pro Tools. Aujourd’hui, je suis revenu à mon premier instrument : MPC. C’est sur cette machine que je me sens le plus à l’aise. J’ai l’impression d’avoir traversé toutes les époques. La première fois où j’ai touché une MPC, c’était à New York. Du coup, j’en avais acheté une quand j’étais retourné en France. Avant ça, j’utilisais un Macintosh SE. De nous jours, la musique a changé alors on s’adapte. Je travaille avec Pro Tools, Logic, FL Studio, Reason, BPM de MOTU mais mon plus beau souvenir de kif est sur une MPC classique, SP1200. Les meilleurs moments se situant pour moi au moment de la composition puis à celui du mastering. Le mix entre les deux me saoule grave.

DWT : On s’est souvent interrogé sur le son français qui sonnait largement en dessous de celui d’outre-atlantique. As-tu une explication sur ces « manquements » ?
Sulee B : Ça vexe toujours les ingénieurs français quand on dit ça, mais aux States, c’est vraiment autre chose. J’ai fais quelques mixes d’albums aux États-Unis. J’ai donc pu comparer. On aime ou on n’aime pas mais il faut reconnaître que le travail et la façon de penser des ricains ou des anglais n’ont rien avoir avec nous. On est des français… avec des vibes différentes. J’ai travaillé là-bas avec un assistant japonais et un mixeur allemand et il y a là aussi une différence marquante de caractère mais aussi de travail. Mais je ne pense pas que cela soit la seule faute des ingénieurs du son français. Il faut aussi regarder du côté des producteurs, nous ne sommes pas Dr Dré, TimBo ou Rick Rubin mais bon… On s’améliore. De nombreuses choses nous séparent. La première fois où j’ai mis les pieds à New-York c’était pour travailler sur un projet avec un jeune producteur américain, il m’a fait écouté ses sons, et ses caisses claires, ses pieds… ça sonnait tellement que je lui ai demandé : « mais où as-tu chopé des sons comme ça ?!!« . Ce mec était bordélique, il marchait sur ses vinyles, il utilisait de vieilles machines mais ses sons étaient mortels ! En France, on est toujours à l’affût des nouvelles technologies mais on reste en dessous… Ce mec n’avait pas grand chose mais il bidouillait avec ce qu’il avait et savait parfaitement comment faire sonner ses titres. Moi qui croyait pourtant être à la pointe avec un KS1000… A l’époque Il faut savoir que les producteurs français indépendants avaient souvent plus de moyens que les producteurs indé américains ! Je pense que la part de souffrance dans la création est importante. Plus j’avais de matos, de moyens ou de disques à disposition et moins j’étais productif et performant.

DWT : Les platines vinyles ont également suscité ton intérêt ? Tu as déjà mixé ?
Sulee B : Non je n’ai jamais mixé mais oui, j’avais des platines… D’ailleurs je tiens à dire que je n’ai pas oublié que Zoxea a encore une platine à moi (rires). Si il lit cette interview, il saura qu’il peut me l’a ramener quand il veut. (rires)

Je n’ai jamais mixé mais oui, j’avais des platines… D’ailleurs je tiens à dire que je n’ai pas oublié que Zoxea a encore une platine à moi (rires). Si il lit cette interview, il saura qu’il peut me l’a ramener quand il veut.

DWT : Cela suppose que tu as du être un grand collectionneur de vinyles… 
Sulee B : Beaucoup de soul, tout ce qui vient du label Stax. Ils ont vraiment fait des perles. On dirait de la musique faite pour durer et être samplée. Sinon J’aime beaucoup aussi Stylistics, je trouve qu’ils ont un son de ouf. Et puis aussi le jazz fusion genre Weather Report etc. Je remercie d’ailleurs un mec qui m’a beaucoup appris dans la musique, Double P (Perpros), du M.A. Posse. Il était DJ et faisait des soirées en boîte avec DJ Chabin. C’était Le monsieur, il avait des skeuds de dingue. Je crois même que j’ai encore des disques à lui (rires). Lui, c’était vraiment abusé. J’allais là-bas, j’écoutais, j’apprenais à connaître les groupes. J’étais un gamin. J’achetais un peu de rap. J’avais aussi un pote qui barbait des disques à la FNAC. (rires) Aujourd’hui j’ai arrêté d’en acheter.

DWT : La Mafia Underground a ensuite occupé beaucoup de ton temps. Peut-on considérer qu’une autre Mafia, K’1 Fry cette fois, aurait réussi ce que la Mafia Underground avait tenté d’entreprendre ?
Sulee B : Il suffit de regarder le parcours de la Mafia K’1 Fry… Je pense que les membres de la Mafia Underground étaient peut-être légèrement gâtés : ils disposaient d’un home studio pour faire des maquettes et j’étais relativement disponible pour eux… C’était les jeunes de ma cité, c’était aussi des potes, je n’étais pas le plus facile à vivre car j’étais très exigeant. J’attendais d’eux le maximum. Pour moi, un groupe comme Noxious aurait pu changer beaucoup de choses. Si ce style aurait percé, tout le rap français en aurait été bouleversé. J’ai souvent demandé aux membres de la M.U. d’observer comment les gars de la future Mafia K’1 Fry travaillaient. Ils avaient le mord ! Certains d’entre eux étaient pourtant des anciens membres de la Mafia Underground. Il y avait aussi parfois des désaccords au sein de notre collectif, ce qui n’aidait pas le travail en équipe. Je pense également que l’image et l’attitude dont disposait la Mafia K’1 Fry correspondait plus aux attentes d’un nouveau public qui pointait son nez. Nous avons travaillé des choses très intéressantes à l’époque. Je ne regrette rien et je trouve dommage que la Mafia Underground n’ait pas eu plus de succès alors qu’elle le méritait. Le EP que nous avons produit reste pour moi l’une de mes plus belles productions.

C’était les jeunes de ma cité, c’était aussi des potes, je n’étais pas le plus facile à vivre car j’étais très exigeant. J’attendais d’eux le maximum. Pour moi, un groupe comme Noxious aurait pu changer beaucoup de choses. Si ce style aurait percé, tout le rap français en aurait été bouleversé.

DWT : Sté avait pourtant réussi à se démarquer rapidement…
Sulee B : Sté en voulait vraiment et je la trouvais très talentueuse. Cette meuf était une ouf, elle rappait comme mec ! C’était impressionnant. C’est une très bonne rappeuse qui appartient au hip hop. Est-ce que le hip hop est encore là ? C’est la seule question que je me pose. Sté est pour moi une kickeuse de ouf. Elle avait une grosse carrure. Elle ne rappait pas comme les filles de l’époque. D’ailleurs, même les gars de la Mafia Underground n’avaient pas la hargne qu’elle avait. On a été beaucoup critiqué à l’époque car nos influences américaines étaient très présentes. Nous avions vraiment besoin de faire exister ce type de rap. Il faut se remettre dans le contexte. Nous n’étions pas seulement dans cette vision d’un rap français mais, comme on disait à l’époque, d’un rap en français. Je vois que cela commence à changer de nos jours avec l’arrivée de la trap music. Les artistes recommencent à pomper ce qu’il se fait aux States. C’est Miami ici maintenant ! Nous étions déjà dans cette dynamique mais on nous a vite accusé de manquer d’originalité. Il y a même eu une vague anti-américaine un peu avant les années 2000 alors que moi, j’étudiais leur manière de faire des sons pour reproduire leur méthode ici ! Je pense d’ailleurs que le fait de ne pas avoir transposé le rap américain en France est ce qui nous a perdu. C’est devenu très souvent une musique de cas sociaux. Le coté b-boy de cette musique a quasiment disparu. On a également un problème de transmission en France. On ne transmet rien. La cérémonie des « Hip Hop Honors » aux Etats-Unis marque par exemple cette différence avec la France.

DWT : Penses-tu que les méthodes de travail des maisons de disques ont joué sur la qualité de cette musique au moment de son développement en France ?
Sulee B : Le rapport entre les maisons de disques et le hip hop a toujours été compliqué, même dans les années 1990 / 2000, qui représentent finalement pour moi les plus belles années de la musique rap en France. Pourtant, on se plaignait souvent qu’ils ne comprenaient rien à notre musique ! En réalité, c’était quand même des gens impliqués. Je m’en rends compte avec le recul. Certains se souciaient réellement des artistes mais on était trop jeunes pour comprendre cette industrie. Lucas Minchelo était quelqu’un que j’aimais beaucoup, idem pour Laurence Touitou qui dirigeait Delabel. Ces rencontres m’ont permis de me retrouver à New York pour y travailler avec Prince Charles Alexander, un des ingénieurs de P Diddy au Daddy’s House Studio. A l’époque, c’était l’une des figures majeures du mixe. Ce sont des choses marquantes et formatrices dans la vie d’un compositeur. J’ai assisté à des séances de studio mémorables. Je n’ai finalement jamais eu le sentiment de me faire exploiter par Delabel. Ou juste un peu. (rires)

DWT : La décision de l’Etat d’imposer aux radios en 1996 un quota de production musicale française sur les ondes suscitera une passion subite de Skyrock pour le rap. Cela favorisera largement son industrie. Plus de 15 ans après, quel bilan tires-tu de l’influence de cette radio sur ce courant musical ?
Sulee B : Je suis resté naïf très longtemps sur toutes ces questions. Je faisais ma musique et je ne me prenais pas la tête avec tout ça. Cela ne m’intéressait pas. Je me souviens par exemple ne pas avoir compris quand j’ai reçu mon premier chèque à l’époque des Little car je faisais ça uniquement pour le fun. C’est au moment de la B.O. de La Haine que j’ai eu affaire à Skyrock. Nous avions un morceau de Sté dedans. On pensait qu’il était à la hauteur pour y entrer en play-list mais ça n’a pas été le cas. Un autre morceau avait été retenu. Toute l’équipe qui avait bossé sur cette B.O. était très contente qu’un des morceaux de rap entre en play-list sur une radio nationale. Mais je crois que c’était le début des problèmes…

DWT : Nous sommes en 1996 dans ton récit… On veut ton avis de 2013 ! (rires)
Sulee B : C’est un terrain très glissant sur lequel vous voulez m’emmener !  Je vais vous dire ce que je pense et je vous promets que je serai sincère (rires). Quelle était la question précisément ?

C’est un terrain très glissant sur lequel vous voulez m’emmener !  Je vais vous dire ce que je pense et je vous promets que je serai sincère (rires).

DWT : La question est simple car nous sommes simplement animés par une volonté d’information. Et il y a une réalité. Tu évoquais Benjamin Chulvanij, directeur de label, pour ne pas le citer. C’est justement le genre de personne que côtoyait Laurent Bouneau, directeur de programmation de Skyrock, pour ne pas le citer, dans des séances d’enregistrement d’album en studio. Ce n’est plus un secret : ces personnes faisaient en sorte d’orienter les enregistrements pour en faciliter l’entrée dans la play-list de Sky. Tout ce beau monde, artistes, label, radio, était donc gagnant sur le court terme.
La question est : Est-ce que le résultat te semble concluant 17 ans après ? Ou considères-tu au contraire que ces méthodes ont fini par travestir cette musique au point de la transformer ?
Sulee B : J’ai toujours pu faire ce que je voulais. J’ai accepté les contrats que je voulais. Je ne regrette rien. Dans la musique, ce sont tes choix qui guident ta longévité dans la musique. Dans la vie également. Toutes les choses que j’ai fait et qui sont passées sur Skyrock, j’en étais super content et ce n’était pas fait pour passer dessus. C’est passé quand même. Il n’y a pas eu de directeur artistique dans ma cabine pour me dire ce que je devais faire. Ça ne m’est jamais arrivé. J’ai beaucoup travaillé avec Benjamin. Il a aussi été mon manager. C’est quand même celui qui a fait Hostile Records et travaillé avec le Secteur Ä. On ne peut pas dire qu’on était dans le rap bisounours… Après, il a son tempérament, mais il ne se met pas derrière une console ou une MPC ! C’est aux artistes de savoir réellement ce qui veulent et aux compositeurs de cesser d’êtres des beatmakers pour commencer d’être des directeurs artistiques et des réalisateurs. Mais c’est aussi un métier. Je ne mentirais pas en disant que j’ai quand même appris en bossant avec Benjamin.  Comme je pense qu’il en a appris avec moi.

DWT : Prenons un autre angle. Es-tu satisfait de la programmation de Skyrock ?
Sulee B : Non, pas spécialement, mais la faute à qui ? Ce n’est ni la faute de Skyrock, ni celle de Benjamin Chulvanij. La faute revient aux artistes. Le rap s’est lui-même émasculé avec tout un tas de putains de fake MC’s qui ont joué le jeu, c’est tout. Tout notre biz ne se passera jamais comme aux États-Unis parce que nous sommes français, c’est tout. On a une mentale française et celui qui arrive avec une mentale américaine est tout naturellement éjecté. Les seuls qui passent sont ceux avec une un discours et un style qui s’accordent mieux avec celui de la France. Ce qui nous permet d’ailleurs de faire des choses qu’on ne peut même pas penser aux Etats-Unis. Arrêtons de rejeter la faute sur un patron de radio et un directeur de label. La réalité est que ce sont les artistes rap qui apportent ce genre de musique. Ce n’est pas le patron de Skyrock, ni celui d’une maison de disques. Si Skyrock passe ce genre de play-list, c’est que les artistes produisent cette musique ! On ne peut pas demander au boss d’une radio de faire du militantisme hip-hop…

La faute revient aux artistes. Le rap s’est lui-même émasculé avec tout un tas de putains de fake MC’s qui ont joué le jeu, c’est tout.

DWT : Tu as produit pour beaucoup de monde. Quels ont été tes plus gros cartons à la SACEM et tes plus beaux passages en play-list justement ?
Sulee B : Bonne question… Ça doit être un titre du premier album de Wallen, quoique commercialement, son deuxième album a vendu autant je crois. Où alors, c’est un titre de NTM. Je ne sais pas en fait. Je n’ai jamais roulé sur l’or contrairement à ce qu’on pourrait croire. Après, j’ai un prix et cela ne change pas. C’est ce qui m’a aidé à vivre avec la SACEM.

DWT : Quel souvenir gardes-tu de ta collaboration avec eux sur le hit « Laisse pas traîner ton fils » dont tu as assuré la composition ?
Sulee B : C’était très rapide. Les rapports ont été très bons. Je connaissais un peu Didier (Joey Starr) mais on ne faisait que de se croiser avec NTM, même si ça remontait à loin. Je trouve bien leur démarche car avec le caractère qu’ils ont, ils se sont mis dans la position de solliciter un producteur français ne faisant pas parti de leur cercle. Ca c’est un échange hip hop ! Ils avaient écouté un titre très Mobb Deep à Sté et voulaient un truc dans le genre. Du coup, j’ai utilisé le même sample, mais que j’avais récupéré ailleurs et composé différemment pour faire leur morceau. Je l’ai réutilisé par la suite pour faire « Pourquoi » de Busta Flex. Je sais que Didier aimait bien mon travail, il en parlait aux gens, dans les maisons de disques, surtout chez Delabel. J’avais déjà été assez touché par ça. Il faut savoir que quand on a commencé avec Les Little, au début des années 1990, on était dans une ambiance de concurrence avec les NTM. On s’aimait pas trop (rires). Pour notre part, on était quand même assez tranquille avec eux, mais fallait pas nous casser les couilles. Et souvent, il y avait des petites guéguerres auxquelles on était obligé de répondre. Je me souviens par exemple que nous avions joué à Ornano avec NTM. Ca s’était mal passé pour eux mais assez bien pour nous… Didier avait dit au public « là, on n’a pas vu la différence mais à l’Elysée Montmartre, vous verrez la différence ! ». Je n’avais pas aimé mais c’est vrai qu’à l’Elysée Montmartre, on avait vu la différence ! (rires) Ca s’était mal passé pour nous mais super bien pour eux ! L’époque voulait qu’il y ait une sorte de rivalité entre les groupes. Chacun voulait affirmer la puissance de son groupe. Mais cela n’était finalement qu’une compétition artistique saine.

On était quand même assez tranquille avec eux, mais fallait pas nous casser les couilles. Et souvent, il y avait des petites guéguerres auxquelles on était obligé de répondre. Je me souviens par exemple que nous avions joué à Ornano avec NTM. Ca s’était mal passé pour eux mais assez bien pour nous…

DWT : Comment as-tu ressenti ta participation à l’album « Touche d’espoir » d’Assassin ? Avais-tu cette impression de travailler sur le premier album solo de Rockin’ Squat ou considérais-tu que la dimension Assassin perdurait encore ?
Sulee B : Je connaissais aussi mal Rockin’ Squat. On s’appréciait de loin. J’avais croisé Solo vers Pigalle un jour. Il faut savoir aussi qu’en vérité, on aimait beaucoup NTM et Assassin quand ils passaient à Radio Nova. C’était la guerre obligatoire mais en vérité, on kiffait ! Quand on a eu notre période EPMD à l’époque des Little, les critiques se faisaient ressentir. Même de la part d’Assassin, il y avait des trucs qui arrivaient à nos oreilles. Des années plus tard donc, je croise Solo à Pigalle. On discute et il me dit « les gars, je vous le dis aujourd’hui : chapeau ! Quand on a entendu les trucs que vous aviez fait à la EPMD, on se demandait comment vous aviez fait ! Musicalement, c’était super dur à refaire ! ». Ca m’a fait plaisir. D’autant plus qu’il était temps qu’on arrête nos gamineries car en fait, on était là pour marcher ensemble. Pareil, quand Squat m’a appelé pour qu’on bosse ensemble, j’étais flatté. J’étais déçu qu’il n’y ait plus Solo, je crois même que je l’avais dit à Squat. Je suis super bien avec les deux, ce sont mes gars ces mecs-là. J’étais ému quand je les ai vu tous les deux sur scène à l’Olympia. Leur séparation est triste mais quand j’ai bossé sur cet album d’Assassin, c’était malgré tout un projet Assassin.

DWT : Au regard de l’esprit de compétition qui régnait entre vous, tu as dû te poser des questions quand ces artistes t’ont sollicité pour que tu leur produises des sons…
Sulee B : J’ai été très fier de travailler avec. Je pensais que certains d’entre eux n’aimaient pas ce que je faisais. Je me suis trompé.

DWT : On sait, pour l’avoir constaté, que tu as apporté énormément à NAP à leurs premières heures. Malik faisait des allers-retours Strasbourg-Vitry pour apprendre à tes côtés. Vous êtes resté en contact ?
Sulee B : Aucune nouvelle.

DWT : Parlons donc plutôt de Rohff que tu croisais très souvent quand il y a eu toute cette émulation artistique vitriote. Tu lui as même produit des sons. Comment perçois-tu son parcours depuis ses débuts ?
Sulee B : Il n’était pas dans la Mafia Underground mais il était avec nous, c’était les gars de chez nous. On c’est recroisé avant certains de ses derniers album, mais ce que je voulais lui faire, il n’en voulait pas. Ce qui est sur, c’est que Rohff fait partie des gens, avec la Mafia K’1 Fry, qui ont pris une très grande revanche sur ce que la vie leur avait offert au départ.

DWT : Sais-tu combien de titres tu as produit jusqu’à maintenant ?
Sulee B : Non… D’ailleurs parfois, on me fait écouter des titres que j’ai produit que je redécouvre ! Il y a tellement longtemps que je fais du son, j’ai oublié pas mal de trucs. Au début, on s’en foutait de tout ça, on ne faisait même pas attention à la SACEM. Je donnais des sons à des mecs qui n’avaient pas de thunes. Mais j’ai tout conservé, DAT, mini-disc, disquettes, etc…

DWT : Est-ce que cela te manque d’être le producteur exclusif d’un groupe comme tu l’étais au sein des Little ?
Sulee B : Durant une période cela m’a manqué mais plus maintenant. En fait, je considère qu’il manque un truc au rap. Il lui manque le hip-hop. Le rap américain est d’ailleurs lui aussi touché, c’est maintenant juste la loi du business, de l’évolution du genre, et de l’argent. Je ne suis pas amère quand je dis ça. Je le vis bien, c’est juste que je suis passé à autre chose aujourd’hui.

DWT : N’as tu pas la réflexion que le rap évolue et que son évolution accompagne la volonté d’une nouvelle génération ?
Sulee B : Bien sur. C’est comme ça et il faut l’accepter. Après avec tout ce que les gars de ma génération on a pu connaître musicalement, c’est sûr qu’on ne peut être que frustré. Aux Etats-Unis, le marketing a toujours existé dans cette musique. MAIS là-bas, ils n’ont jamais fait d’escroquerie sur la qualité. Tu ne verras jamais un mec comme Keen V ou un groupe comme Collectif Métissé qui fonctionne là-bas. Pas même en Angleterre. Ici, ils font partie des meilleures ventes ! Ce n’est pas une critique mais juste un constat, j’ai cessé de rêver il y a bien longtemps. Par contre, il y a 15 ans, je croyais réellement que cela serait diffèrent.  Cela reviendrait à jouer à Don Quichotte et une vie ne suffirait pas. Aux Etats-Unis, malgré l’argent, la mort des grandes figures du hip-hop et l’industrie du disque, le hip-hop continue toujours d’être présent. Il est même devenu un facteur important à Hollywood. A quand un titre de Booba dans un film français sans que le scenario soit axé sur la banlieue ? Les studios de cinéma américains n’hésitent pas à mettre des gros classics shits dans leurs productions. En France, tu ne verras jamais un film avec Jean Dujardin avec pour fond sonore un gros son de Rocca ou des X-Men. Inutile de dire que le hip-hop là-bas est ancré dans la culture américaine tout comme le rock ou le jazz. Il est accepté dans toutes les classes sociales. En France le rap est une musique de pauvre, perçue comme une musique étrangère faite par des étrangers. Je pense que cela aurait dû rester comme à l’époque des soirées Zoopsie au Bobino ou au Globo. Tout le monde était mélangé : Sylvester Stallone qui dansait à côté de Pierre Richard sur du hip hop, au milieu de jeunes de cités (même si certains étaient rentré par les toits rires), le tout à côté de Jean-Paul Gauthier. C’était hyper branchouillard mais cette musique aurait dû rester là dedans. Cela aurait été un moindre mal. Perso, je n’étais pas un habitué, car trop jeune et trop banlieusard, je restais dans mon survêt à la cité… Les rares fois où nous sommes aller nous frotter au hip hop parisien, c’était par exemple pour assurer la première partie de Big Daddy Kane à nos débuts en 1989.

DWT : Le home Studio reste t-il à ton sens la meilleure solution pour les rappeurs ?
Sulee B : C’est effectivement LA grande solution. Il y a plein de gros studios sur Paris qui ont fermé, pareil en province. Pour le hip hop, et surtout pour le hip hop d’aujourd’hui, plus besoin de grand chose. Tout ce qui est dirty south et trap music, ça se fait avec FL Studio qui s’achète facilement sur internet. Tu achètes un micro deux ou trois machines et tu fais tout chez toi. Mais encore une fois, ça dépend aussi de la musique que tu veux faire. Aujourd’hui je travaille sur de la pop avec parfois des musiciens, donc ça demande d’autre moyens que pour le rap ou la musique Urbaine.

Pour le hip hop, et surtout pour le hip hop d’aujourd’hui, plus besoin de grand chose. Tout ce qui est dirty south et trap music, ça se fait avec FL Studio qui s’achète facilement sur internet. Tu achètes un micro deux ou trois machines et tu fais tout chez toi. Mais encore une fois, ça dépend aussi de la musique que tu veux faire.

DWT : As-tu également produit pour des rappeurs américains ?
Sulee B : Non jamais, On m’a dit un jour : « Sulee, tu as un son ricain, il faut que tu ailles aux states !« . Là-bas, je connaissais un mec qui s’appelait Rufus Black. Alors que j’étais avec lui aux Etats-Unis, il m’a demandé de rester pour qu’on travaille ensemble. Je venais d’avoir une gamine et je ne pouvais pas rester dans le flou en galère à New York. J’avais une carrière en France qui se portait bien. J’ai toujours voulu transformer le son en France. Je me disais : « un jour, on sera comme aux States« . C’était mon réel désir, que la France devienne un truc ouf. Limite, la France avait besoin de moi ! (rires). Je croyais à cette connerie. De toute façon, je sais ce que valaient les producteurs américains et je n’ai jamais été un grand prétentieux. Aux States, ça ne rigole pas, c’est un autre niveau ! Un exemple : Il y a quelques années ça, j’étais chez Def Jam avec une meuf qui était chargée de recruter des beatmakers. Cet épisode m’a traumatisée. Elle avait une caisse remplie de sons sur DAT. Elle en a pris un pour me le faire écouter en me disant « lui c’est mon chouchou ! ». C’était un son de Rockwilder ! Quand j’ai entendu le titre, je me suis dis : « Sulee, reste là où tu es en France« . (rires) C’était un inédit, je ne l’ai plus jamais entendu. Ca veux dire qu’aucun rappeur ne l’a utilisé alors que ça avait déjà un niveau de ouf. Elle m’a ensuite demandé si j’avais des sons à lui faire écouter… J’ai répondu « non ! » direct. J’aurai pu retourner à l’hôtel chercher des trucs mais je n’avais rien à faire écouter de ce niveau. Sinon, j’ai par la suite été amené à réaliser un remix pour Neneh Cherry et un pour Tom Jones, c’est tout.

DWT : Y a t-il une collaboration ou un titre avec un artiste que tu aurais aimé faire, mais que tu n’as pas encore réalisé ?
Sulee B : Pas vraiment. Mon pote Ronald me reprochait d’avoir fait Shéryfa Luna. Il ne comprenait pourquoi j’avais accepté alors que j’avais déjà fait Wallen (rires). J’ai fait aussi deux trucs pour Ophélie Winter. No regret. Au début, j’avais dit non, par rapport à l’image de starlette qu’elle véhiculait et pourtant j’étais grassement payé mais ça ne m’intéressait pas. La meuf m’a appelé directement et j’avoue que me suis fais avoir comme un bleu. Elle m’a sorti tout ce que j’avais fait, qu’elle kiffait Wallen et qu’elle en avait marre qu’on lui fasse des trucs de merde. Elle m’a eu par les sentiments. C’est une meuf cool, on était dans un autre registre et je l’ai fait.

DWT : Quel est ton MC français préféré ?
Sulee B : Il y en a trois. En premier, Akhenaton, pour rendre hommage à sa carrière. En deux, Lino, pour ses punchlines et parce que le mec, c’est le diable ! Et en troisième, Busta Flex, avec sa technique, ce gars est vraiment hip hop. Je souhaite vivement le retour de ces MC’s au devant de la scène. Cela voudrait dire beaucoup.

DWT : Quel regard portes-tu sur le système de l’indépendance dans le rap en France ? Penses-tu qu’il s’agisse de la seule existence encore possible à grande échelle pour cette musique, à l’image de la réussite Wati B ?
Sulee B : C’est clair, c’est un exemple de réussite mais on en est qu’au début. On ne sait pas encore sur la durée ce que ça peut donner. On s’excitait comme des oufs au début d’Arsenal Records et puis… Aujourd’hui, Sony Music a des parts dans Wati B, donc on en est qu’au début. Si un jour, ce label produit de la variété française, des trucs adultes et sérieux, et qu’il compte parmi les poids lourds de l’industrie de la musique française en rentrant dans ces cercles fermés, on sera arrivé à quelque chose de jamais vu en France. Pour le moment, signer des groupes de hip hop, ce n’est pas ce qu’il y a de plus difficile pour eux je pense. Il faudrait que Wati B devienne à son tour un Sony Music ou un Because et là, on pourra réellement projeter un changement. Pour le moment, ce sont des personnes issues de quartiers qui s’enrichissent. C’est très bien mais on a déjà vu cela avec IAM, MC Solaar, Doc Gynéco ou Booba et les choses n’ont pas vraiment changé pour la musique urbaine en général. Un des problèmes en France est qu’on en est encore à demander à Jamel Debbouze ce qu’il va faire de son argent ! Aux Etats-Unis, des responsables de labels comme Bad Boy ou Def Jam ont été financé sans que leur couleur de peau, ni même que leur provenance sociale entre en ligne de compte. Les mecs représentaient de l’argent, donc on leur proposait d’en faire et d’aller plus loin. En France, on n’est pas comme ça. Il y en a un qui marche puis il meurt et laisse sa place au suivant. Si maintenant il commence à en avoir un pour qui ça marche et qu’il se diversifie, alors que d’autres arrivent derrière, là les choses pourront changer un peu.

DWT : Il y a une question qu’on s’est toujours posé entre nous, comment se fait-il que tu ne te sois pas investi dans des causes militantes ou que tu ne te sois pas positionner sur des sujets sociaux dans tes textes à l’époque où tu rappais encore ? 
Sulee B : Ma vie était bien je pense… J’ai grandi dans une cité de Vitry mais on était bien. Certes comme tous les gamins dans les quartiers, au lieu d’avoir trois bandes sur noss baskets, on en avait que deux, idem pour les survêts. Mais j’en avais rien à foutre, gamin je trouvais mon bonheur ailleurs, dans des trucs simples. A Vitry, on a un truc : on disait « on va aux cerises ! », on se remplissait de fruits qu’on cueillait nous mêmes. Puis plus tard, on a rencontré le hip-hop. A 14 ans, quand tu fais cette rencontre, c’est la belle vie… Psychologiquement, je pense qu’on était bien. On était pauvres mais riches de passion. On marchait sur les seringues mais on avait notre échappatoire. Et d’ailleurs NTM, IAM et Assassin étaient plus vieux, donc plus conscient peut-être. Aujourd’hui, clamer que tu es un meskin, c’est presque obligatoire car ça fait partie du rap game. J’ai pour ma part été influencé par le rap américain, par des gars comme LL Cool J avec son « I need love », Run DMC qui revendiquait son style avec « My Adidas », EPMD… C’était ça ma vision du rap : du flow et des musiques lourdes. J’aimais beaucoup Public Enemy mais honnêtement, leurs problèmes ne me touchaient pas spécialement. Bien sûr, je suis renoi, mais bon je ne me voyais pas faire Black Power en France ! On a eu un ou deux textes comme ça mais je ne suis pas sur qu’on réfléchissais vraiment à ça ! J’ai rappé ce que je ressentais et ce que j’étais. Et puis d’ailleurs quand on voyait là où nous allions parfois en concert… on n’allait pas en rajouter ! Les mecs étaient déjà en chien dans leur cité, pour beaucoup dégoûté de leur situation, on préférait leur apporter du hip-hop pour qu’ils s’échappent un peu, plutôt que de leur rabâcher la misère dans laquelle ils étaient. On voulait offrir autre chose. Nous étions plutôt dans la dynamique de convertir les gens en b-boy ! Imagine, maintenant en 2013, les gamins rentrent dans le rap par le biais de You Tube et de toutes les conneries qui s’y trouvent. Imagine dans quoi sont ces gamins ! (rires) Ils matent des clips dans lesquels des mecs sans chicots braillent que de la haine. Tout passe par la prison et le désespoir et on appelle ça « street credibility ». Les pauvres gamins s’enferment dans un rôle sans même le connaître et pensent qu’il n’y a pas d’autre alternative ! Moi, je considère que ce genre de rap a fait énormément de mal. Je sais que parmi certains rappeurs dit « caillera », il y a pourtant de vrais techniciens, des connaisseurs, je dirais même des b-boys. Mais pour ne pas passer pour des bouffons qui se croient aux states, ils maquillent leur art parce que ce n’est pas crédible d’être hip-hop dans les quartiers. C’est mieux d’être une pauvre caillera. Attention, cela ne signifie pas que je kiffe le rap des bisounours. Cela signifie juste que cela fait maintenant partie du problème des jeunes de quartiers. Tu me posais la question pourquoi les Little n’avaient pas de titres un peu plus engagés ? Je crois justement que c’était pour éviter de plonger là-dedans.

Imagine, maintenant en 2013, les gamins rentrent dans le rap par le biais de You Tube et de toutes les conneries qui s’y trouvent. Imagine dans quoi sont ces gamins ! (rires) Ils matent des clips dans lesquels des mecs sans chicots braillent que de la haine. Tout passe par la prison et le désespoir et on appelle ça « street credibility ». Les pauvres gamins s’enferment dans un rôle sans même le connaître et pensent qu’il n’y a pas d’autre alternative ! Moi, je considère que ce genre de rap a fait énormément de mal.

Sté Strausz, hymne à l’honneur

Interviews
Sulee B

J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! »…

Elle fait partie des tout premiers artistes que nous avons rencontré et suivi. L’idée d’un nouvel entretien, 19 ans après notre première rencontre, était donc apparue tout naturellement pour exposer en détail le parcours atypique dans le rap depuis 1992 de Sté Strausz. Confronté aux chachas et aux rouages mal graissés de l’industrie du disque, exister en tant que femme dans ce milieu était déjà une performance. Malgré des absences répétées, Sté reste une artiste productive et travaille actuellement sur son nouvel album.

Down With This : A quand remonte ton immersion dans le rap et comment se fait ta rencontre avec le hip hop ?
Sté Strausz : J’ai grandi entouré de musique. Mon père était DJ pour des événements familiaux (mariage, baptême…), il  passait de la musique antillaise, haïtienne, cubaine et africaine.  Je faisais du Gwo Ka à l’époque. Voyant que je m’intéressait à la musique, il m’avait offert mes deux premiers albums en vinyls : « True Blue » de Madonna et « Bad » de Michael Jackson. Son geste était très inattendu et ce fut le seul dans ce sens (rires). C’est mon grand frère qui m’a fait découvrir le rap. Nous partagions la même chambre : comme il en écoutait, j’en écoutais aussi. J’ai accroché dessus en 1987-88. J’avais 10 ans. Quand nos parents n’étaient pas là, il mettait les enceintes sur le rebord de notre fenêtre du rez-de-chaussée dans notre cité, Gabriel Péri à Vitry-sur-Seine, et il passait du son toute la journée. Tout le monde en profitait ! (rires). J’écoutais avec beaucoup de réserve, sans analyser,  J’aimais beaucoup la manière dont ça cognait. J’ai découvert les Little, Assassin, tous les groupes de l’époque en écoutant Nova. J’écoutais et je me prenais des calottes. Lionel D était pour moi une révélation. Quand il prenait le micro en impro, c’était mortel. Je pense d’ailleurs que c’est lui qui m’a amené vers ce truc de parole fédératrice, du « on communie ensemble ».

J’ai commencé à écrire des textes en 1990, à l’âge de 13 ans. Mon cousin, DB (David Bordey) et John Gali l’ont su et ont décidé de me présenter à Sulee B des Little. Et là, avec à peine un bonjour, ni quoique se soit, Sulee me dit : « vas-y, rappe » (rires). Je ne savais même pas que c’était Les Little en face de moi !

DWT : Ta rencontre avec Les Little était écrite…
Sté Strausz : J’ai commencé à écrire des textes en 1990, à l’âge de 13 ans. Mon cousin, DB (David Bordey) et John Gali l’ont su et ont décidé de me présenter à Sulee. Il m’ont ramené chez RL des Little, pas loin de chez nous, où se trouvait également Sulee. Et là, avec à peine un bonjour, ni quoique se soit, Sulee me dit : « vas-y, rappe » (rires). Je ne savais même pas que c’était Les Little en face de moi ! Je leur avais balancé un a capella et Sulee avait kiffé. On s’est revu dans la foulée et j’ai eu des prods très rapidement. Les premiers enregistrements ont eu lieu dans un studio vers La Fourche à Paris. J’étais super impressionné par la taille du lieu. J’étais jeune, j’avais quinze ans…

DWT : Comment ta mère percevait le fait que tu te retrouves à fréquenter ce milieu ?
Sté Strausz : En 1992, Djida (figure historique et ex-manager de la Mafia Underground) s’était déplacé chez ma mère pour discuter avec elle et lui expliquer certaines choses, qu’ils allaient m’emmener en tournée pendant un mois, en Italie et tout. Je me rappellerai toujours de la tête de ma mère quand elle avait regardé Djida, bonhomme hyper impressionnant, pour lui demander : « vous ferez attention à ma fille ? » (rires).

DWT : Avec Djida, tu étais entre de bonnes mains…
Sté Strausz : C’est exactement ce qu’il lui a répondu ! (rires). Ma mère a dit OK c’est bon, tu peux y aller. Elle avait signé tous les contrats et hop me voilà dans cette aventure… Sans Djida, on n’aurait rien fait. Il avait toute la stratégie, même si Sulee faisait le son et savait où il voulait aller, il fallait quelqu’un pour porter les projets. Sans Djida, cela n’aurait pas été aussi cool. Il était très bon. C’était un daron pour nous.

DWT : Tu intègres donc rapidement la Mafia Underground…
Sté Strausz : Quand j’y entre, je rejoins un collectif d’artistes assez emblématique composé de pas mal de monde : Rohff, Différent Teep, Idéal J., Da Lausz (ex-Little), Boo Treev, Gregory Site, les LR (Da Maad Fungust, Noxious, David Bordey)…

DWT : Comment se fait-il que tu y entres en dernier et que tu sois la première à sortir un disque ?
Sté Strausz : En tant qu’adolescente de quinze ans, je n’avais pas grand chose à faire : j’allais en cours et après, j’écrivais du rap. Je pense qu’il était plus facile de me driver. Alors que des mecs en groupe, c’était moins évident à gérer. D’ailleurs, si les LR se sépareront un peu plus tard, pour devenir Da Maad Fungust, Noxious et David Bordey en solo, c’est que ce n’était pas si simple d’avancer dans un même groupe. Mais il y avait un autre truc déterminant : Saliha et B Love ne rappaient plus… Sulee voulait donc être le premier à ressortir une meuf. Je ne pense pas que ça a été stratégique de sa part car ça s’est fait naturellement.

Quand j’entre dans la Mafia Underground, je rejoins un collectif d’artistes assez emblématique composé de pas mal de monde : Rohff, Différent Teep, Idéal J., Da Lausz (ex-Little), Boo Treev, Gregory Site, les LR (Da Maad Fungust, Noxious, David Bordey)…

DWT : Tu penses que le moment était bien choisi en 1994 pour sortir ton mini album « Sté Real » vu ton jeune âge à l’époque ?
Sté Strausz : Je n’étais pas mature mais j’étais assez entourée pour que ça sorte ! (rires) Et donc, j’ai accepté qu’on me donne des directives. Mais oui, j’étais archi pas mature. Tout sauf mature ! (rires)

DWT : Ta période P-Funk est assez charismatique… De qui partait cette idée de reprise quasi à l’identique d’un titre de Lady of Rage ?
Sté Strausz : C’était un délire de création. Sulee n’était pas derrière cette idée. Entre deux textes originaux, on écrivait sur les cainris, pour délirer. J’avais pas l’instru de ce morceau, donc j’écrivais par dessus cette meuf. J’étais déjà très west coast à l’époque. Ça a été Lady of Rage puisque c’était une meuf et qu’elle avait du bagout. Par la suite, Sulee avait fait une musique qui ne ressemblait même pas spécialement à l’original pour enregistrer ce morceau. C’était surtout mon flow qui était raccord. C’était un petit délire mais je me rappelle quand même avoir galéré pour l’écrire. Il y avait également ce challenge de faire un morceau qui pète autant en français que l’original. On avait réussi et j’aurai bien voulu voir ceux qui critiquaient à l’époque, s’ils auraient été capables d’en faire autant. J’avais fait également la même chose avec BOSS.

DWT : Il est vrai que l’égotrip était une des spécificités des artistes de la Mafia…
Sté Strausz : Quand je vois comment le rap a évolué, je me rends compte que l’égotrip était bien plus sain à l’époque. C’était des clashs sans violence.. Il y avait de grosses « punch line » mais c’était bon esprit. Maintenant, ça parle d’armes, de secteurs… Que de douleurs…

J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! », direct je monte sur scène et là je vois Sulee et Solo qui me font signe d’attendre…

DWT : Pourquoi la tension était monté entre toi et Bam’s au concert pour la première compilation « Hostile » en 1996 au Hot Brass (futur Trabendo) ?
Sté Strausz : Son équipe lui prenait la tête en coulisse pour qu’elle m’affronte. Donc, avant même de monter sur scène, elle prend le micro et elle commence à rapper : « yo Sté Strausz, je te rosse… » patati patata ! Moi, vieille caillera du 9-4, je fais de la musique mais on ne m’avait pas encore expliqué tous les codes : les clashs et tout (rires). J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! » et que je dois répondre. OK d’accord : direct je monte sur scène et là je vois Sulee et Solo qui me font signe d’attendre… Solo avait ensuite balancé une instru et c’était parti : gros clash ! (rires) C’est une bonne pote et on en rigole maintenant… En vérité, ce qu’il faut dire aujourd’hui, c’est que je n’ai pas gagné, personne n’a gagné, j’ai juste rappé plus fort qu’elle, c’est tout (rires).

DWT : On a des clashs aussi en 2012…
Sté Strausz : Rohff et Booba savent parfaitement que ça leur fait du buzz. C’est un hold up ! J’aimais Booba du temps de Lunatic, j’aime sa couleur de son. Rohff, il a des choses à dire et j’aime bien son rap. Il est temps d’avancer. C’est un gâchis de potentiel !

DWT : Les filles étant très rares dans le rap, est-ce que tu sentais que les maisons de disques s’intéressaient à toi ?
Sté Strausz : A partir de la compilation de « La Haine » qui sort en 1996 et l’exposition qu’elle provoque, les tournées qu’on avait fait avant, etc…, il commençait à y avoir des producteurs qui s’intéressaient à nous. Delabel notamment. Mais on a attendu pas mal de temps avant que soit signé mon album « Ma Génération ». Pourquoi, je ne sais pas. Quand ça s’est fait, en 1998,  Il fallait jouer un certain jeu pour avoir une place dans les magazines féminin… Il ne fallait pas que j’y aille avec toute mon équipe car ça leur faisait peur… etc… Ils travaillaient le produit mais malheureusement ils essayaient d’aller plus loin dans cette image de « femme » alors que je n’étais pas prête à l’accepter. J’ai  d’ailleurs récupéré mon contrat pour ces raisons.

Une image d’artiste ingérable m’a collé à la peau. Quand j’allais dans une autre maison de disques, ils se demandaient pourquoi mon contrat m’avait été rendu… Le business n’est pas simple pour des artistes comme nous.

DWT : On croit savoir que des gens de la maison de disques se sont déplacer également chez vous pour parler des stratégies à mener. Avec du recul, que penses-tu de cette proximité à venir chez des artistes sans appartenir à leur cercle d’amis ?
Sté Strausz : C’est des erreurs qu’il ne faut plus reproduire. Le business, c’est le business. Après avoir récupéré mon contrat de chez Delabel, ça m’a foutu dans la merde. Une image d’artiste ingérable m’a collé à la peau. Quand j’allais dans une autre maison de disques, ils se demandaient pourquoi mon contrat m’avait été rendu… Le business n’est pas simple pour des artistes comme nous. Avant que ça se passe mal avec Delabel, je m’étais opposé à leur volonté de faire de l’affichage dans le métro pour mon album. Ils l’ont quand même fait et résultat : tout mon budget communication avait été bouffé. Quand tu en es là et qu’en plus, Laurent Bouneau (directeur des programmes de Skyrock) décide de ne pas jouer ton disque, tu fais quoi derrière ?

DWT : C’est ce qui justifie ton absence à partir de 1998 ?
Sté Strausz : On a toujours bataillé pour le business et je ne voulais plus en arriver là. Pour moi, la musique, ça doit être simple. J’avais eu un enfant, donc moins de temps pour moi et la musique. Il y avait tous ces aspects que je devais gérer dorénavant seule car je ne bossais plus avec Sulee. En plus, j’en avais marre d’avoir toujours l’impression de forcer les gens à comprendre ma musique. Surtout quand tu vois que c’est seulement que trois ou quatre ans après que ça commence à marcher… J’ai laissé ma place mais il n’y a rien eu d’autre…

DWT : Il y a eu Diam’s quand même…
Sté Strausz :  Son premier album « Premier mandat » était mon disque de chevet, comme l’a été « Opéra Puccino » d’Oxmo. Sa musique n’était pas la mienne mais oui bien sûr, il y a eu Diam’s, dans son style. Mais moi, c’est autre chose que j’attendais d’écouter. Après 2000, j’ai définitivement arrêté d’écouter du rap français.

DWT : Les conditions d’un retour de Sté Strausz ont finalement été favorables en 2002…
Sté Strausz : Je suis revenu avec le maxi « Renaissance » en 2002. C’est China qui était venu me chercher. On était tout le temps ensemble et elle me disait de reprendre le rap. On écrivait et trainait ensemble. A un moment, elle m’a dit d’arrêter de faire pour les autres et de faire pour moi. Alors j’ai repris et on a sorti un maxi vinyl en mode bootleg indépendant. On était content, il passait en radio, il avait bien pris. On a attendu un peu puis j’ai commencé l’enregistrement de l’album « Fidèle à moi-même » qui est sorti en 2005. Il m’a fallu attendre un an pour le signer et le voir sortir. J’avais livré les bandes pour rien. Je voulais juste qu’ils mettent de l’argent sur la communication mais ça n’a pas été fait. Quand j’ai vu ça, je me suis dit, là c’est bon j’arrête tout. J’avais donné tellement d’énergie que j’étais écoeuré du business.

En consultant les autres livres, je me suis rendu compte qu’on ne parlait jamais de tout le monde. Pourquoi on ne parlerait que des anciens gars et jamais des meufs ?

DWT : Comment en arrives-tu à travailler sur le livre « Fly girls, histoire du hip hop féminin en France » sorti en 2010 ?
Sté Strausz : J’aime bien les challenges. J’ai rencontré l’écrivain Antoine Dole qui avait envie de faire un livre sur les meufs. J’ai pourtant horreur de tout ce qui est « on regroupe les meufs et on fait un spécial fille ». Ça, il faut que je le dise : je suis une « chienne de garde » ! Pour moi une fille à autant de valeur qu’un gars. Mais j’ai dis OK pour une seule raison : en consultant les autres livres, je me suis rendu compte qu’on ne parlait jamais de tout le monde. Pourquoi on ne parlerait que des anciens gars et jamais des meufs ? Ça m’a pris un an. Le livre est bien même si j’aurai aimé qu’il soit un peu plus beau dans sa présentation. Dedans, on retrouve Queen Candy, Karima d’Aktuel Force, Ladies Night, Saliha, B Love, plein d’autres, ainsi que des nouvelles DJ’s, chanteuses, danseuses ou graffeuses. Certaines n’ont pas voulu jouer le jeu comme Casey qui avait répondu ne pas vouloir faire de « spécial filles ». C’était hyper important pour moi de le faire et de le faire bien. Il y a des photos inédites d’Emmanuelle Tricoire bien patate. Des archives bien lourdes aussi, que les filles ont bien voulu nous dénicher. On devait faire un gros show-case avec toutes les meufs du livre mais on ne s’est pas compris avec l’éditeur. Quand tous les textes étaient prêts, il a tout récupéré et nous a dit « ok, merci, j’ai tout, maintenant je m’occupe du reste ». Il n’a pas communiqué dessus. Il n’a rien fait. Je ne sais même pas comment les gens ont su que le livre était sorti. Un an après j’ai demandé des chiffres. On ne m’a pas répondu… Je continue de travailler avec Antoine Dole sur différents projets : une bande dessinée, un roman… Je pourrai faire un tome 2 sur les filles dans le hip hop mais il faudra changer d’éditeur ! (rires).

DWT : Quel regard portes-tu sur « l’évolution artistique » des artistes qui faisait partie de ton entourage direct dans les débuts de ta carrière ?
Sté Strausz : Ils ont perdu la flamme ! Je suis quelqu’un de très ouvert sur le plan artistique. Mais quand j’écoute la manière dont se sont transformé musicalement certains artistes comme Abd al Malik par exemple, je ne les reconnais plus. Il y a des changements dans leurs directions artistiques que j’ai du mal à comprendre. Si Keith Richards se serait mis aux platines et Mick Jagger au chant d’opéra, je ne suis pas convaincue que cela aurait été encore du Rolling Stones. Mais je pense que le business doit conditionner certains choix…

Je suis quelqu’un de très ouvert sur le plan artistique. Mais quand j’écoute la manière dont se sont transformé musicalement certains artistes comme Abd al Malik par exemple, je ne les reconnais plus.

DWT : Tu n’y vois pas chez eux une forme d’évolution dans leur vie d’artiste, une forme d’exploration de nouveaux horizons musicaux ?
Sté Strausz : Je suis ouverte d’esprit et n’ai aucun problème avec ça. Moi même je pars dans des expériences nouvelles mais il faut rester soi-même. Il ne faut pas que ces changements soient des voies de garage et que le public perde ces artistes et la force de leur musique.

DWT : Il y a un retour à ces valeurs du rap lourd, bien gras, de la part du public. On peut prendre comme exemple le concert Time Bomb de cette année qui avait suscité un bel engouement…
Sté Strausz : Le fait d’avoir DJ Nels de Time Bomb près de moi, j’y suis allé… mais je n’ai pas voulu faire partie de ce plateau. Quand tu reviens sur scène, tu dois faire vibrer le public. Les français ne s’amusent pas assez, c’est trop sérieux. Ce qui leur est proposé, ce qui leur est vendu, ne pèse pas lourd. C’est pourtant une musique qui a normalement la force d’être super riche. Je me suis fait une grosse update pour mon retour, en mode il faut écouter les rappeurs français et les nouveaux qu’il y a maintenant pour savoir où on en est. Mais je ne m’y reconnais pas, le rap d’aujourd’hui m’ennuie. Pourtant j’ai participé à sa construction… Ils n’ont rien à proposer tant musicalement que lyricalement… Rien de neuf, que du blabla sans style. Il n’y en a très peu qui bousille.

DWT : Que penses-tu de cette bêtise idéologique du « c’était mieux avant » ?
Sté Strausz : Je ne calcule pas… Avant ? (très courte réflexion) Avant : on avait des lyrics mais ça n’empêchait pas des suckers de pouvoir signer !

Ca m’a braqué et je me suis demandé ce que je faisais là-bas ! Mais on a eu de bons retours, les gens étaient contents et se sont laissé dire que ça annonçait un retour…

DWT : Comment est apparu le projet de rétrospective « Memory Lane » par DJ Nels ? Il s’agit de ton impulsion ou d’un hommage à ta carrière ?
Sté Strausz : C’est un hommage à ma carrière de sa part. J’ai joué le jeu mais je ne n’y tenais pas. Il avait mis les titres qu’il voulait… mais quand j’ai écouté, je lui ai dit : « ah, mais il manque quand même ça, et ça… » (rires) Ca faisait longtemps que ce truc était dans les tuyaux. Je ne voulais tellement pas le faire que à un moment, il ne m’a pas consulté et il m’a dit : « je le fais ! » J’ai dit OK mais si tu le fais, il faut le faire bien. On a donc bosser sur une cover et tout. Je suis allé à Génération pour la première radio mais j’avais pas trop envie de parler. En gros, j’y étais allé pour défendre le disque de Nels car il m’avait demandé de venir. Mais quand j’arrive là-bas, la première question qu’on me pose, c’est « alors, c’est quoi le projet ? », j’avais envie de répondre : «mais le projet est là devant toi !». Donc direct, ça m’a braqué et je me suis demandé ce que je faisais là-bas ! Mais on a eu de bons retours, les gens étaient contents et se sont laissé dire que ça annonçait un retour…

DWT : S’agissait-il d’une stratégie pour justement annoncer ce retour ?
Sté Strausz : Aucune, il n’y a eu aucune stratégie. C’est cadeau, c’est gratuit. On a fait le clip de mon nouveau titre « Hymne à l’amour », pareil : c’est cadeau, c’est gratuit. Un autre arrive et ça sera encore cadeau, gratuit. Pas de stratégie, d’ailleurs tout le monde n’est pas tout à fait d’accord avec mes « cadeaux gratuits » ! (rires)

DWT : Tu ne rencontres pas trop de difficultés à reprendre la plume pour l’écriture de ce nouvel album solo ?
Sté Strausz : Pour écrire, je ne rencontre aucune difficulté. J’aime parler, communiquer. J’écris des choses très sérieuses pour cet album, comme un morceau sur l’inceste que j’essaye de réaliser sans cliché. Un enfant de douze ans ne pourra pas spécialement comprendre le texte mais le clip traduira son contenu. Par contre, quand je suis retourné en studio pour poser, et que j’ai écouté ma voix, qui a encore changé, je me suis demandé où étaient mes graves ! J’étais perdu. Pour le souffle, ça va car je fais encore du sport. J’avais également perdu quelques notions de travail vis à vis des méthodes d’enregistrement. Ils étaient morts de rire en studio car je faisais du one shot sur tout un morceau, avec les backs, les changements de tonalité, tout en même temps ! (rires)

DWT : Comment se fait-il que tu reviennes alors que tu semblais avoir mal vécu les conditions de la sortie de ton album « Fidèle à moi-même » en 2005 ?
Sté Strausz : C’est mon équipe qui m’a poussé. Nels m’avait harcelé pour sortir la rétrospective. J’avais du mal. C’est quand le truc est sorti début juin 2012 et qu’on a du des retours que je me suis retrouvé avec de nouvelles perspectives : un album solo et un autre en duo avec Mlle Ac. J’ai mon petit cercle et depuis que je fais de la musique pour eux, c’est beaucoup plus riche et enrichissant. Et si ça leur procure quelque chose, c’est super gratifiant. Je suis une femme qui aime et fait du hip hop. Le mien se veut nature et mature… J’ai pas à le penser, il fait partie de moi. La musique n’est pas un simple support pour moi, c’est ma meilleure pote. Quoiqu’il arrive, elle aura toujours l’air qu’il faut pour tous les moments de ma vie. Mais je n’attends plus rien du rap-biz. Je suis barrée. Sagittaire, j’aime la liberté… Et de plus, j’ai eu mon heure de gloire. Je suis animé par la volonté de donner envie aux autres d’aller jusqu’au bout de leurs ambitions, de ne jamais laisser tomber car rien n’est impossible. Je reviens avec la même équipe sur ce disque : DB pour les sons, Emmanuelle Tricoire pour les photos, je bosserais aussi avec Samouche Pix, avec également mon pote DJ Nels et DJ Mel-A. Je ne voulais pas changer d’équipe car la musique doit rester un plaisir. On est là pour partager. Et puis le fait que je revienne, tu vas voir combien de meufs vont revenir derrière ! (rires).

Interview Da Lausz, ex-Little Mc’s (1993)

Documents
Da Lausz, Little MC's, Mouvement Authentique, Sulee B

On ne fait pas du rap français, on fait du rap EN français. C’est à dire que moi, je ne cherche pas à inventer mon son ou à mettre des guitares ethniques.

Down With This : Pourquoi avez-vous changé votre nom de groupe ?
Sulee et Ronald : Déjà, tu grandis, tu changes. Le nom n’allait plus vraiment avec le style de musique qu’on faisait donc on a voulu changer. Little était un nom que l’on a pas vraiment choisi, c’est le Mouvement Authentique qui nous l’avait donné, comme on était les plus jeunes, ils nous appelaient toujours les petits. On a même pas eu le temps de se dire : il faut qu’on choisisse un nom si on veut monter un groupe alors nous nous sommes appelés Little. Après le Mouvement Authentique, tout a enchaîné et on n’avait pas pensé à changer de nom. Tout est arrivé lors du concert de Gangstarr à Ornano, il y a environ un an (ndlr : en 1992).

DWT : Da Lausz signifie « salaud » en langage du « veul » ? Pourquoi ce nom…
Sulee et Ronald : Non, c’est pas salaud, en vérité Lausz c’est un lascar, un pote.

DWT : Pourquoi avez-vous disparu du marché du disque après votre premier album « Les Vrais » ?
Sulee et Ronald : Déjà par rapport à Da Lausz, avec Phonogram, il était préférable de casser le contrat parce que ce qu’on faisait avait changé, c’était plus hard-core. A l’époque de cet album, les influences c’étaient toujours EPMD, Big Daddy Kane, mais on ne l’avait pas fait remarquer.

DWT : Pourquoi voulez-vous marquer vos influences ?
Sulee et Ronald : Parce que nous, on ne fait pas du rap français, on fait du rap EN français. C’est à dire que moi, je ne cherche pas à inventer mon son ou à mettre des guitares ethniques. Pour devancer les américains, il faut faire la même chose qu’eux, donc nous c’est ce qu’on fait, et on aura qu’un style : hard-core / p-funk.

DWT : Que pensez-vous du rap français à venir ?
Sulee et Ronald : Pour moi, le hip hop ne se trouve pas à Paris, il se trouve à Vitry et je ne parle pas que de la Mafia Underground. T’as des jeunes qui poussent, qui cartonnent, qui tuent sans être de la Mafia tu vois. Et je me dis que ces mecs-là ne verront jamais de contrat, parce qu’à Paris, c’est un boycott perpétuel et ça nous fout les boules. Là, on va créer notre monde, notre style et ceux qui seront down avec nous, ils viendront et ceux qui seront contre nous, ils iront se faire foutre. Moi, je dis que le hip hop français sera naze tant que les gens ne voudront pas tout écouter et avoir une plus grande oreille sur les groupes. J’ai envie que ça fasse comme aux states, qu’il y ait une production par ci, par là. Mais les mecs qui ont le pouvoir ne font rien.

Le hip hop français sera naze tant que les gens ne voudront pas tout écouter et avoir une plus grande oreille sur les groupes.

DWT : Et les Cool Sessions ?
Sulee et Ronald : (rires) Je vais te dire franchement, sans toucher les groupes qui sont à l’intérieur, c’est du temps perdu et ça n’a pas profité au rap.

DWT : Mais les maxis vont suivre…
Sulee et Ronald : Il n’y en a aucun chez moi. Pourquoi ils n’ont pas sorti Lucien en maxi ? Je pense que les Cool Sessions ne sont pas fait pour monter le hip hop, je ne dis pas de nom, mais ça monte toujours les mêmes personnes. S’ils avaient voulu faire quelque chose pour le hip hop, ils auraient sorti en premier Sages Poètes de la Rue, Lucien, Démocrates D. Pourquoi ils sortent que les gentils ? …palapalapapala… (en chantant)

DWT : Ménélik ?
Sulee et Ronald : Ouais. (éclatement de rires) Tu vois, nous, on nous a dit « vous ne gagnerez aucunes cacahuètes avec ce que vous faîtes », mais moi j’en ai rien à foutre. Ménélik, je ne le connais pas, j’ai rien contre lui, mais j’en ai marre de cette mode jazz. Il y a jazz et jazz.

Mot de la fin ?
Sulee et Ronald : Longue vie à Da Lausz, à la Mafia Underground et ceux qui suivent la même direction que nous. On encourage les groupes à travailler comme le fait Assassin, « l’autodémerdance » comme on dit à Vitry. Il faut que les groupes arrêtent de rêver avec les majors, les maisons de disques, il faut apprendre à se débrouiller seul.

Propos recueillis en 1993 par Nobel et Lavokato

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