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Sté Strausz, hymne à l’honneur

J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! »…

Elle fait partie des tout premiers artistes que nous avons rencontré et suivi. L’idée d’un nouvel entretien, 19 ans après notre première rencontre, était donc apparue tout naturellement pour exposer en détail le parcours atypique dans le rap depuis 1992 de Sté Strausz. Confronté aux chachas et aux rouages mal graissés de l’industrie du disque, exister en tant que femme dans ce milieu était déjà une performance. Malgré des absences répétées, Sté reste une artiste productive et travaille actuellement sur son nouvel album.

Down With This : A quand remonte ton immersion dans le rap et comment se fait ta rencontre avec le hip hop ?
Sté Strausz : J’ai grandi entouré de musique. Mon père était DJ pour des événements familiaux (mariage, baptême…), il  passait de la musique antillaise, haïtienne, cubaine et africaine.  Je faisais du Gwo Ka à l’époque. Voyant que je m’intéressait à la musique, il m’avait offert mes deux premiers albums en vinyls : « True Blue » de Madonna et « Bad » de Michael Jackson. Son geste était très inattendu et ce fut le seul dans ce sens (rires). C’est mon grand frère qui m’a fait découvrir le rap. Nous partagions la même chambre : comme il en écoutait, j’en écoutais aussi. J’ai accroché dessus en 1987-88. J’avais 10 ans. Quand nos parents n’étaient pas là, il mettait les enceintes sur le rebord de notre fenêtre du rez-de-chaussée dans notre cité, Gabriel Péri à Vitry-sur-Seine, et il passait du son toute la journée. Tout le monde en profitait ! (rires). J’écoutais avec beaucoup de réserve, sans analyser,  J’aimais beaucoup la manière dont ça cognait. J’ai découvert les Little, Assassin, tous les groupes de l’époque en écoutant Nova. J’écoutais et je me prenais des calottes. Lionel D était pour moi une révélation. Quand il prenait le micro en impro, c’était mortel. Je pense d’ailleurs que c’est lui qui m’a amené vers ce truc de parole fédératrice, du « on communie ensemble ».

J’ai commencé à écrire des textes en 1990, à l’âge de 13 ans. Mon cousin, DB (David Bordey) et John Gali l’ont su et ont décidé de me présenter à Sulee B des Little. Et là, avec à peine un bonjour, ni quoique se soit, Sulee me dit : « vas-y, rappe » (rires). Je ne savais même pas que c’était Les Little en face de moi !

DWT : Ta rencontre avec Les Little était écrite…
Sté Strausz : J’ai commencé à écrire des textes en 1990, à l’âge de 13 ans. Mon cousin, DB (David Bordey) et John Gali l’ont su et ont décidé de me présenter à Sulee. Il m’ont ramené chez RL des Little, pas loin de chez nous, où se trouvait également Sulee. Et là, avec à peine un bonjour, ni quoique se soit, Sulee me dit : « vas-y, rappe » (rires). Je ne savais même pas que c’était Les Little en face de moi ! Je leur avais balancé un a capella et Sulee avait kiffé. On s’est revu dans la foulée et j’ai eu des prods très rapidement. Les premiers enregistrements ont eu lieu dans un studio vers La Fourche à Paris. J’étais super impressionné par la taille du lieu. J’étais jeune, j’avais quinze ans…

DWT : Comment ta mère percevait le fait que tu te retrouves à fréquenter ce milieu ?
Sté Strausz : En 1992, Djida (figure historique et ex-manager de la Mafia Underground) s’était déplacé chez ma mère pour discuter avec elle et lui expliquer certaines choses, qu’ils allaient m’emmener en tournée pendant un mois, en Italie et tout. Je me rappellerai toujours de la tête de ma mère quand elle avait regardé Djida, bonhomme hyper impressionnant, pour lui demander : « vous ferez attention à ma fille ? » (rires).

DWT : Avec Djida, tu étais entre de bonnes mains…
Sté Strausz : C’est exactement ce qu’il lui a répondu ! (rires). Ma mère a dit OK c’est bon, tu peux y aller. Elle avait signé tous les contrats et hop me voilà dans cette aventure… Sans Djida, on n’aurait rien fait. Il avait toute la stratégie, même si Sulee faisait le son et savait où il voulait aller, il fallait quelqu’un pour porter les projets. Sans Djida, cela n’aurait pas été aussi cool. Il était très bon. C’était un daron pour nous.

DWT : Tu intègres donc rapidement la Mafia Underground…
Sté Strausz : Quand j’y entre, je rejoins un collectif d’artistes assez emblématique composé de pas mal de monde : Rohff, Différent Teep, Idéal J., Da Lausz (ex-Little), Boo Treev, Gregory Site, les LR (Da Maad Fungust, Noxious, David Bordey)…

DWT : Comment se fait-il que tu y entres en dernier et que tu sois la première à sortir un disque ?
Sté Strausz : En tant qu’adolescente de quinze ans, je n’avais pas grand chose à faire : j’allais en cours et après, j’écrivais du rap. Je pense qu’il était plus facile de me driver. Alors que des mecs en groupe, c’était moins évident à gérer. D’ailleurs, si les LR se sépareront un peu plus tard, pour devenir Da Maad Fungust, Noxious et David Bordey en solo, c’est que ce n’était pas si simple d’avancer dans un même groupe. Mais il y avait un autre truc déterminant : Saliha et B Love ne rappaient plus… Sulee voulait donc être le premier à ressortir une meuf. Je ne pense pas que ça a été stratégique de sa part car ça s’est fait naturellement.

Quand j’entre dans la Mafia Underground, je rejoins un collectif d’artistes assez emblématique composé de pas mal de monde : Rohff, Différent Teep, Idéal J., Da Lausz (ex-Little), Boo Treev, Gregory Site, les LR (Da Maad Fungust, Noxious, David Bordey)…

DWT : Tu penses que le moment était bien choisi en 1994 pour sortir ton mini album « Sté Real » vu ton jeune âge à l’époque ?
Sté Strausz : Je n’étais pas mature mais j’étais assez entourée pour que ça sorte ! (rires) Et donc, j’ai accepté qu’on me donne des directives. Mais oui, j’étais archi pas mature. Tout sauf mature ! (rires)

DWT : Ta période P-Funk est assez charismatique… De qui partait cette idée de reprise quasi à l’identique d’un titre de Lady of Rage ?
Sté Strausz : C’était un délire de création. Sulee n’était pas derrière cette idée. Entre deux textes originaux, on écrivait sur les cainris, pour délirer. J’avais pas l’instru de ce morceau, donc j’écrivais par dessus cette meuf. J’étais déjà très west coast à l’époque. Ça a été Lady of Rage puisque c’était une meuf et qu’elle avait du bagout. Par la suite, Sulee avait fait une musique qui ne ressemblait même pas spécialement à l’original pour enregistrer ce morceau. C’était surtout mon flow qui était raccord. C’était un petit délire mais je me rappelle quand même avoir galéré pour l’écrire. Il y avait également ce challenge de faire un morceau qui pète autant en français que l’original. On avait réussi et j’aurai bien voulu voir ceux qui critiquaient à l’époque, s’ils auraient été capables d’en faire autant. J’avais fait également la même chose avec BOSS.

DWT : Il est vrai que l’égotrip était une des spécificités des artistes de la Mafia…
Sté Strausz : Quand je vois comment le rap a évolué, je me rends compte que l’égotrip était bien plus sain à l’époque. C’était des clashs sans violence.. Il y avait de grosses « punch line » mais c’était bon esprit. Maintenant, ça parle d’armes, de secteurs… Que de douleurs…

J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! », direct je monte sur scène et là je vois Sulee et Solo qui me font signe d’attendre…

DWT : Pourquoi la tension était monté entre toi et Bam’s au concert pour la première compilation « Hostile » en 1996 au Hot Brass (futur Trabendo) ?
Sté Strausz : Son équipe lui prenait la tête en coulisse pour qu’elle m’affronte. Donc, avant même de monter sur scène, elle prend le micro et elle commence à rapper : « yo Sté Strausz, je te rosse… » patati patata ! Moi, vieille caillera du 9-4, je fais de la musique mais on ne m’avait pas encore expliqué tous les codes : les clashs et tout (rires). J’entends « je te rosse » machin truc, j’enlève ma doudoune et tout, et je me dis « attends c’est quoi son truc ?? ». Mon équipe me dit « y a clash ! » et que je dois répondre. OK d’accord : direct je monte sur scène et là je vois Sulee et Solo qui me font signe d’attendre… Solo avait ensuite balancé une instru et c’était parti : gros clash ! (rires) C’est une bonne pote et on en rigole maintenant… En vérité, ce qu’il faut dire aujourd’hui, c’est que je n’ai pas gagné, personne n’a gagné, j’ai juste rappé plus fort qu’elle, c’est tout (rires).

DWT : On a des clashs aussi en 2012…
Sté Strausz : Rohff et Booba savent parfaitement que ça leur fait du buzz. C’est un hold up ! J’aimais Booba du temps de Lunatic, j’aime sa couleur de son. Rohff, il a des choses à dire et j’aime bien son rap. Il est temps d’avancer. C’est un gâchis de potentiel !

DWT : Les filles étant très rares dans le rap, est-ce que tu sentais que les maisons de disques s’intéressaient à toi ?
Sté Strausz : A partir de la compilation de « La Haine » qui sort en 1996 et l’exposition qu’elle provoque, les tournées qu’on avait fait avant, etc…, il commençait à y avoir des producteurs qui s’intéressaient à nous. Delabel notamment. Mais on a attendu pas mal de temps avant que soit signé mon album « Ma Génération ». Pourquoi, je ne sais pas. Quand ça s’est fait, en 1998,  Il fallait jouer un certain jeu pour avoir une place dans les magazines féminin… Il ne fallait pas que j’y aille avec toute mon équipe car ça leur faisait peur… etc… Ils travaillaient le produit mais malheureusement ils essayaient d’aller plus loin dans cette image de « femme » alors que je n’étais pas prête à l’accepter. J’ai  d’ailleurs récupéré mon contrat pour ces raisons.

Une image d’artiste ingérable m’a collé à la peau. Quand j’allais dans une autre maison de disques, ils se demandaient pourquoi mon contrat m’avait été rendu… Le business n’est pas simple pour des artistes comme nous.

DWT : On croit savoir que des gens de la maison de disques se sont déplacer également chez vous pour parler des stratégies à mener. Avec du recul, que penses-tu de cette proximité à venir chez des artistes sans appartenir à leur cercle d’amis ?
Sté Strausz : C’est des erreurs qu’il ne faut plus reproduire. Le business, c’est le business. Après avoir récupéré mon contrat de chez Delabel, ça m’a foutu dans la merde. Une image d’artiste ingérable m’a collé à la peau. Quand j’allais dans une autre maison de disques, ils se demandaient pourquoi mon contrat m’avait été rendu… Le business n’est pas simple pour des artistes comme nous. Avant que ça se passe mal avec Delabel, je m’étais opposé à leur volonté de faire de l’affichage dans le métro pour mon album. Ils l’ont quand même fait et résultat : tout mon budget communication avait été bouffé. Quand tu en es là et qu’en plus, Laurent Bouneau (directeur des programmes de Skyrock) décide de ne pas jouer ton disque, tu fais quoi derrière ?

DWT : C’est ce qui justifie ton absence à partir de 1998 ?
Sté Strausz : On a toujours bataillé pour le business et je ne voulais plus en arriver là. Pour moi, la musique, ça doit être simple. J’avais eu un enfant, donc moins de temps pour moi et la musique. Il y avait tous ces aspects que je devais gérer dorénavant seule car je ne bossais plus avec Sulee. En plus, j’en avais marre d’avoir toujours l’impression de forcer les gens à comprendre ma musique. Surtout quand tu vois que c’est seulement que trois ou quatre ans après que ça commence à marcher… J’ai laissé ma place mais il n’y a rien eu d’autre…

DWT : Il y a eu Diam’s quand même…
Sté Strausz :  Son premier album « Premier mandat » était mon disque de chevet, comme l’a été « Opéra Puccino » d’Oxmo. Sa musique n’était pas la mienne mais oui bien sûr, il y a eu Diam’s, dans son style. Mais moi, c’est autre chose que j’attendais d’écouter. Après 2000, j’ai définitivement arrêté d’écouter du rap français.

DWT : Les conditions d’un retour de Sté Strausz ont finalement été favorables en 2002…
Sté Strausz : Je suis revenu avec le maxi « Renaissance » en 2002. C’est China qui était venu me chercher. On était tout le temps ensemble et elle me disait de reprendre le rap. On écrivait et trainait ensemble. A un moment, elle m’a dit d’arrêter de faire pour les autres et de faire pour moi. Alors j’ai repris et on a sorti un maxi vinyl en mode bootleg indépendant. On était content, il passait en radio, il avait bien pris. On a attendu un peu puis j’ai commencé l’enregistrement de l’album « Fidèle à moi-même » qui est sorti en 2005. Il m’a fallu attendre un an pour le signer et le voir sortir. J’avais livré les bandes pour rien. Je voulais juste qu’ils mettent de l’argent sur la communication mais ça n’a pas été fait. Quand j’ai vu ça, je me suis dit, là c’est bon j’arrête tout. J’avais donné tellement d’énergie que j’étais écoeuré du business.

En consultant les autres livres, je me suis rendu compte qu’on ne parlait jamais de tout le monde. Pourquoi on ne parlerait que des anciens gars et jamais des meufs ?

DWT : Comment en arrives-tu à travailler sur le livre « Fly girls, histoire du hip hop féminin en France » sorti en 2010 ?
Sté Strausz : J’aime bien les challenges. J’ai rencontré l’écrivain Antoine Dole qui avait envie de faire un livre sur les meufs. J’ai pourtant horreur de tout ce qui est « on regroupe les meufs et on fait un spécial fille ». Ça, il faut que je le dise : je suis une « chienne de garde » ! Pour moi une fille à autant de valeur qu’un gars. Mais j’ai dis OK pour une seule raison : en consultant les autres livres, je me suis rendu compte qu’on ne parlait jamais de tout le monde. Pourquoi on ne parlerait que des anciens gars et jamais des meufs ? Ça m’a pris un an. Le livre est bien même si j’aurai aimé qu’il soit un peu plus beau dans sa présentation. Dedans, on retrouve Queen Candy, Karima d’Aktuel Force, Ladies Night, Saliha, B Love, plein d’autres, ainsi que des nouvelles DJ’s, chanteuses, danseuses ou graffeuses. Certaines n’ont pas voulu jouer le jeu comme Casey qui avait répondu ne pas vouloir faire de « spécial filles ». C’était hyper important pour moi de le faire et de le faire bien. Il y a des photos inédites d’Emmanuelle Tricoire bien patate. Des archives bien lourdes aussi, que les filles ont bien voulu nous dénicher. On devait faire un gros show-case avec toutes les meufs du livre mais on ne s’est pas compris avec l’éditeur. Quand tous les textes étaient prêts, il a tout récupéré et nous a dit « ok, merci, j’ai tout, maintenant je m’occupe du reste ». Il n’a pas communiqué dessus. Il n’a rien fait. Je ne sais même pas comment les gens ont su que le livre était sorti. Un an après j’ai demandé des chiffres. On ne m’a pas répondu… Je continue de travailler avec Antoine Dole sur différents projets : une bande dessinée, un roman… Je pourrai faire un tome 2 sur les filles dans le hip hop mais il faudra changer d’éditeur ! (rires).

DWT : Quel regard portes-tu sur « l’évolution artistique » des artistes qui faisait partie de ton entourage direct dans les débuts de ta carrière ?
Sté Strausz : Ils ont perdu la flamme ! Je suis quelqu’un de très ouvert sur le plan artistique. Mais quand j’écoute la manière dont se sont transformé musicalement certains artistes comme Abd al Malik par exemple, je ne les reconnais plus. Il y a des changements dans leurs directions artistiques que j’ai du mal à comprendre. Si Keith Richards se serait mis aux platines et Mick Jagger au chant d’opéra, je ne suis pas convaincue que cela aurait été encore du Rolling Stones. Mais je pense que le business doit conditionner certains choix…

Je suis quelqu’un de très ouvert sur le plan artistique. Mais quand j’écoute la manière dont se sont transformé musicalement certains artistes comme Abd al Malik par exemple, je ne les reconnais plus.

DWT : Tu n’y vois pas chez eux une forme d’évolution dans leur vie d’artiste, une forme d’exploration de nouveaux horizons musicaux ?
Sté Strausz : Je suis ouverte d’esprit et n’ai aucun problème avec ça. Moi même je pars dans des expériences nouvelles mais il faut rester soi-même. Il ne faut pas que ces changements soient des voies de garage et que le public perde ces artistes et la force de leur musique.

DWT : Il y a un retour à ces valeurs du rap lourd, bien gras, de la part du public. On peut prendre comme exemple le concert Time Bomb de cette année qui avait suscité un bel engouement…
Sté Strausz : Le fait d’avoir DJ Nels de Time Bomb près de moi, j’y suis allé… mais je n’ai pas voulu faire partie de ce plateau. Quand tu reviens sur scène, tu dois faire vibrer le public. Les français ne s’amusent pas assez, c’est trop sérieux. Ce qui leur est proposé, ce qui leur est vendu, ne pèse pas lourd. C’est pourtant une musique qui a normalement la force d’être super riche. Je me suis fait une grosse update pour mon retour, en mode il faut écouter les rappeurs français et les nouveaux qu’il y a maintenant pour savoir où on en est. Mais je ne m’y reconnais pas, le rap d’aujourd’hui m’ennuie. Pourtant j’ai participé à sa construction… Ils n’ont rien à proposer tant musicalement que lyricalement… Rien de neuf, que du blabla sans style. Il n’y en a très peu qui bousille.

DWT : Que penses-tu de cette bêtise idéologique du « c’était mieux avant » ?
Sté Strausz : Je ne calcule pas… Avant ? (très courte réflexion) Avant : on avait des lyrics mais ça n’empêchait pas des suckers de pouvoir signer !

Ca m’a braqué et je me suis demandé ce que je faisais là-bas ! Mais on a eu de bons retours, les gens étaient contents et se sont laissé dire que ça annonçait un retour…

DWT : Comment est apparu le projet de rétrospective « Memory Lane » par DJ Nels ? Il s’agit de ton impulsion ou d’un hommage à ta carrière ?
Sté Strausz : C’est un hommage à ma carrière de sa part. J’ai joué le jeu mais je ne n’y tenais pas. Il avait mis les titres qu’il voulait… mais quand j’ai écouté, je lui ai dit : « ah, mais il manque quand même ça, et ça… » (rires) Ca faisait longtemps que ce truc était dans les tuyaux. Je ne voulais tellement pas le faire que à un moment, il ne m’a pas consulté et il m’a dit : « je le fais ! » J’ai dit OK mais si tu le fais, il faut le faire bien. On a donc bosser sur une cover et tout. Je suis allé à Génération pour la première radio mais j’avais pas trop envie de parler. En gros, j’y étais allé pour défendre le disque de Nels car il m’avait demandé de venir. Mais quand j’arrive là-bas, la première question qu’on me pose, c’est « alors, c’est quoi le projet ? », j’avais envie de répondre : «mais le projet est là devant toi !». Donc direct, ça m’a braqué et je me suis demandé ce que je faisais là-bas ! Mais on a eu de bons retours, les gens étaient contents et se sont laissé dire que ça annonçait un retour…

DWT : S’agissait-il d’une stratégie pour justement annoncer ce retour ?
Sté Strausz : Aucune, il n’y a eu aucune stratégie. C’est cadeau, c’est gratuit. On a fait le clip de mon nouveau titre « Hymne à l’amour », pareil : c’est cadeau, c’est gratuit. Un autre arrive et ça sera encore cadeau, gratuit. Pas de stratégie, d’ailleurs tout le monde n’est pas tout à fait d’accord avec mes « cadeaux gratuits » ! (rires)

DWT : Tu ne rencontres pas trop de difficultés à reprendre la plume pour l’écriture de ce nouvel album solo ?
Sté Strausz : Pour écrire, je ne rencontre aucune difficulté. J’aime parler, communiquer. J’écris des choses très sérieuses pour cet album, comme un morceau sur l’inceste que j’essaye de réaliser sans cliché. Un enfant de douze ans ne pourra pas spécialement comprendre le texte mais le clip traduira son contenu. Par contre, quand je suis retourné en studio pour poser, et que j’ai écouté ma voix, qui a encore changé, je me suis demandé où étaient mes graves ! J’étais perdu. Pour le souffle, ça va car je fais encore du sport. J’avais également perdu quelques notions de travail vis à vis des méthodes d’enregistrement. Ils étaient morts de rire en studio car je faisais du one shot sur tout un morceau, avec les backs, les changements de tonalité, tout en même temps ! (rires)

DWT : Comment se fait-il que tu reviennes alors que tu semblais avoir mal vécu les conditions de la sortie de ton album « Fidèle à moi-même » en 2005 ?
Sté Strausz : C’est mon équipe qui m’a poussé. Nels m’avait harcelé pour sortir la rétrospective. J’avais du mal. C’est quand le truc est sorti début juin 2012 et qu’on a du des retours que je me suis retrouvé avec de nouvelles perspectives : un album solo et un autre en duo avec Mlle Ac. J’ai mon petit cercle et depuis que je fais de la musique pour eux, c’est beaucoup plus riche et enrichissant. Et si ça leur procure quelque chose, c’est super gratifiant. Je suis une femme qui aime et fait du hip hop. Le mien se veut nature et mature… J’ai pas à le penser, il fait partie de moi. La musique n’est pas un simple support pour moi, c’est ma meilleure pote. Quoiqu’il arrive, elle aura toujours l’air qu’il faut pour tous les moments de ma vie. Mais je n’attends plus rien du rap-biz. Je suis barrée. Sagittaire, j’aime la liberté… Et de plus, j’ai eu mon heure de gloire. Je suis animé par la volonté de donner envie aux autres d’aller jusqu’au bout de leurs ambitions, de ne jamais laisser tomber car rien n’est impossible. Je reviens avec la même équipe sur ce disque : DB pour les sons, Emmanuelle Tricoire pour les photos, je bosserais aussi avec Samouche Pix, avec également mon pote DJ Nels et DJ Mel-A. Je ne voulais pas changer d’équipe car la musique doit rester un plaisir. On est là pour partager. Et puis le fait que je revienne, tu vas voir combien de meufs vont revenir derrière ! (rires).

LandersSarrazin

Salut à tous les fans de hip-hop ! Je suis Landers Sarazzin, votre référence pour tout ce qui concerne le hip-hop. En tant qu'auteur et passionné fervent de ce genre électrisant, j'ai consacré ma vie à démêler les complexités, explorer les profondeurs et vibrer au rythme des beats qui définissent la culture hip-hop. J'ai découvert que ma véritable passion ne réside pas dans le fait de rapper mais d'écrire sur la musique qui nous émeut. E-mail / Instagram
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