Au lieu d’une définition incohérente de « l’underground » dans leur morceau, nous nous attendions plutôt à une explication de leur attitude à la télé. (DWT n° 4, 1994)
En 1994, deux articles publiés dans nos colonnes (DWT n°4, édition papier) ont été l’objet d’une discorde entre Akhenaton et nous. Nous avions à l’époque pris position contre ce qui nous semblait être accablant : leur attitude sur certains plateaux de télé. Aujourd’hui, on a plutôt envie de saluer leur parcours. D’ailleurs, entre un ballon-sauteur et un kalach, on a une certaine nostalgie…
Introduction (extrait) de notre première interview d’Akhenaton (DWT édition papier, numéro 4, 1994)
« (…) Le retour d’IAM s’est fait discrètement pour le grand public mais attendu par les initiés. Après le maxi Donne-moi le micro et le double album Ombre est lumière, qui contenait une large étendue des morceaux de leur palette, les 6 membres du groupe se retrouvent dans le milieu de la variété un peu de temps après avoir remixé le morceau Je danse le mia. Un enchaînement de passage télé impressionnant et une programmation abusive du Mia les fait découvrir au grand public. Mais quand un groupe entre dans le show-biz, son attitude doit coller aux ventes. C’est pour cette raison que l’on pourra voir Chill (a.k.a. Akhenaton, a.k.a. Phil, a.k.a. Abdel Hakim) considérer cette grosse merde de Laurent Boyer comme son copain ou voir IAM entrer dans le jeu de l’émission de ce trou du cul de Dechavanne en faisant du ballon-sauteur sans contester et en se faisant peloter par Patrice Carmouze. Ce qui reste incontestable, c’est que malgré une attitude qui les classe dans les circuits de la variété, ce groupe est professionnel et très carré. Pour ce qui est de son succès, nous préférons tout de même allumer la télé et les voir faire de meilleures ventes que des bouffons comme Bruel ou East17″. Nobel
Chronique (extrait) du maxi d’IAM « Le feu » – Delabel, 1994 (DWT édition papier, numéro 4, 1994)
« (…) Si IAM croit vraiment que « l’underground » est comme ils le disent dans leur chanson (Reste Underground, 1994), ils nous prouvent qu’ils sont à l’ouest à propos de ce milieu. Exemple : IAM dit que les bboys prennent « l’underground » comme prétexte pour pouvoir critiquer. Mais critiquer quoi ? « Les ventes du Mia » disent-ils. Ils n’ont pas l’air d’avoir saisi le seul véritable reproche que « l’underground » leur fait : celui de rentrer dans le circuit de la variété en adoptant une attitude commerciale dans des émissions telles que Fréquence Star ou Coucou c’est Nous. « L’underground » ne critique pas les ventes du Mia car il y a enfin du rap à la place de la soupe habituelle (ce qui permet également à un groupe de vivre de sa musique). Mais attention aux contradictions trop nombreuses. On peut entendre dans le titre Contrat de conscience que le « le temps des marseillais rigolos est révolu ». Dans ce cas, pourquoi lorsque l’on prête attention aux réactions des gens après leur passage chez Dechavanne, la remarque principale est « qu’ils sont bien rigolos ces rappeurs ». « L’underground » est bénéfique pour la progression du hip hop en France. Il ne faut pas descendre un milieu qui est le point de départ d’une carrière musicale. « L’underground » ne touche pas que 2 ou 3 mecs d’un quartier, comme ils le disent. Eux-mêmes devraient savoir que c’est « l’underground » qui les a fait connaître, en faisant circuler leur cassette « Concept » en 1989. Au lieu d’une définition incohérente de « l’underground » dans leur morceau, nous nous attendions plutôt à une explication de leur attitude à la télé ». Nobel et Lavokato
Découvrez
notre
interview
d’Akhenaton
de
1994
et
celle
réalisée
en
2014
Photo © Aurore Vinot